[Colisée] Des négociations musclées...

[Abncien topic du Némésis IG-21]

Le colisée était en effervescence depuis quelques jours. Schrecki, le nouveau maître des makutas, avait organisé un rendez-vous dans la grande arène de Metru-nui afin d'inviter ceux qui souhaitaient discuter des clauses du "contrat" qu'il avait proposé aux autres Puissants. Un événement singulier... surtout après la mort de Phantrakk et les grands bouleversements qu'elle entraînait. Les rênes de la Confrérie avaient changé de propriétaire, et les règles du jeu allaient elles aussi changer désormais. Certains parlaient d'une nouvelle guerre, d'autres d'un rapprochement des factions, tandis que les derniers propageaient toutes sortes de rumeurs en permanence. Les bruits courraient dans les couloirs du colisée, aussi rapidement que le pouvaient les matorans qui le traversaient en long, en large et en travers. Même le soir venu, alors que le jour était sur le point de se coucher, l'activité frénétique ne ralentissait pas dans la grande arène de protodermis. Au contraire, certains profitaient des ombres pour pouvoir rejoindre amis et collèges, chuchotant sans arrêt doucement les dernières nouvelles qui parvenaient aux oreilles des habitants de la cité des légendes.

Mais ce vacarme silencieux fut bientôt remplacé par un autre, bien plus bruyant. Dans le ciel, au-dessus du colisée, une immense sphère blanche était apparue; cette dernière éclairait tout Metru-Nui de son intense lueur aux reflets dorés, tandis que de multiples mais légères ondes de chocs causaient de régulières rafales de vent qui venaient soulever poussière et objets légers. L'objet sphérique, ressemblant à une étoile miniature, ne tarda cependant pas s'effondrer sur lui-même avant de disparaître. La blanche lumière disparut aussitôt, remplacée par de très nombreuses lucioles qui semblaient bouger de concert dans le ciel de Metru-Nui. Les habitants eurent besoin de temps pour que leurs yeux s’accommodent; mais lorsque ce fut fait, ils purent tous contempler une immense masse de métal nimbée de lumière. Une véritable forteresse volante, un Destroyer presque entièrement blanc et brillant dans le ciel. De multiples points lumineux permettaient à quiconque de le voir, même dans l'obscurité. Cette véritable machine de destruction sophistiquée n'était cependant pas là pour faire une démonstration de force et de violence. Au contraire, des flancs du monstre d'acier étaient projetées de nombreuses particules lumineuses, qui se transformèrent une magnifique neige dorée qui tomba sur Metru-Nui. Les flocons, lorsqu'ils touchaient n'importe quel objet, disparaissaient dans une superbe gerbe argentée. En fait, de simples artifices destinés uniquement à subjuguer le peuple de la cité des légendes.

Le Destroyer commença bientôt à se déplacer, alors que d'immenses étendards commençaient à apparaître en se dépliant depuis la "gorge" de la forteresse volante. Au sommet de la tête de l'appareil, un petit bras mécanisé se déploya après qu'une étroite plaque de blindage se soit divisée en deux avant de s'écarter. A son extrémité, une petite plateforme ovale dotée de gardes-fous était fermement tenue par une pince métallique. Se tenaient droits, debout sur ce balcon miniature, trois guerriers. L'un d'eux était un Spectre doté d'une armure de type Sentinel, dont le casque à large visière analysait à toute vitesse l'immense flux de données qui lui parvenait. Son corps était protégé par un blindage rouge-ocre très léger, mais de puissants réacteurs lui auraient permis de se déplacer à une vitesse impressionnante en cas d'embuscade, lui permettant même de voler ou planer sur de courtes distances. Le deuxième guerrier présent était un Steltian en armure lourde, qui scrutait de ses simples yeux l'immense ville qui s'étendait à ses pieds; les pièces métalliques qui recouvraient presque entièrement son corps oscillaient elles aussi entre le rouge et l'ocre, avec cependant des rainures dorées sur son casque qui indiquaient son grade - celui de chef des tribus steltianes Fantômes.

Enfin, du dernier guerrier on ne pouvait apercevoir que la tête, qui n'était apparemment nullement protégée. Les yeux du combattant, bruns, étaient constellés de formes qui brillaient d'un bleu électrique et qui illuminaient l'atmosphère juste devant son visage. Le reste de son corps était entièrement recouvert d'une armure bleue dorée, qui renvoyait la lumière à la façon des perles, développant de nombreuses irisations. D'immenses ailes brillantes, totalement blanches, se déployèrent de part et d'autre de ses épaules. Puis le guerrier posa la main sur le garde-fou devant lui, et posa son regard sur le Colisée en contre-bas. Sa voix retentit alors dans toute la grande arène, intensifiée et répétée par les puissants haut-parleurs du Destroyer brillant.

- Bonsoir à tous, habitants de Metru-Nui !

Je suis le Seigneur Fantôme, chef incontesté des rebelles, organisateur associé de la paix qui s'étend désormais sur votre univers, avec la grâce de l'Impératrice Tanika et du Seigneur Colbalt. Je suis ici présent pour parlementer avec Schrecki, nouveau chef de la Confrérie - et par conséquent votre protecteur, vous qui vous trouvez dans le Colisée - afin de trouver un compromis entre les différentes factions présentes dans l'univers matoran.

Les Fantômes et moi-même sommes donc ici en paix, et le resterons tant que nul ne nous provoquera en nous agressant. En espérant, bien entendu, que cela n'arrive jamais. Désormais, mon objectif principal - le but visé par tous les rebelles - sera la renaissance de Bara-Magna, notre monde d'origine, afin de pouvoir offrir une vie décente à nos familles et à tous les peuples des sables. Tanika et Colbalt m'ont assuré de leur coopération - ou au moins de leur neutralité - dans la nouvelle ère qui s'annonce, afin que nous puissions, un jour, vivre tous ensemble sans risquer de conflit global et meurtrier.

Peuple de Metru-Nui, j'espère sincèrement que les enfants des sables et ceux des grands êtres pourront s'allier dans les épreuves qui nous attendent. Notre destin à tous va donc dépendre des décisions qui seront prises par les Puissants de ce monde - et notamment Schrecki... Je souhaite simplement qu'il suive la voie dessinée par Phantrakk, en maintenant la neutralité des makutas et en préservant l'équilibre du monumental organisme de Mata-Nui.

La voix de Gladius résonna de nombreuses secondes même après qu'il se soit tu, se propageant dans les innombrables ruelles et dédales de Metru-Nui. Cependant, après que les systèmes de hauts-parleurs se soient coupés, le Seigneur Fantôme parla de nouveau, s'adressant cette fois aux deux guerriers à ses côtés.

- Même si le fait que Schrecki suive les pas de Phantrakk, notamment juste après l'avoir tué de ses propres mains, me semble peu probable. Le destin de notre peuple se joue en partie aujourd'hui... nous devons être fermes, et alors peut-être trouverons-nous un compromis qui sera avantageux pour tous.

[HRP] Il semble y avoir un problème avec les codes du tableau-fiche du Némésis... je ne comprends pas vraiment ce qui s'est passé, mais il est survenu lorsque j'ai déplacé le topic de Voya-nui au Colisée pour la rencontre avec Schrecki... si quelqu'un a une solution merci de m'en faire profiter ^^" [/HRP]

En effervescence, en effet, tel était le mot. La nouvelle de la potentielle rencontre entre le fraîchement nommé meneur de la Confrérie, Shrecki, et Gladius, maître emblématique des Fantômes était sans doute l'un des grands tournants de la guerre. Le spectacle que livrait le vaisseau avait quelque chose de féerique, malgré la situation on ne peut plus tendue. Il était sans dire qu'une partie de tout le futur allait se jouer ici, au Colisée. C'était précisément car il n'était que ce lieu d'approprié à un tel événement que le Makuta l'avait choisi. Rien n'était fait de manière anodine dans son esprit.

Gladius était habile, cela il pouvait le lui accorder. Il avait réussi à mettre la majorité de l'opinion publique de son côté. Toutefois, une partie de l'Univers Matoran était révoltée, principalement par la propension envahissante des Fantômes ; ils s'étaient appropriés Voya Nui, y avaient dressé un bastion, et en plus d'y avoir mené un exode massif de population, tentaient de convaincre les autochtones du bien fondé de leurs intentions. À Metru Nui, ces événements n'avaient pas ravi la majorité, encore qu'à Voya Nui, ils n'aient pas eu lieu de se plaindre ; après avoir été sous le joug du Protectorat, et de l'Ombre jetée sur eux, ils ne pouvaient qu'être ravis, quitte à voir leurs ressources dispensées dans des convictions qu'ils ne défendaient pas nécessairement.

Le vacarme provoqué par le Némésis GS-1, croiseur amiral de la flotte fantôme, n'empêchait nullement le leader de réfléchir, tout au contraire, il focalisait plus encore ses pensées. Oui, Gladius n'était plus un Bara Magnien comme les autres. Selon les informations qu'il était parvenu à obtenir, il avait appartenu aux Skralls, espèce qu'il disait combattre à présent. Etait-il fiable, ou un simple agent infiltré ? Il était possible qu'il fut au service de Tuma, et que son seul but fut en réalité de former une armée dans l'Univers Matoran, se posant en allié pour mieux l'infiltrer, expliquant alors sa violente politique expansionniste ; car qui aurait voulu, pour son peuple, se loger sur des cailloux rocheux comme Voya Nui ou Karzahni, qui étaient parmi les pires lieux de tout Mata Nui ? Clairement, il y avait là une incohérence.
Autrefois une espèce organique, guerrière et vraisemblablement dépourvue de tout pouvoir, il était à présent devenu un hybride de technologie. Les rapports des agents de Shrecki étaient formels ; c'était Gladius qui était entré dans le système numérique de Metru Nui, et avait piraté des données probablement appartenant à l'Ordre de Mata Nui – les informations de la Confrérie n'étant pas stockées, à juste titre, sur des canaux si peu sécurisés. Si Tanika n'avait pas donné suite à cette attaque pirate, Shrecki, lui, ne comptait pas laisser ceci lui échapper.
Car un simple Glatorian, ignorant de toute cette technologie, ne pouvait l'avoir fait. Les principes technologiques auxquels il s'attaquait dépassaient de trop loin toute sa compréhension ; tout comme un Matoran longuement reclus en ermite ne connaît rien aux dernières innovations à Metru Nui, un peuple ayant longuement marché dans l'ignorance ne peut se gorger de connaissance et l'assimiler d'un même mouvement. Il y avait tout autre chose. Cela, le Makuta l'avait saisi grâce aux analyses qui lui étaient parvenues, des espions de la Confrérie disséminés dans l'Univers Matoran. C'était son univers, pas celui de Gladius. Et en cela, il serait toujours gagnant. La communication sur le canal général avait été à double sens ; et Shrecki avait pu accéder à Gladius un bref instant, vérifier d'où provenait ses communications, lancer des analyses ensuite des fréquences, des images renvoyées.
Tout d'abord, il avait écarté la première hypothèse. Gladius n'était pas entré en possession d'un pouvoir télépathique ou autre pouvoir élémentaire, c'était chose claire. Pour qu'une telle chose eut put se produire, il aurait fallu qu'il interagisse avec un membre de la Confrérie, seule organisation des deux mondes capable de modifications à une telle échelle.
Les analyses avaient dévoilé quelque chose de plus profond ; comme si tout l'être qu'était Gladius avait passé la communication, et non un simple dispositif. Alors Shrecki avait compris. Un virus. Les Matoran sont des êtres biomécaniques, à la fois technologiques et organiques. Les Skralls sont eux totalement organiques. L'interaction qu'avait eu Gladius avec les Matoran avait-elle pu provoquer une mutation ? Cela était tout à fait possible, et plausible même. S'il avait été soigné dans l'Univers Matoran, par exemple.

Le processus toutefois, aurait tué n'importe qui d'autre. Aucun doute n'était permis. Gladius n'était pas un Skrall comme les autres. Il avait peut être été choisi, béni par Mata Nui qui savait ? Ou bien par...Non, c'était impossible. Mata Nui aurait pu faire une telle chose, cela ne pouvait être que lui. Il avait formé un hybride, une nouvelle forme d'être biomécanique. Certes, pour l'heure il semblait qu'en terme de performance, il n'y eut aucune différence. Après tout, si Gladius avait été si performant, le Colisée aurait déjà la bannière des Fantômes. Or, c'était un Kraakhann qui était sur le bureau du maître de la Confrérie. Mais les modifications apportées...Réellement, Mata Nui s'était avéré joueur à ce moment présent. Il avait déjà entendu bien sûr des contes, des histoires et faits divers. Il avait même récolté une fois un spécimen, un Matoran qui, frappé mortellement par un rayon de dislocation atomique sur un chantier, s'était retrouvé non pas tué, mais séparé en nanites. Protodites était le terme exact. Chaque portion du Matoran était répartie équitablement entre ces protodites, et il pouvait penser par chacune d'elle. Un cas unique. Malheureusement, l'expérience avait tué l'esprit trop faible de l'être, qui avait sombré dans la folie, et avait été incarcéré dans l'un des laboratoires de Destral, pour différents tests complémentaires, notamment au niveau organique. Des hypothèses folles suggéraient que la lance de fusion aurait pu reconstituer pleinement le Matoran. Mais divisé en millions, qui aurait eu la patience de le soigner ? Par ailleurs, rien n'indiquait un possible succès.

Apparemment, Gladius souffrait de symptômes similaires...Mais pas identiques, non. Ces protodites étaient différentes...Emplies de technologie, de connaissance. Mata Nui n'avait pas séparé Gladius, il l'avait amené à un nouvel être, il l'avait fusionné à un autre, avait mélangé leurs deux esprits réunis. Pour une telle connaissance, une seule possibilité ; une machine. Mais laquelle, impossible à dire. Toutefois, il n'avait pas poussé l'expérience à son paroxysme, il n'avait pas doté le Skrall de pouvoirs élémentaires, ça non. Par crainte d'un trop grand pouvoir ? Ou peut être même le pouvoir inhibait-il cette forme désassemblée ? Impossible à dire.
À travers cette forme, Gladius avait donc approprié la technologie de l'Univers Matoran. L'énorme vaisseau dans lequel il se trouvait en était la preuve, même si la disposition des canons étonnait un tantinet Shrecki ; les vaisseaux qu'il avait vu pendant la guerre, le Silver Darkness, le Behemoth, le Brême, étaient des œuvres d'art. Le Poing de l'Ombre lui-même était un chef d’œuvre technologique. Ce Némésis était certes fonctionnel, mais c'était un tas de ferraille, une épave. Volé la technologie, mais pas pleinement assimilé.


Gladius était un grand orateur, qui savait s'attirer la sympathie. En parlant ainsi à toute l'opinion, il pensait pouvoir forcer Shrecki à prendre le mauvais rôle. En cas de combat, ce serait lui qui serait blâmé, c'était évident. Mais qu'est-ce qu'un mécontentement, face au destin d'un univers entier ? Si son nom devait être prononcé comme celui d'un criminel pendant les trois prochains siècles, mais qu'il en arrivait à ses objectifs, le Makuta n'hésiterait même pas. Dans le Némésis, l'air vibra, se courba, s'ouvrit, tandis qu'un grand personnage en jaillissait. Masqué, vêtu d'un ample manteau pourpre. Par opposition à Gladius, dont la tête maculée était totalement découverte, le nouvel arrivant était complètement dissimulé, sous armures et tissus. Dans son dos, on devinait la lame d'une arme. Dominant de près de deux têtes tous ceux du vaisseau – dont Gladius. La garde du seigneur se mit immédiatement en position défensive, prête à défendre son souverain. Mais l'Autre ne fit aucun geste agressif, d'un calme gelant. Il était sans doute confiant, mais impossible à dire, sans voir ses yeux. En position de force ? Difficile à dire également.


- Bonsoir, Seigneur Spectral, dit-il simplement d'une voix distante et posée. L'heure est venue de négocier. Descendrez vous avec moi dans le Colisée ? Le Destin nous attend ce soir...Le Destin de vous, de moi, et de nos mondes respectifs.

Gladius écarta les bras en signe de bienvenue à l'arrivée du nouveau maître des Ombres. Shrecki avait complètement changé lors des derniers mois; son apparence avait été modifiée - c'était la première fois que l'ancien skrall pouvait voir une telle armure - mais l'essence même du makuta semblait s'être dissociée de ce qu'il avait été auparavant. Son aura inspirait crainte et respect à ceux qui pouvaient le voir. Le leader Fantôme, quant à lui, était empli d'excitation. La moindre parcelle de son corps pulsait sous les puissantes énergies qui fluctuaient dans son corps à un rythme croissant. Le guerrier des sables avait en face de lui l'une des créatures les plus puissantes de cet univers, et son instinct de skrall lui intimait de se mesurer à lui dans une joute sanglante; cependant, l'esprit de Gladius savait pertinemment qu'un tel affrontement ne serait qu'un caprice de sa part. Un caprice qui pourrait coûter la vie à de très nombreuses personnes, et notamment les centaines de civils qui s'étaient attroupés autour du Némésis et du Colisée pour observer les événements qui auraient bientôt lieu - et qui décideraient de l'avenir des deux mondes.

Le Seigneur Fantôme observa attentivement son interlocuteur pendant plusieurs secondes, analysant brièvement les pièces de son armure et notamment cet étrange casque qui cachait entièrement le visage de Shrecki. Ce dernier semblait cultiver le mystère qu'inspirait sa personne, cachant la moindre partie de son corps. Cependant, le makuta parvenait à posséder une grande acuité de l'environnement qui l'entourait sans que ses yeux ne puissent voir à travers le métal; il lui était donc possible de voir à travers les plaques de son heaume. Peut-être utilisait-il un système de sonar, ou était-il sensible à des stimuli autre que la lumière visible. Dans tous les cas, cette capacité permettait sûrement au Créateur Noir de voir à travers les murs et de poursuivre ses proies à distance... Gladius se mit à sourire lorsqu'il se rendit compte que le nouveau chef des makutas avait en fait presque autant changé que lui-même. Shrecki avait eut raison sur un point: le guerrier à l'armure bleue et dorée qui se trouvait en face de lui n'était plus un habitant de Bara-Magna à proprement parler. Il était désormais un Hybride, un mélange total entre la technologie de l'univers matoran et l'esprit d'un skrall du Grand Désert. Cependant, il se trompait sur la nature même de ce qu'était désormais le chef des rebelles.

Gladius avait subi de multiples évolutions pour arriver à son stade ultime; ses cellules organiques avaient d'abord totalement été modifiées en de minuscules robots miniatures et indépendants; quel que soit le nom qu'on leur donnait - protodites, nanites, ou autre - ces drones microscopiques étaient des unités de réflexion et d'action à part entière, qui pouvaient effectuer de nombreuses opérations; lorsque ces appareils étaient connectés en réseau, leur intelligence et leur puissance s'additionnait, créant alors une entité unique capable d'utiliser chacune de ces cellules mécaniques, seules ou à l'unisson. Le guerrier des sables avait donc été - pendant un temps - une colonie vivante de millions d'unités cybernétiques. Mais cet état n'avait en fait été qu'une étape sur le chemin de l'évolution. Le Seigneur Fantôme avait de nouveau changé, améliorant encore son organisme et comblant au mieux les lacunes que possédaient son ancien corps. Il avait alors décidé de laisser derrière lui toute présence physique à part celle de son armure; sous le métal bleu ou doré de son blindage, sous son visage plein de confiance, Gladius était totalement creux, vide de toute matière solide. Son esprit était désormais relié à son armure, tandis qu'à l'intérieur de cette dernière vibraient de multiples micro-tempêtes d'énergie, qui brassaient en permanence une grande puissance. Lorsque le blindage du Seigneur Fantôme était lourdement endommagé, ses adversaires pouvaient ainsi voir une puissante lumière qui provenait des failles et des brèches créées dans son armure. La conscience du natif de Bara-Magna étant connectée à chacune des parties de son "corps", il pouvait donc aisément modifier son apparence et se disloquer en plusieurs parties sans toutefois perdre le contrôle de chacune de ces pièces; lors de son entraînement à Ko-voya, Gladius avait ainsi pu séparer ses bras de son corps, tout en continuant des la manipuler à distance pour qu'ils continuent de broyer les drones de combat, un par un. Le Seigneur Fantôme avait perdu ce qui faisait autrefois de lui un habitant de la planète des sables; tout ce qui le rattachait désormais aux autres habitants de Bara-Magna se composait de ses souvenirs et de son devoir. Le leader rebelle avait gardé en mémoire la plupart des événements importants des dernières dizaines de millénaires qu'il avait passés dans le Grand Désert - même s'il avait oublié la plupart des choses qui s'étaient déroulées avant ou peu après la Guerre du Cœur. Et enfin, Gladius se battrait jusqu'à la mort pour la sauvegarde et la protection des peuples de son monde d'origine; même si le trépas devait bientôt le rattraper, l'ancien skrall savait que chacune de ses propres actions n'était faite que pour aider les Fantômes et leurs familles. Jusque là, il avait avancé plutôt rapidement, remplissant objectif après objectif, connaissant plusieurs victoires et se relevant même après les plus dures défaites. Le guerrier savait qu'il était loin d'être le plus fort, le plus puissant, le plus rapide ou le plus intelligent. Mais il faisait juste en sorte que les siens survivent à la Guerre.

Sous le ciel de Metru-Nui, le Némésis brillait de plus en plus fort, alors que le soleil s'approchait désormais de son zénith. Gladius pouvait sentir sous ses pieds l'énergie vibrante que le vaisseau contenait en son sein, utilisant une partie de cette puissance pour se maintenir loin au-dessus du sol. Le Destroyer Fantôme lévitait cependant de manière silencieuse au-dessus du Colisée, alors que les nombreuses et immenses cuves de refroidissement finissaient d'évacuer la chaleur causée par la dernière téléportation de la forteresse volante. Son Seigneur était en permanence connecté aux différents systèmes du monstre de métal. Les canons étaient comme d'habitude prêts à faire feu - même si jamais Gladius ne prendrait le risque de tirer au-dessus d'une foule de civils, et ce même à blanc - tandis que les barrières cinétiques et magnétiques étaient pleinement opérationnelles. Le vaisseau amiral des rebelles pouvait réduire n'importe quel autre vaisseau à l'état de débris fumants en seulement quelques secondes. Ses milliers de canons et tourelles pouvaient déclencher une tempête de métal et de sang, tandis que ses lanceurs thermiques carboniseraient les êtres vivants, feraient fondre les bâtiments et vitrifieraient le reste, ne laissant derrière lui qu'une terre morte surplombée de ruines informes et de statues de cendres mortuaires. Et si la cible était trop bien protégée face aux assauts conventionnels, le Némésis pouvait tout simplement créer une Singularité qui détruirait l'ennemi depuis l'intérieur, là où aucune protection ne pouvait être pleinement efficace. De plus, si le Destroyer Fantôme était abordé, des dizaines de Spectres et des centaines de tourelles intérieures étaient prêtes à faire feu. Aucune armure ne pourrait résister plus de quelques secondes à un tel feu croisé, pas même celle de Miserix ou du grand Artakha lui-même. Le Némésis apparaissait donc peut-être comme un "tas de ferraille" aux yeux de certains... mais alors un tas de ferraille capable de détruire n'importe quel ennemi qui se présenterait à lui.

Gladius ferma les yeux pendant un instant, alors que Valae se faisait plus présente dans son esprit. Elle semblait préoccupée, mais néanmoins excitée à l'idée de pouvoir observer la rencontre entre le Seigneur Fantôme et le Maître des Ombres. Lorsque le leader des sables laissa de nouveau son regard se diriger en direction de la tête de Shrecki, il en profita également pour prendre la parole et répondre à son interlocuteur.

- Un jour, votre Grand Esprit et protecteur a fait confiance à un makuta du nom de Teridax. Ce dernier l'a alors trahi, et les années qui ont suivi ont été... plutôt sombres. La Guerre des Puissants, durant laquelle vous vous êtes entre-tués, puis la Guerre Noire, où le Maître a failli prendre le contrôle de votre univers. Je ne prétends pas être aussi sage, intelligent et bon que Mata-Nui; je ne suis qu'un guerrier. Mais je ne suis tout de même pas stupide au point de me retrouver seul face à vous, Créateur Noir. Les natifs de mon monde possèdent une chose dont nombre des vôtre sont totalement dénués. Mon code de l'Honneur me pousse à ne me battre et à ne tuer qu'en cas d'extrême nécessité; mais j'imagine qu'après avoir tué vous-même Phantrakk - votre chef, celui qui a su maintenir l'Empire makuta et rassembler la nouvelle Confrérie - l'honneur ne doit pas vraiment être l'une de vos préoccupations. Je ne prendrai donc pas le risque de me retrouver piégé sur votre propre terrain.

Nous sommes ici à la vue de tous, et vous savez parfaitement que même si vous pouvez vous permettre de m'attaquer par surprise, je n'en ai pour ma part pas la possibilité. Un invité qui en profite pour prendre en traître son hôte, serviteur de Mata-Nui... disons qu'il y a bien mieux pour se faire accepter dans de nouvelles contrées. La situation diplomatique des Fantômes est déjà bien assez tendue. Vous pouvez donc considérer cette plateforme comme terrain neutre - même si les multiples tourelles antipersonnelles et canons extérieurs du Némésis sont amplement capables de réduire votre armure en un tas de débris fumants à tout moment.
Mais comme vous l'avez si bien dit, l'heure est venue de négocier.

Je ne tournerai pas autour du pot; vous avez quelque chose qui m'intéresse, et réciproquement. Les Fantômes sont prêts à vous laisser construire un laboratoire sur l'un de nos territoires, mais nous garderons le contrôle dudit territoire. Nous ne vous gênerons pas dans vos recherches, et j'allouerai moi-même une unité d'élite pour protéger et appuyer vos spécialistes. Bien sûr, nous ne mettrons pas le nez dans vos éventuelles découvertes. Cependant, les rebelles seront le seul groupe armé autorisé à être présent autour du laboratoire. Nous défendrons vos hommes, les aiderons, et si jamais un conflit éclatait entre la Confrérie et les rebelles, nous nous engageons à vous restituer la totalité de vos recherches, matériels, équipements et chercheurs.

En échange, ma revendication est simple: nous voulons pouvoir récupérer l'île et l'arsenal de Nynrah, à moins que vous ne nous donniez le matériel nécessaire pour que les Fantômes ouvrent leur propre usine de fabrication d'armes lourdes sur Voya-Nui. C'est à vous de voir, Shrecki.

Shrecki était à présent d'une froideur mortelle, et l'on sentait que le calme qui l'habitait était tout aussi menaçant que sa pleine fureur. L'atmosphère se fit peut être plus pesante dans le vaisseau, tandis que la voix du Makuta s'élevait à nouveau, feutrée par le casque qu'il portait, mais néanmoins imposante. Gladius souhaitait jouer de manière détournée, et afficher un visage sympathique ? Alors lui jouerait le rôle inverse, direct et impitoyable, vrai dans ses dires comme ses actes. Il était leader de la Confrérie Makuta, l'ordre regroupant les guerriers les plus puissants de ce monde. Il n'avait pas de temps à perdre en tournures mondaines et pompeuses, et en propos dissimulés. S'il devait écraser entre ses mains la tête de tous les gardes de Gladius, puis les réunir en une même entité, il le ferait immédiatement.

- Ne soyez pas trop confiant en vos canons, Skrall. Vous ignorez encore tout de ce monde, et pourtant vous tendez la main pour le cueillir, tout en faisant croire que vous pourriez l'écraser si le désir vous en prenait. Vous connaissez, je vous l'accorde, un peu d'histoire. Mais pourtant vous ne savez rien. Trahison de Teridax ? Mais Teridax est mort, emporté par la folie du Maître, et je ne suis pas Teridax. Phantrakk est arrivé à la fin de son règne, ainsi s'achève les plus grands, de haut ils retombent dans les abysses. Mais vous Gladius, vous êtes bien vivant. Et je crois me rappeler que vous avez, en « terrain neutre » semblable à celui-ci, assailli un certain Colbalt, agressé ce dernier après lui avoir proposé un marché. Laissez moi vous le dire Gladius. Trahissez moi de quelque manière...Et tout ce qu'il vous restera sera des espoirs jamais atteints, des attentes que vous poursuivrez à jamais, et regarderez s'éloigner. Votre ordre tout entier sera brûlé jusqu'à ses racines les plus profondes, les survivants jetés aux requins Takea. Ce sera votre destin, si vous tentez de me trahir. La Confrérie ne supporte pas les traîtres. Vous pensez vous en sécurité dans vos blindages ? Pauvre fou. Vous n'avez qu'emprunté notre technologie, mais jamais égalée. Les modèles de tourelle anti personnel que vous utilisez sont parfaitement obsolètes. Les raccords et les transferts d'information archaïques. Tous les meilleurs ingénieurs ne sauraient mettre à jour cet amas de défaillances techniques que vous avez créé...Même s'il reste fonctionnel.

Honneur...Ne me faites pas rire, Bara Magnein. Ne faites pas comme si j'avais assassiné Phantrakk dans un hypothétique sommeil comme l'a fait Teridax à Mata Nui. C'est dans un combat, dans les règles, qu'il a été défait. Vous en revanche...Honneur dites-vous ? N'êtes vous pas pourtant un déserteur d'un empereur à qui vous aviez juré allégeance selon toutes les lois militaires ? Un traître à vos mots, et aux règles de courtoisie et de pourparlers les plus rudimentaires ? Ne tentez donc pas de vous qualifier de ce mot. Vous péririez aujourd'hui, que vous auriez plus de trahisons que de hauts faits à votre actif.
Si vous refusez de venir discuter dans l'arène du Colisée, devant tous nos peuples unis, et me proposez de rester à portée de vos canons, n'espérez pas que je ploie dès la première mésentente. Mais n'espérez pas non plus que je vous fasse confiance le moins du monde. Vous, de toutes les personnes dans ce vaisseau, êtes la moins fiable – et de nous deux la moins instruite.

Je peux vous accorder toutefois un certain sens humoristique. Vous êtes peut être habile pour manipuler les foules, peut être habile avec votre bouclier, mais votre négociation laisse grandement à désirer. Vous penseriez que je puisse accepter un marché où en échange d'un territoire et de l'une des plaques tournantes du commerce Matoran, je n'obtienne pas un territoire mais simplement le droit de construire un hypothétique laboratoire sur l'un des vôtres, à mes frais, et ensuite sous votre protection ô combien fiable il est vrai, sans avoir le droit de m'y rendre pour effectuer des contrôles ?
La puissance doit être synonyme d'aveuglement sur Bara Magna ; malheureusement, ce n'est pas le cas pour ceux de mon Univers. Connaissez votre place, être mortel ! Vous sous estimez une intelligence qui vous dépasse par cent fois. Les alliés d'aujourd'hui sont les ennemis de demain ; et quelle garantie réelle ai-je à ma disposition sur vous ? Aucune. Rien de tangible, de simples promesses qui sont comme la planète d'où vous provenez ; déserte de tout sens.


Le Makuta fit un pas vers l'une des baies du vaisseau, d'un verre qui lui semblait grossier tant il était peu ouvragé. Répugnant, songea-t-il, mais il n'en dit mot. À travers la barrière translucide, il montra amplement Metru Nui, lentement, observant sous le soleil à son zénith la beauté de la ville, chacun des Metru d'une couleur différente, les immeubles plongeant profondément dans les ténèbres, où l'on apercevait des véhicules volant, se mouvant ; marchandises, transports surtout. Mais c'était au Colisée que son doigt se figea, montrant les estrades emplies de Matorans, qui semblaient hurler tous différentes  instructions. En réalité, rien de tout cela n'était visible à Shrecki, il aurait vu un tout autre spectacle s'il avait ouvert son regard ; mais ses yeux demeuraient clos. Et seul un sens unique, une attirance pour l'énergie, le guidait.

- Savez vous seulement ce qu'est l'Univers Matoran ? Savez vous seulement ce qu'est un Matoran ?...Non, bien sûr. L'Univers Matoran est un gigantesque robot, vous l'avez vu. Et un Matoran est l'énergie qui l'anime, l'une des multiples cellules de son corps énorme, insignifiant seul, mais impératif à son bon fonctionnement.  Savez vous ce que sont les Toa ? Les gardiens de ces populations. Les défenses immunitaires les plus basiques si vous préférez. Et moi, que suis-je ? Qu'est-ce qu'un Makuta ?
Vous avez une appellation pour nous. Vous nous nommez...''Créateurs Noirs'', est-ce cela ?...Oui...(il semblait alors savourer le mot comme pour en peser tous les sens et les significations, dans un silence étourdissant)...Vous n'êtes peut être pas éloigné de cette vérité...Mais ce n'est guère qu'une facette j'en ai peur. Plus que tout Toa, nous sommes les garants de l'équilibre et la sécurité dans cet univers. Nous faisons naître la faune, la flore, la maladie avec la même aise. Nous contrôlons l'Essence qui coule dans ce monde, l'augmentons à notre gré. Ainsi nous a créé Mata Nui, bénis du don le plus puissant.
Cet univers n'est pas régi par vos lois de physique ; c'est ce qui rend nos technologies impalpables à vos esprits étriqués. C'est ce qui rend nos pouvoirs élémentaires étonnants à vos yeux. Trois grandes puissances régissent notre univers. Création, Vie, Temps. Trois concepts, dont l'un qui investit pleinement un Makuta, et les deux autres partiellement pour ma part, ajouta-t-il d'un air mystérieux. Nous sommes créateurs. Nous sommes ceux qui mutent l'Essence et la transforment. Nous sommes ceux qui créons un monde équilibré...

Et qu'est-ce qu'un Agori ? Qu'est-ce qu'un Glatorian ? Qu'est-ce qu'un Skrall ? Des espèces de votre monde, cela est vrai, sans aucun pouvoir...Mais surtout, dépourvus de tout concept ; vous n'êtes pas investi par la Création, la Vie ou le Temps. Vous ne possédez aucun pouvoir élémentaire. Gladius, je serai direct. Aucun de vous n'appartient à cet univers. (les gardes de Gladius pointèrent leurs armes vers Shrecki, mais ce dernier ne réagit pas, nullement inquiété) Vous êtes un élément étranger pénétré dans le corps de Mata Nui, un élément nouveau, un élément que le système élémentaire basique, l'Ordre de Mata Nui, a accepté. Hélas, nous sommes un système plus évolué qu'une seule défense. Bienvenu dans le second niveau Gladius. Mon instinct Makuta m'ordonne de vous attraper, et d'ouvrir à tous vos corps en tous sens, de voir à quelle vitesse s'écoule le liquide que vous nommez sang de vos membres mutilés, observer la vitesse à laquelle vos chairs pourraient disparaître si laissées au Soleil, quelle réaction votre organisme aurait mêlé à nos types de virus, et quelle couleur auraient vos os réduits en la poussière la plus fine. Pour capter votre Essence toute entière, la comprendre, l'assimiler, la faire mienne, la réutiliser.
Je vois à votre visage que l'idée vous déplaît, encore que vos subordonnés la supportent moins.

Vous n'appartenez pas à cet univers. Votre simple présence a déjà entraîné des bouleversements dans l'écosystème. Voya Nui...Savez vous seulement que l'île de la Damnation a appartenu autrefois à deux factions ? Tout d'abord l'Alliance Criminelle, ensuite le Protectorat de l'Ombre. Il faut croire que ce pauvre morceau de roche dépouillé attire les crapules. Prouvez moi que vous n'en êtes pas, Gladius.
J'ai réclamé un territoire sur Bara Magna. Si vous ne m'en donnez pas, j'irai le chercher moi même. N'oubliez pas qu'il y a une autre personne avec qui je puisse marchander ; Skrall, lui aussi. Reconsidérez votre offre, soyez raisonnable. Jusque là, vous n'avez fait que me faire perdre mon temps, temps que je pourrais employer dans des travaux plus...Constructifs, pour tenter de réparer provisoirement l'équilibre fragile sur lequel vous avez marché avec la même délicatesse que vos Skopios sur les corps des guerriers sur le chemin vers votre prétendue paix.


Le ton était donné. Sans concession, le Makuta avait clairement passé le message ; il marchanderait peut être, mais durement. Gladius risquait d'avoir la partie rude. Peut être serait-il déstabilisé par le ton froid qu'avait pris Shrecki, en continuité totale avec les éléments extrêmement acerbes et dépréciatifs qu'il avait formulé, mais apparemment opposés aux principes de la négociation. Les contacts dans l'Univers Matoran que le Skrall avaient eu s'étaient probablement limités, hors ses propres gens, à quelques androïdes, des Matorans niais, et des Toa soumis – ou sympathiques. Il était temps de lui faire comprendre que le monde était bien plus vaste que ce qu'il aurait voulu croire, et surtout impitoyable. Le sens commun avait été abandonné depuis longtemps par le leader de la Confrérie. C'était en partie pour cela qu'il était là, frappant dans la fourmilière et s'enfonçant jusqu'à la jambe.

Gladius leva une main, intimant aux deux rebelles qui l'accompagnaient de reculer doucement. Le Seigneur Fantôme reposa ensuite son regard sur le casque de Shrecki, alors que ses propres ailes brillaient tout à coup plus fort, pulsant littéralement sous l'afflux d'énergie qui les parcourait. L'ancien skrall se gratta le front un instant, puis croisa les bras avant de reprendre la parole tout en s'adossant à l'une des colonnes des gardes-fou qui séparaient les occupants de la plateforme et du vide. Le guerrier souriait, et prit un ton amusé plutôt que sérieux. Le nouveau chef de la confrérie n'avait pas usurpé sa réputation, et se montrait rude en négociations. De plus, la rencontre risquait grandement de tourner court si un compromis n'était pas vite trouvé...

- Je n'ai pas besoin d'être confiant en mes canons; je sais parfaitement quelles sont leur capacités et leurs limites. Je l'avoue, je suis encore très loin d'avoir assimilé tous les savoirs de votre monde. Les secrets de votre univers sont nombreux, semblent presque sans limite. Chaque jour qui passe, je fais de nouvelles découvertes dans tous les domaines. Biologie, médecine, communications, électronique, physique, philosophie, et j'en passe. Cependant, sachez que nous détenions autrefois des capacités techniques qui pourraient facilement rivaliser avec celles que je rencontre aujourd'hui. Nous avons, autrefois, été aussi puissants que vous aujourd'hui; jusqu'à ce que vos créateurs et la cupidité de nos chefs ne déclenchent l'apocalypse de la guerre du cœur. Depuis, 100 000 ans ont passé, ramenant notre civilisation à un age de pierre. Mais depuis que nous avons pénétré dans l'univers matoran, nous redécouvrons ce que nous avions depuis longtemps oublié. Nos souvenirs reviennent lentement à la surface, des images, des sensations, mais aussi des concepts, des savoirs que nous croyions perdus. Lorsque je regarde Metru-Nui et sa splendeur, je ne vois pas seulement une ville; je vois l'espoir. L'espoir de ce que nous pourrions reconquérir. L'espoir de ce que nous pourrions retrouver, même après cent milliers d'années d'horreur. Nous avons assez souffert pour nos erreurs passées, et sommes désormais prêts à reprendre le contrôle de notre monde; les peuples de Bara-Magna retrouveront leur gloire passée, sans répéter les mêmes erreurs. Pour cela, la voie à suivre semble être celle de la Renaissance de Spherus, mais je sais que d'autres chemins mènent à la sauvegarde des enfants du désert, ainsi qu'au retour de notre civilisation perdue. Mais pour cela, je ne peux pas me permettre de provoquer les autres puissances de ce monde et de déclencher une guerre sans pitié entre les forces des deux univers. Je ne prendrai donc pas le risque de vous attaquer ou de vous trahir, uniquement pour empêcher un conflit meurtrier que je ne souhaite absolument pas. Je ne fais pas pression sur vous, mais je vous préviens cependant qu'un coup bas de votre part serait malvenu en ces lieux.

Vous pensez être supérieur; l'orgueil a toujours fait partie intégrante de l'esprit des makutas. Vos fantastiques pouvoirs, votre force démesurée, votre intelligence supérieure... les Créateurs Noirs sont certes parés pour le combat et la création, mais ils ne sont pas invincibles. Vous-même êtes l'un des plus puissants membres de votre ordre, mais vous n'êtes pas un dieu. Vous pensez pouvoir jouer avec mon existence comme un marionnettiste décide des mouvements de son pantin. Mais la réalité est toute autre, Shrecki, et vous le savez, même si vous vous le cachez peut-être. Je suis bien plus vieux que vous, bien plus expérimenté. J'avais déjà vu plus de cent batailles alors que vos créateurs n'avaient même pas encore imaginé votre conception. J'ai combattu sur tous les front imaginables, affronté des adversaires bien plus forts que vous; et même si je ne m'en suis pas toujours sorti vainqueur, j'ai à chaque fois réussi à survivre, à me relever et à retourner au combat. Savoir que vous avez été créé dans un but précis vous réconforte peut-être dans votre idée de supériorité naturelle; cependant, le sens de votre existence n'est alors que de suivre les ordres que Mata-Nui vous donne. Vous n'êtes finalement qu'un esclave consentant de la plus grande invention des Grands Êtres. Que votre Esprit Divin vous ordonne de maintenir son organisme dans un état d'équilibre, alors vous pouvez agir dans le sens originel de votre existence. Que ce dernier décide de vous remplacer par un nouveau système, et s'il l'estime nécessaire il vous détruira pour laisser la place à vos successeurs. Je ne prétends pas que le sens de ma vie - ou de celle de tous mes frères - possède une nature supérieure à la votre; nous aussi sommes nos propres esclaves. Suite à une longue et lente évolution des êtres vivants, nous n'existons finalement que dans le but de survivre assez longtemps pour nous reproduire et perpétuer notre espèce, répondant à nos nombreux besoins naturels. Si nous avons pénétré dans cet univers qui n'est certes pas le notre, c'est pour obéir à notre instinct de conservation et de protection, de la même manière que vous obéissez aux ordres imprégnés dans votre esprit par Mata-Nui et les Grands Êtres.

Une seule question reste alors en suspend... celle de ma propre existence. Originaire de Bara-Magna, je suis venu sur Voya-Nui en quête d'une terre vierge ou les miens pourraient prospérer en attendant de trouver mieux. Les premiers mois ont été très difficiles, et je pleure les pertes qu'ont subies chacune des factions lors de ce Premier Contact entre nos deux mondes. Mais finalement, les peuples des sables se sont acclimatés à l'Île de la Damnation. Nous avons fait de ce caillou quais-stérile un havre de paix où nos familles peuvent vivre en sécurité et en paix, loin de toute souffrance et de danger mortel. Alors que nous avions autrefois peur de ne pas survivre à chacune des nuits que nous passions, le plus gros problème de notre colonie est aujourd'hui les difficultés que nous avons à étendre nos avant-postes dans les zones les moins accueillantes de Ko, Ta et Onu-Voya. Mais alors que avions parfaitement colonisé le reste du continent, et alors que j'étais toujours un skrall, la guerre est revenue, apportée cette fois par une sorcière originaire de mon propre monde. Je croyais avait été une victime de ce conflit, complètement dénaturé et changé. Je ne suis plus ce que j'ai autrefois été. Sang, organes, cellules ont disparu, laissant la place à une nouvelle entité qui m'est à moi-même encore parfois abstraite. Chaque jour qui passe, je prends un peu plus conscience de l'étendue des modifications qui ont été apportées à mon essence. Cela semblerait être le hasard le plus total qui m'ait fait de cette nouvelle existence dénuée d'appartenance physique à proprement parler. Je suis désormais plus un Esprit qu'autre chose, rattaché à cet univers par une armure qui constitue mon unique moyen d'agir auprès des miens et des vôtres. Cependant, j'ai l'intime conviction que ma transformation a été... guidée. Mon évolution n'a pas avancé d'elle-même, de cela j'en suis certain. Quelqu'un - ou quelque chose - a profité du fait que mon être changeait pour le modeler, lui donner la forme qu'il désirait. Un makuta, un Grand Être, Mata-Nui lui-même ? Ou simplement un virus, voire un autre être inconnu et assez puissant pour agir ainsi sans être vu ? Je n'aurai peut-être jamais la réponse à cette question, mais je suis cependant sûr d'une chose: j'appartiens aujourd'hui autant à votre univers qu'à mon monde d'origine. Je serai celui qui mènera mon peuple à la gloire - ou celui qui mourra en protégeant ses frères de l'anéantissement.

Vous savez désormais quelles sont mes convictions et pourquoi je suis là. Faites-moi une offre qui pourrait m'intéresser, et alors je vous céderai un territoire de mon monde si votre proposition est honnête. L'échange devra être équitable - ne croyez pas pouvoir exiger de ma part que je vous cède une partie entière de notre monde uniquement parce que j'aurais hypothétiquement peur de vous. Chaque minute qui passe, je pourrais la consacrer à aider mes frères sur Voya-Nui, tout comme vous pourriez en profiter pour agir de votre côté. Ne gaspillons pas notre temps, qui nous est ô combien précieux... je vous laisse l'initiative, Shrecki.

Gladius se redressa de toute sa hauteur, s'éloignant des gardes-fou et du vide juste derrière; ses ailes étaient désormais totalement étendues, blanches et brillantes sous le soleil de Metru-Nui. Chacune de leurs plumes était semblable à un cristal de quartz blanc taillé ou à un diamant opaque. Le Seigneur Fantôme posa la main gauche sur sa hanche et continua de fixer son interlocuteur au niveau des yeux - ou du moins là où il pensait que les yeux de ce dernier se trouvaient. Le leader rebelle dirigea une partie de ses propres flux d'énergie pour modifier la structure même de son armure et la faire grandir, s'élancer. Désormais, le natif de Bara-Magna faisait exactement la même taille que le Créateur Noir. Son sourire s'étirait toujours sur son visage; et si Shrecki parvenait à percevoir les sentiments qui emplissaient l'esprit de Gladius, il n'aurait perçu que l'amusement et l'excitation que ressentait l'ancien skrall à l'idée des changements qui auraient bientôt lieu dans l'univers matoran...

[ Concernant le changement de forme, il s'agit d'un pouvoir Makuta, donc que tu ne peux maîtriser. Donc je vais faire comme si tu n'avais pas écris ce passage, pour des questions de cohérence avec ton espèce et tes particularités ]

- Ne soyez pas si présomptueux, Gladius, dit Shrecki. Une aura meurtrière semblait s'être élevée autour de lui, balayant la poussière qui passait par les grandes baies vitrées, semblant même troubler jusqu'à l'espace tout autour de lui. Les gardes tremblaient de terreur, pure, face au pouvoir de l'Ombre qui rampait à présent tout autour du Makuta, invisible, une peur sourde et surtout irrationnelle ; l'expérience guerrière permettait de contrer la peur simple, mais le malaise véritable naissait sans raison, éveillait les traumatismes, sans explication ni parade. Le souffle s'estompa.
- Vous semez le chaos dans tout le système où vous vous introduisez, puis affirmez être proche de nous. Vous êtes un charlatan, Skrall, vous autant que vos idéaux toxiques. Contez donc vos balivernes à vos Agoris, et aux Matorans assez ébloui par votre sourire pour vous prendre au mot. Que votre structure ait changée, vous restez un Skrall. L'eau, parce que son organisation change, devient-elle une autre matière ? Non, de glace, elle passe liquide, et liquide elle devient gaz, mais elle reste eau. Il en va de même pour vous ; vous avez à peine achevé votre transformation, vous voici sorti de votre chrysalide que vous revendiquez déjà être un être neuf, et étranger à tout ce que vous étiez. Apprenez donc à voir la forêt, non l'arbre. Mais je ne vous donnerai pas ici de cours biologique sur l'évolution des organismes dans notre univers, et des changements qui s'imposent à tous ceux qui connaissent mal nos contrées ; cela serait trop long pour vous – je doute que vos guerriers disposent d'une éternité – et vous n'y saisiriez rien, pas même si je m'exprimais au plus simplement.

Vous qui n'êtes pas au fait des méthodes de négociation de cet univers, vous qui ne connaissez rien à cette technologie, ce monde, vous espérez me donner des leçons ? Fatale arrogance, futile entêtement ! Vous êtes pire encore que Teridax, pire dans votre acharnement, moindre par votre astuce et votre habileté martiale.

Rien. Vous ne connaissez absolument rien de la véritable terreur, ni de la folie, ni des univers qui convergent, et des projections cosmiques de volontés supérieures. Parlez des Grands Êtres, parlez de la manière dont ils ont déclenché une guerre dans votre monde, allez donc, parlez. Mais ne venez pas me dire que vous les avez combattu, non, cela pas. Vous ne seriez pas face à moi, leur technologie et leurs pouvoirs vous auraient terrassé, vous et votre monde en entier. J'ai envoyé des hommes vérifier vos archives. Les seuls à avoir jamais possédé une technologie s'approchant de la nôtre sont les sauvages nommés Vorox ; quant à vous, vous avez toujours nagé en pleine inconscience. Par ailleurs, vous n'étiez qu'aux balbutiements, quand notre monde est à présent dans une période d'essor formidable, grâce au travail efficace de sa population et de ses organisations. Nous sommes ce que les Grands Êtres ont laissé. Ce que votre ancienne leader Ikinat a tenté d'anéantir ; quel fut son destin ?

Il avait touché une corde sensible. Shrecki n'était pas aussi conciliant que l'était en ce moment Nui avec Tanika – bien qu'il l'ignorât, lui frappait avec la même acuité que dans un combat, si féroce en affaire qu'en affrontement.

- Vous ne redécouvrez rien, non. Vous pillez, vous volez, vous tuez au nom d'un passé longtemps révolu, un passé qui est une obsession flagrante chez vous ; qui vous empêche de vous tourner vers le futur. Car pourquoi être encore en guerre triviale contre les Skralls ? Vous qui vous dites si peu arrogant, si humble, si peu fier, si grand négociateur, si défenseur de votre peuple, vous qui vous dites survivant, pourquoi ne pas négocier avec le Grand de l'Autre Côté ? La raison est simple : vous êtes impuissant. Vous venez ici vous réfugier, vous reconstruire, car vous êtes incapable de leur faire face, ou car vous les craignez. Et à présent, vous osez tenter de me menacer de vos tourelles ? Vous parlez de terrain neutre, quand je suis menacé de toute part, par votre garde, vos tourelles ? Vous vous essayez vraisemblablement à la négociation, guerrier. Que n'ais-je à faire de vos instincts ? Je domine mes propres pulsions, moi qui n'aurais que l'envie de vous ouvrir entièrement, d'exposer votre corps tandis qu'il se viderait lentement, puis de prendre chacun de vos organes et les greffer sur tous les systèmes dans mes laboratoires pour les étudier en profondeur, avant de ne tout remettre à sa place ; m'avez vous vu sortir le moindre scalpel, le moindre laser, le moindre outil qui puisse faire telle tâche ? Cessez donc de rabâcher des raisons qui n'en sont pas, et venons en au fait. Puisque vous n'êtes vraisemblablement pas apte à comprendre les règles qui régissent les négociations dans mon monde, je vais donc me plier à celles qui régissent le vôtre ; car j'ai ouïe dire de la manière dont vous débattez sur Bara Magna, peuple ô combien moderne, adepte de ses racines technologiques il est vrai.

Nous négocierons donc par un duel, en arène Gladius. Je sais que les Skralls sont une espèce belliqueuse, aussi, m'affronter devrait contenter vos ''instincts'', et surtout régler le problème d'une méthode que vous connaissez. Et quelle meilleure arène que le Colisée ? Quel meilleur public que nous deux peuples en observation haletante tandis que nous nous livrons un combat sans pitié ? Vous qui êtes si à cheval sur l'honneur, j'imagine que cela ne vous posera aucun problème.


Le Makuta tenait Gladius ; car il savait fort bien d'après les messages que son communicateur avait affiché à plusieurs reprises sur son regard que leur conversation était retransmise, et à grandes pompes sur pratiquement tous les centres de communication. Pour son image, et la cohérence de son propos, sa réputation auprès de son peuple comme de celui de l'Univers Matoran, Gladius se devait d'accepter ce combat ; son honneur était ici mis en jeu. Car tout duel, un chef de faction se devait de le relever, si un autre chef le défiait. Shrecki prouvait là son astuce ; ce ne serait pas sur le terrain habituel, mais sur le terrain natal du Skrall qu'il le piégeait à présent.

Gladius soupira en détachant son regard de Shrecki. Le sourire qu'il avait porté depuis le début de la conversation s'était légèrement estompé pendant un instant, mais le guerrier regarda de nouveau la ville de Metru-nui. Les milliers de vaisseaux de transport virevoltaient en tous sens telle une nuée métallique; les bâtiments s'élançaient sans cesse en flèches gracieuses de verre et de métal; et enfin, une grande partie de l'innombrable population de la Cité des Légendes était momentanément sortie de ses occupations pour écouter la discution entre les deux chefs de faction. Plusieurs zones piétonnes étaient complètement saturées aux environs du Colisée, qui était lui rempli comme lors de grands événements. Le destin de cette île se jouait en partie aujourd'hui. Le Seigneur Fantôme avait une dette envers chacun des habitants de cette ville; il avait récupéré - en partie - leur technologie depuis Onu-metru, et des centaines d'ingénieurs et scientifiques metruans avaient rejoint les Fantômes depuis leur arrivée sur Voya-Nui. Certains cherchaient à s'enrichir, d'autres à se faire un nom; d'autres encore s'étaient tout simplement dévoués corps et âme à la sauvegarde des populations civiles rebelles dans un geste de générosité... Si Gladius était là aujourd'hui, c'était également grâce à l'aide des habitants de l'univers matoran qui l'avaient accueilli au lieu de le repousser. Il se devait donc d'être honnête avec lui-même et avec les occupants de cette ville.

L'ancien skrall souriait cette fois de plus belle, enjoué par la "proposition" qui lui était faite; il allait pouvoir affronter, sans gros risque, l'un des meilleurs guerriers de l'univers matoran. Peut-être ne gagnerait-il pas ce combat, mais il s'agissait pour le Fantôme d'une occasion unique qu'il ne pouvait se permettre de laisser passer; l'occasion de tester à l'extrême son nouveau corps. Mais aussi, peut-être, l'occasion de prouver à tous que les makutas étaient loin, très loin d'être invincibles. Gladius écarta les bras, alors qu'il envoyait un signal aux commandes de la plateforme sur laquelle il se trouvait. Aussitôt, la verrière qui permettait aux occupants des lieux de contempler se rétracta pour laisser place au vide; un balcon se déploya rapidement sur les deux côtés de la salle diplomatique, laissant un léger vent entrer à l'intérieur du Némésis, faisant doucement danser les innombrables plumes brillantes qui formaient les ailes du Seigneur Fantôme. Ce dernier prit ensuite la parole, conscient que ses mots seraient désormais responsables de la gloire - ou de la destruction - des siens. Le leader rebelle fit sortir ses gardes, qui n'arrivaient apparemment pas à maîtriser leurs émotions.

- Je ne vous menace pas, makuta, je préviens tout risque de conflit. Ikinat, notre défunte a reine, a tenté de rentrer en contact - d'abord pacifique - avec votre monde. Les premières semaines qui suivi notre entrée dans l'univers matoran ont été certes difficiles, mais nous n'avons au départ subi que quelques escarmouches, Shrecki. Nous nous sommes installés sur Voya-Nui, et à partir de là nous avons pu de nouveau progresser - en tant que civilisation. Mais lors de notre combat contre Tericarax, la Reine Spectrale a vu son esprit touché d'un terrible mal; une Sorcière en avait tout simplement profité pour prendre le contrôle de son esprit. Pendant plusieurs semaines, cette maudite Soeur a donc manipulé notre ancienne leader comme un pantin, lui faisant causer des désastres dans votre univers. Une décision fatale; La dernière fois que nos chefs se sont battus pour une cause inutile, la Guerre du Cœur a été déclenchée, ainsi que le Grand Fracassement. La cupidité des Seigneurs des Eléments nous a alors coûté très cher... 100 000 années de guérilla incessante, de souffrance, de régression technique, et une quasi-extinction des espèces qui couvraient autrefois Spherus. Mais j'ai décidé de prendre un autre chemin. Je ne commettrai pas les mêmes erreurs que mes ancêtres. J'étais là, lorsque Bota-Magna et Aqua-Magna se sont séparées de la planète des Sables. Une catastrophe d'une telle ampleur qu'elle a marqué mon esprit, même après tant d'années. Je ne permettrai pas que d'autres conflits futiles éclatent, il y a déjà eu bien assez de morts comme cela. Les miens commencent à peine à sortir des Ténèbres, je ne provoquerai pas une guerre qui les y replongerait plus profondément encore qu'auparavant.

Je suis Skrall, et le resterai jusqu'à ma mort. Mon corps a radicalement changé, abandonnant toute apparence physique; mais mon esprit reste peu ou prou le même - si ce n'est quelques... améliorations que me permettent cet état abstrait. Je pense être bien mieux placé que vous pour pouvoir faire état des modifications apportées à mon corps. Pour vous, makuta et habitant de l'univers matoran, cet événement est peut-être anodin; mais pour un natif de Bara-Magna, c'est tout simplement une première depuis l'avènement des Seigneurs des Eléments. Je peux voir votre monde comme je voyais auparavant le mien; avec clarté, compréhension et même... maîtrise. Certes, il me reste encore quantité de progrès à faire, et je puis encore aujourd'hui être comparé à un guerrier s'aventurant en terre inconnue. Mais sachez tout simplement que ma vision de votre univers est bien moins obscure que vous le prétendez. Vous parlez là sans savoir, sûr de vous et de votre supériorité, croyant pouvoir me dépasser en tous points. Certes, vous êtes bien plus instruit que moi des secrets de votre monde - qu'y aurait-il d'étonnant à cela, vous avez été créé pour le maintenir en marche; un bon serviteur se doit de connaître les caprices de son maître. Les peuples du Désert ont toujours su se montrer imprévisibles, ingénieux et débrouillards - sans quoi nous aurions depuis longtemps disparu sous les sables; nous percerons un à un les secrets de votre univers, et d'ici quelques années tout au plus nos capacités techniques seront analogues aux vôtres; d'ici là, j'espère simplement que nous aurons déjà fait retourner Spherus à son état d'origine, rendant Voya-Nui aux peuples de l'univers matoran.

Votre erreur, Shrecki, est de considérer Bara-Magna et votre monde comme des ennemis, des rivaux analogues à des chiens de guerre qui se querellent pour la moindre broutille. J'ai momentanément pacifié mon monde; j'ai accepté de faire une concession pour permettre aux peuples des des sables de vivre en paix. J'ai réussi à apporter la paix aux miens, ce que même Ikinat avait échoué à faire. Tant que Tuma ne sera pas dépassé par sa propre soif de destruction, je n'aurai pas de soucis à me faire de ce côté là; même si, je l'avoue, le côté belliqueux de l'Empire pourrait peut-être m'obliger à retourner un jour défendre nos terres. Mais mon objectif n'est pas de détruire ce que les Grands Êtres ont créé; loin de là, je cherche tout simplement une voie de découvertes mutuelles, d'avancées autant sur le point technologique qu'au niveau de la sécurité des miens - et des vôtres, Shrecki. A chaque fois que j'ai tué après mon intronisation en tant que Seigneur Fantôme, c'était pour me défendre, moi ou les miens. La Guerre apporte la souffrance là où la Paix nous permettra de nous élever au-dessus de notre condition. Matorans et Agoris peuvent cohabiter. Toas et Glatorians peuvent défendre les mêmes cités. Vorox, skralls, steltians, vortixx, zyglaks ou même skakdis sont unis sous la bannière des Fantômes. Scientifiques, médecins, philosophes, ingénieurs, artisans de tout l'univers matoran apportent leur savoir. Eux sont parfaitement au courant de nos intentions; nous voulons juste coopérer avec ceux qui le veulent bien - l'Ordre et la Main en l'occurrence - et que les forces belliqueuses nous laissent en paix sur Voya-Nui. Si vous n'êtes pas satisfait de notre présence, personne ne vous empêche de simplement nous ignorer. Vous savez pertinemment que je n'ai pas de ressources à perdre en lançant de futiles escarmouches contre les forces de la Confrérie, vous ne risquez donc pas d'attaque de notre part. Le plus grand danger vient de mes propres Frères de sang, l'Empire. Mais nous resterons neutres en cas de conflit, comme Phantrakk l'avait décidé pour votre faction... avant sa mort, évidemment.

Mais vous êtes apparemment bien trop obtus pour accepter le fait que des "barbares" se hissent peu à peu à votre niveau. Nous avons certes mis sur pied des opérations de vol technologique lors de la guerre qui a suivi le Premier Contact entre nos deux mondes. Mais par la suite... ce que vous appelez "Pillage", nous l'avons reçu de bonne grâce des scientifiques de votre monde. En nous donnant les outils qui nous permettent de nous élever, vos ingénieurs et autres spécialistes nous aident à reconstruire ce qui avait été autrefois perdu. Nous devenons chaque jour plus riches, plus puissants. Chaque jour, nous apprenons plus de choses sur votre univers et notre propre monde. Nous pouvons alors avancer dans tous les domaines - et nos propres découvertes profitent ensuite à vos matorans. Notre médecine rudimentaire mais efficace a déjà soigné des milliers de guerriers sur Voya-Nui. Nos propres fruits Thornaxx n'ont-elles pas permis d'endiguer l'infestation virale qui infectait votre univers ? Une alliance entre un produit de notre monde et du savoir de votre peuple, encore une fois. Ne sous-estimez pas l'effet que pourrait avoir cette coopération; vous pouvez accepter de participer à cette expérience enrichissante, ou vous pouvez choisir de nous ignorer, comme je l'ai déjà dit. Personne ne vous blâmera, et vous pourrez quelle que sera votre décision continuer à maintenir l'équilibre de cet univers. Mais j'imagine que vous vous refuserez à un tel accord... vous êtes bien trop suffisant, bien trop sûr de vous. Vous vous pensez supérieur, mais un jour viendra où vous devrez accepter la vérité.

Mais venons-en enfin au point intéressant: vous voulez me combattre en duel dans une arène. Sachez cependant que les combats d'arène sont le moyen que mon peuple avait trouvé pour résoudre des conflits sans causer de mort; archaïque, certes, mais cela nous aura évité les hécatombes que vous avez subies dans la Guerre des Puissants qui, il est vrai, fut d'une véritable finesse. Jusqu'à l'intervention directe de Tuma, cette méthode avait épargné d'innombrables vies. Mais les tournois d'arène ne sont malheureusement plus en vigueur sur Bara-Magna. Il s'agit d'une pratique culturelle que nous reprendrons peut-être dans le futur, mais pour le spectacle; les rebelles étant unifiés sous une seule et même bannière, il n'y a tout simplement plus de conflit sur la planète des sables. Les seules escarmouches que nous devons repousser actuellement viennent de la part des Baterras et des rares tribus de vorox et chasseurs d'os qui ne nous ont pas encore rejoints. Un combat d'arène n'aurait donc logiquement plus lieu d'être... mais si vous voulez vous battre, je ne peux refuser un combat honorable - surtout si mon adversaire est un puissant manipulateur élémentaire; vous représentez un défi très intéressant, Shrecki, et c'est avec plaisir que j'accepterai de confronter mes compétences martiales aux vôtres. Comme vous l'avez si bien dit, je reste Skrall; et même si je répugne à tuer, il ne m'est pas désagréable de me battre, d'essayer de dépasser mes propres limites. Ce n'est pas ici mon sens de l'honneur qui m'oblige à combattre; il s'agit bel et bien uniquement de mon envie de me mesurer à vous.

Gladius n'eut pas besoin de bouger; sa volonté fut immédiatement accomplie par les systèmes du Némésis auxquels il était continuellement connecté. Le Destroyer Fantôme utilisa alors son puissant générateur de gravité pour créer un trou de ver entre la salle et le Colisée, au sol. Une puissante lumière envahit rapidement la salle de réunion du vaisseau rebelle; l'instant d'après, les deux leaders se faisaient face, à une dizaine de bios de distance environ, au centre de la plus grande arène de l'univers matoran. Le Seigneur Fantôme se tenait debout, complètement immobile à l'exception de ses ailes qui pulsaient encore et toujours. Dans ses mains, aucune arme n'était discernable; Gladius semblait alors au premier abord être une proie facile, vulnérable. Mais n'importe quel spectateur habitué aux combats pouvait facilement voir dans les yeux brillants du guerrier skrall qu'il était confiant, heureux de pouvoir se battre. Il n'était peut-être pas certain de sa propre victoire, mais il savait qu'il se battrait tout simplement du mieux qu'il le pourrait, faisant alors honneur aux siens. Plusieurs mois auparavant, même le plus puissant des guerriers de Bara-Magna n'aurait eu aucune chance face à un Maître élémentaire; aujourd'hui, doté de nouvelles capacités, l'Hybride des deux mondes serait peut-être à la hauteur du défi qui se présentait à lui. Le leader rebelle ne bougea pendant de longues minutes, se contentant de croiser les bras tout en regardant son adversaire.

- Avant de pouvoir commencer... vous devez édifier les règles de ce combat, ainsi que la récompense qui sera perçue par le vainqueur. Alors, nous pourrons enfin nous amuser un peu.

Les deux combattants se tenaient là, immobiles. Gladius avait longuement parlé au Makuta, rétorquant son opinion, reprochant au manipulateur des ombres son arrogance. Arrogance ? Ironie du sort, le Skrall semblait plus orgueilleux encore, et sûr de lui, pour parler en ces termes, et il s'écoutait parler. Il n'avait pas le dédain de l'autre, ou du moins le dissimulait-il peut être plus habilement. Mais Shrecki, en digne représentant de son espèce, avait son esprit fixé vers celui du Fantôme, tout entier axé à déterminer ses véritables intentions. Tout du long de cet entretien, dès l'instant où il avait posé le pied sur le vaisseau, il avait imposé une pression mentale à son interlocuteur, dissimulant par l'astuce une analyse mentale ; il lui avait inculqué ainsi une sensation, pour le méprendre. Ceux qui ignorent la sensation de la télépathie ne peuvent détecter les subtiles différences ; et seul un Makuta entraîné ou un Toa de psychisme aurait su percevoir ici la nuance, si insignifiante, entre une simple intimidation mentale et une profonde analyse. Ennui, excitation, révolte contre le Makuta, l'envie de bien faire, de détendre la situation, voilà ce qu'il avait lu.

Une conclusion s'imposait ; le Fantôme était sincère, et fidèle à ses idéaux. En d'autres termes, il était une personne fiable. Sous son masque stoïque, Shrecki savait pertinemment que ce « simple barbare » aurait un rôle déterminant à jouer ; entre la destruction et la sauvegarde, il serait la barrière à sa folie dans les prochains mois, sans le moindre doute, le barrage qui allait se dresser face à sa progression. Le supprimer, ici et maintenant, sans garde ? Non. Il servirait ses plans, comme tous les pantins qu'il avait levé, et qui dansaient dans le creux de sa main. Gladius était dans le vrai, la cohabitation entre les deux peuples serait enrichissante. Mais il n'avait pas compris son propos. Sa présence n'était simplement pas conçue pour Mata Nui. Et contrairement à des lignes de programmation d'une machine que l'on pouvait modifier, cet univers ne connaissait aucune adaptation ; ses habitants avaient été prévus pour une fonction propre, c'était un corps qui ne changeait pas de fonctionnement ; c'était sans doute ce qui le rendait immortel, mais en faisait sa plus grande faiblesse. Une tare, Teridax, avait suffit à le faire sombrer dans une torpeur mortelle. Même avec la meilleure volonté du monde, il était impossible donc que les Fantômes puissent trouver une place ici...Pas tant que certaines choses étaient comme elles étaient.

Le conte d'Ikinat confirmait les soupçons du Makuta, l'éradication n'était pas acte sciemment commis, c'était une gangrène à la source des actes, un retour imprévisible du Destin, un coup de la grande Faucheuse, de Tericarax. Le Mal frappait sans jamais prévenir, et au plus fort, telle était la nature de toute pathologie, imprévisible. S'il avait réclamé l'aide de la Confrérie, alors peut être Ikinat aurait-elle pu être soignée. Bien évidemment, Gladius ne savait rien de tous les pouvoirs des Makuta, et du rôle qu'ils occupaient. Il semblait qu'Ikinat était destinée à périr, par un coup de hasard. Mais pourtant, un retour que Lui avait prévu ? Lui...Heh, il était toujours étonnant.

Tout le plan allait à présent se jouer, les pièces se mettaient lentement en place. Le rideau allait se lever, et le balais de manipulations, de stratégie et de complots débuter. Toutes ces années, ces mois passés à avancer, à assimiler, à se gorger de connaissances, de puissances, ces mois où il avait été le Dévoreur à la faim insatiable, ces temps de prédation impitoyables, passés à se gorger d'une quantité phénoménale d'expériences, d'émotions, de souvenirs, de pouvoirs, d'éléments...Des Puits Noirs, à présent il était dans l'Univers Matoran. Les premiers actes s'étaient déroulés sans lui, mais il verrait la conclusion, car telle était sa tâche. Gladius ne réalisait pas. Non, personne ne réalisait jamais. Il était temps à présent, temps de tisser une toile d'intrigues, de marcher sur les cœurs de ceux qui le contrariaient comme sur un plancher. Aucune pitié, il plongerait cet univers entier dans le chaos, s'il le fallait, pour qu’Équilibre soit enfin trouvé. L'Harmonie finale approchait, et transcenderait tout ce que l'imagination déchaînée des Matorans dans le Colisée pouvait construire.

Les étapes se dessinaient dans la tête du Makuta. Les différentes étapes, nécessaires, celles optionnelles. Tandis que Gladius poursuivait son discours, l'autre en face restait silencieux derrière son masque, les successions naissantes, replongeant sous la surface des possibilités, rejaillissant telles de noirs ailerons, qui s'imbriquaient, convergeant vers un objectif final qui devait pour l'heure rester caché. Rahi, Guerre, Équilibre, Meurtre, Sang...Des notions qui semblaient fondamentales, essentielles, des choses que le Makuta devrait faire siennes, rapidement. Il avait déjà eu recours au Sacrifice ; la pièce Phantrakk, écartée de l'échiquier, et à présent lui-même avançant hors des ténèbres ; quand le loup jaillirait-il, telle était la question pour lui.
Sa stratégie de bataille était établie depuis longtemps, il réfléchissait aux moyens à présent, se les confirmaient dans son esprit. Qu'était-il prêt à concéder, que pouvait-il sacrifier, et qu'est-ce qui lui était essentiel ? Jusqu'où devait-il aller ?

Shrecki était présent sur le sol du Colisée quelques centièmes de seconde avant Gladius ; l'air avait frissonné de son passage. Ses bottes d'acier étaient à présent posées sur le sol légèrement poussiéreux de l'arène définie ; celle du Colisée. Autour, la foule s'unissait en une clameur indistincte, scandant les deux noms, en différents dialectes, ainsi que bien sûr, encouragements, paris, en un enivrant vacarme. Mais le Makuta ne goûtait pas à ce vin ; la masse agitée tout autour de lui était inexistante, c'était une mer de torches lointaines, tandis qu'un brasier se dressait face à lui. Les deux Soleils frappaient le sol d'une abrupte lumière, et d'une chaleur plus abrupte encore. À perte de vue, le Protodermis dans son état solide. Une structure qu'un Makuta expérimenté pouvait manier, si l'envie lui en prenait. Plus que chez quiconque, la connaissance était source de pouvoir chez un « Créateur Noir ».

Face à Gladius, maculé de blanc, d'or, d'un bleu vivant, au visage dégagé, honnête, se dressait Shrecki, d'un sinistre pourpre tout vêtu, casqué d'acier sans aucune ouverture, pas même pour ses yeux. Contrairement à ce qu'avait supputé le Skrall par ailleurs, il n'avait aucun dispositif de vision ; rien qui puisse l'aider à voir. Pas d'équipement du moins. C'était plutôt la marque de l'Existence sur son esprit, qui modifiant sa perception, l'avait poussé à une ouverture supérieure. Paradoxalement, Shrecki semblait plus renfermé que jamais sur les autres peuples, et pourtant, il pouvait percevoir la vie sans même la voir, il sentait des flammes vitales, qui se matérialisaient comme telles, en projections dans son esprit. Il était le plus apte à voir, sans pour autant regarder. Il voyait à travers les choses, jusque dans ce que certains auraient qualifié « d'âme ».

Le leader se tenait droit, tandis qu'un souffle d'air brûlant éveillait quelques poussières à ses pieds, qui s'envolèrent, tournoyant autour de lui, puis retombant, tuées tandis que l'air devenait plus lourd encore, et figé. Un silence semblait l'habiter à présent. Il avait dit ce qu'il avait désiré à Gladius, et avait su que les négociations n'amèneraient à rien, conscient de sa propre...Trempe d'esprit, et de l'entêtement inhérent à l'espèce Skrall, caractéristique primaire qu'il avait, somme toute, cerné plutôt bien. À présent, il était temps d'énoncer clairement les termes du marché qu'il désirait. La Confrérie ne pouvait se permettre de perdre des territoires, ou du moins d'en perdre qui brisent l'unité de ses lignes ; céder le moindre arsenal était, bien entendu, complètement hors de question. Par ailleurs, il ne pouvait réclamer un territoire sur lequel les études seraient vides de sens, par l'absence de Rahis. Il lui fallait un territoire fertile. Dans sa réflexion, il avait bien sûr étudié les cartes de Bara Magna. Un enfer, il était compréhensible que les Agori aient fui. Ce n'était pas la guerre que les Fantômes voulaient éviter, mais le désert mortel. Mais parmi les – rares – contrées de Bara Magna, un village avait attiré l'attention du Makuta,un village doté et d'un intérêt stratégique et d'espèces plus nombreuses qu'ailleurs, tout en étant en bordure du désert si nécessaire.

- Tesara. Un petit village dans les étendues les plus fertiles de votre planète, voilà le territoire que vous me céderez si je gagne. Suffisamment éloigné de votre base principale pour que vous ne craigniez pas d'offensive en traître de la Confrérie, et également distancié du cœur des agglomérations Skralls. La faune et la flore, dans cette forêt presque tropicale, seront extrêmement intéressantes à étudier, et permettront probablement d'importantes débouchées scientifiques en terme de projets environnementaux et de progrès biologiques, et biomécaniques.
Si je perds, je vous céderai l'ancien antre de Teridax, aujourd'hui complètement nettoyé, le Mangaïa. Il s'agit d'un passage depuis Mata Nui vers l'extérieur, l'un des deux accès vers votre planète en d'autres termes. Une place stratégique, pour notamment repousser les envahisseurs.
À présent que mes termes sont nommés, je crois qu'il est grand temps de débuter le combat, dont vous mourez d'envie. Ne placez pas vos attentes trop haut...Envers vous-même comme avec cet affrontement.

Le gagnant sera le premier qui parviendra à placer son adversaire dans une situation où ce dernier ne pourra plus attaquer ou défendre ; en d'autres termes, briser son armure ou ses armes. Naturellement, toute attaque contre le perdant tandis que celui-ci est affaibli et inapte à répondre signifiera une défaite d'office.

En signe de bonne volonté, je vous laisse le premier coup, Gladius. Choisissez l'arme que vous voulez...Et que Mata Nui soit témoin de ce combat.


Le Makuta était toujours derrière son masque d'acier stoïque, immobile, d'un calme, d'une froideur qui démontrait une très longue expérience. Le ton utilisé était lui aussi maîtrisé, étudié. L'heure était à l'analyse. Des dizaines d'options se bousculaient déjà dans l'esprit du maître des ombres, mais restait à voir laquelle serait la bonne. La défaite n'était pas une option. Tant pour son image...Que pour l'avenir.

[Je lance le dé de rapidité au passage, mais conformément aux règles de rapidité, ce sera à Gladius de débuter ce combat d'arène]

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'Initiative de rapidi' :

Résultat :

Gladius claqua des doigts, déclenchant de ses mains métalliques une légères onde de choc à travers l'atmosphère qui englobait la Cité des Légendes. Cette faible perturbation était insaisissable pour quiconque - seul Mata-Nui lui-même aurait peut-être pu sentir le déplacement des atomes à travers son monumental organisme. Cependant, il s'agissait là d'un acte bien plus que symbolique. Un simple mouvement qui apparaissait comme anodin pour la quasi-totalité des spectateurs du Colisée - tandis que Shrecki pouvait parfaitement sentir, dans l'esprit de son adversaire, que la situation avait totalement changé en un instant. Les ailes du Seigneur Fantôme se mirent à briller de plus belle, éclairant la Grande Arène autant que les myriades de projecteurs accrochés sur les gradins. L'heure des négociations était désormais terminée... il était temps de passer à l'action. Le leader rebelle laissa Valae enclencher les systèmes de défense automatisés qui protégeaient son corps en permanence lors des combats. L'IA ne se donna pas la peine de blinder l'esprit de son porteur - ces dernières, totalement dénaturées après la mutation, ne pouvaient tout simplement pas être lues par quiconque, même si un psyker extrêmement expérimenté comme Shrecki pouvait deviner les émotions du skrall lorsqu'il ne les cachait pas. Gladius activa ensuite la grande majorité de ses capteurs, transformant son mental tout entier en un véritable gouffre d'informations, un tourbillon phénoménal à l'intérieur duquel des flots phénoménaux de données étaient traités à chaque instant. Chaque particule de lumière était analysée, chaque son décrypté, chaque phénomène expliqué. Le Seigneur Fantôme portait plus que jamais son nom que lorsque son esprit était comme détaché de son corps original, étendant son énergie spirituelle bien au-delà de son organisme métallique. Shrecki aurait peut-être même pu - le temps d'un instant - percevoir au lieu d'une simple flamme un véritable phare aveuglant qui englobait une grande partie du Colisée. L'instant d'après, tout semblait être revenu à la normale, comme si de rien n'était.

*Première étape terminée. Préparation... 25%* La voix de Valae ne laissa qu'une infime trace dans l'esprit du rebelle, qui ne se rendit même pas compte que cette dernière lui avait parlé...

Gladius écarta ensuite les bras, faisant jaillir des filaments d'énergie pure autour de lui. Ces derniers ne tardèrent pas à se solidifier sur son visage et différentes pièces de son armure. Un casque était apparu autour de la tête du guerrier, doté d'une visière opaque qui cachait entièrement les traits du leader rebelle; de plus, différentes épaisseurs de blindage s'étaient rajoutées en plusieurs points stratégiques. Le contact mental que Shrecki avait maintenu sur son adversaire fut soudainement coupé, comme un lien rompu net par une lame; le Créateur Noir ne pouvait désormais plus sentir les émotions du Fils de Guerre, pas plus que qui que ce soit d'autre ne pouvait discerner les expressions de son visage. Gladius leva la tête en direction du Némésis, transmettant le temps d'un éclair un léger flot d'informations. La seconde suivante, le Seigneur Fantôme battit des ailes, une seule fois, avant de s'élever dans les airs à quelques mètres du sol.

*Deuxième étape terminée. Préparation... 70%*

Gladius, enfin, pouvait entamer à la partie la plus longue et la plus importante de sa préparation au combat; Shrecki lui avait laissé du temps, quelques secondes tout au plus. Ce court instant suffirait cependant au leader rebelle pour parfaire encore les modifications qui s'étaient apportées à son être. Le Skrall ne put momentanément plus bouger; en situation "réelle", le chef de la Confrérie aurait pu causer d'énormes dommages à son adversaire pendant ce court laps de temps. Mais il avait décidé de laisser à son ennemi un allié précieux; présent en plein cœur du Colisée - et profitant d'une aide très spéciale pour l'occasion, qu'il utiliserait peut-être à nouveau lors de ce combat - et possédant un temps bien plus que suffisant, le Seigneur Fantôme profitait tout simplement de l'immensité du savoir qui était ici accumulée autour de lui. La grande arène, les machines qui l'animaient, les technologies qui le soutenaient, et les innombrables esprits savants qui l'amélioraient sans cesse... tout cela avait déjà été absorbé et analysé par l'esprit de Gladius, mais était désormais utilisé pour apporter les dernières modifications qui permettraient dès lors à ce dernier de mettre à profit la majorité des ressources qu'il possédait actuellement. Le flot de donnée était tel que la totalité de la puissance de calcul du leader rebelle était utilisé - ainsi qu'une autre à proximité, bien plus puissante. Lorsque le Skrall bougea enfin, il dut bloque les pièces de son armure pour éviter de tomber au sol sous l'incroyable pression mentale que ces découvertes et mises à jours lui imposaient. Valae dut l'aider à traiter des informations pour lui permettre de retrouver ses mouvement, et enfin Gladius put récupérer le contrôle total de son organisme. L'IA parla ensuite d'un ton enjoué, excité par l'ardeur du combat qui s'apprêter à commencer.

*Troisième étape terminée ! Préparation à 100%, vous avez désormais accès à de nouvelles capacités. Capture, Analyse et Mise à profit terminées avec succès. Je mets à jour vos systèmes, crée de nouvelles structures holographiques pour accueillir les nouveaux schémas d'action... c'est bon. Bonne chance, Gladius. Même si nous savons que le hasard n'aura ici pas sa place.*

Le Seigneur Fantôme perdit lentement de l'altitude, touchant le sol sans le moindre bruit. Son visage était toujours caché derrière un casque intégral qui ne laissait voir ni ses traits ni aucune autre partie de sa tête. Des filaments lumineux s'étaient encastrés entre le heaume et le plastron du Rebelle, créant d'étranges fibres et camouflant sa gorge. Gladius désactiva les sécurités de son organisme, déclenchant aussitôt une évacuation du surplus d'énergie. Des éclairs se formèrent entre son armure et le sol autour de lui, faisant fondre au contact le protodermis plus facilement que glace au soleil. Des volutes de plasma - gaz ionisé et surchauffé électriquement - se dégageaient de corps, tandis que les ailes du Fantôme pulsaient de manière frénétique. Cependant, aucune lame, aucun canon n'était apparu aux mains du Fils de Guerre. Ce dernier semblait étrangement désarmé, alors même que les éléments se déchaînaient sous le simple effet de sa puissance; une puissance qui ne serait pas de trop si Gladius comptait résister aux assauts de Shrecki. Le chef des forces libres de Bara-Magna parla ensuite d'une voix puissante, suffisante à elle seule pour que tous les spectateurs l'entendent. Une voix forte, chaleureuse mais solennelle. Des paroles qui allaient suivre, aucun mensonge, aucune tromperie ne saurait être décelée par Axonn lui-même; tout simplement car une fois de plus, Gladius parlait sans mentir, disant ce qu'il pensait en restant honnête tout d'abord avec les peuples des Deux Mondes; mais également honnête avec lui-même.

- Non Shrecki, bien loin de moi l'idée de vous attaquer le premier. Vous m'avez laissé le temps de me préparer, je vous laisserai faire de même. Nous nous trouvons ici, dans le Colisée de Metru-Nui, sous le regard de milliers de citoyens libres de nos eux patries. Enfants du Désert, Héritiers des Grands Êtres... devant eux, nous allons mener un combat pour départager notre différent comme l'auraient fait mes propres ancêtres. A cette époque, j'aurais sans hésité utiliser le Némésis pour carboniser cette arène et me donner un net avantage, sans prendre peur des victimes que cela aurait causé. Mais les temps ont changé... je suis désormais en plein cœur d'une terre qui se trouve très loin de mon propre monde, très loin même de Voya-Nui. Et cependant, je m'apprête à combattre, seul à seul contre vous. Je suis prêt pour cela, je le sais au plus profond de moi-même; car il ne s'agit pas là d'un simple conflit pour un territoire. Non, il s'agit là d'une preuve. Que je triomphe aujourd'hui, ou que je sois au contraire repoussé, j'agirai dans l'unique but de préserver la Paix que j'ai juré de respecter. J'agirai afin de prouver à tous les peuples que je suis ici pour les protéger du pire fléau que n'importe quel univers pourrait porter: la Guerre.

Habitants de Metru-Nui, réfugiés de Bara-Magna ! Je suis le Seigneur Fantôme, et je me bats aujourd'hui pour vous ! Je m'apprête à affronter l'un des plus puissants Créateurs Noirs, l'un des maîtres élémentaires les plus talentueux de cet univers ! Je prends le risque de subir une défaite pour vous éviter une bataille qui ne saurait jamais apporter que la souffrance et la mort; je subirai les assauts de Shrecki sous vos yeux, tentant du mieux que je pourrai de résister - et peut-être même de le battre ! - afin de faire en sorte que votre sécurité à tous soit préservée. Et pour cela, je laisserai le nouveau chef des makutas, assassin de Phantrakk, m'attaquer le premier pour vous prouver que je ne suis pas ici pour vaincre mon adversaire - car en acceptant de venir ici j'ai déjà rempli mon objectif: empêcher un conflit ouvert entre Fantômes et Makutas; même si pour cela je dois endurer mille ans de torture, je vous protégerai du mieux que je pourrai du Fléau de la Guerre. Après la Guerre Noire du Protectorat, après 100 000 ans d'exil, il est temps - aujourd'hui même - de décider d'arrêter cette folie... et s'il le faut, je mourrai. Je mourrai pour vous, peuples de l'univers matoran. Je mourrai pour vous, enfants du désert. Je mourrai même pour toi, Mata-Nui, garant de ce monde fabuleux !

Gladius se tut, alors qu'un vacarme assourdissant emplissait désormais toute la cité des Légendes. Les matorans, les agoris, les toas, les glatorians, et tous les autres... une effervescence sans pareil depuis la défaite du Maître avait envahi Metru-Nui. Le Seigneur Fantôme venait tout simplement de jurer protection à toutes les populations civiles des deux mondes, une première. Le leader rebelle n'était désormais plus un étranger; les Fantômes n'étaient plus des envahisseurs. Non, les guerriers du Désert étaient maintenant les protecteurs des innocents, les sauveurs des faibles. Le Fils de Guerre promettait la Paix, désarmé dans le Colisée de Metru-Nui... et il ne porterait pas d'attaque tant que son adversaire ne commencerait pas le combat, prouvant ainsi ses dires.

[HRP] Je cède mon bonus d'initiative et laisse Shrecki agir avant moi, comme s'il possédait une rapidité supérieure à la mienne. Désolé s'il y a des fautes d'orthographe je n'ai pas le temps de me relire.[/HRP]

Le Colisée, Nui y était déjà venu plusieurs fois, mais c'était la première fois qu'il le voyait aussi remplit.

Il se tenait perché comme un oiseau de proie, mais immobile comme une statue, sur l'enceinte qui surplombait les Gradins.
Sous lui la foules grouillante qui scandait tantôt leur approbation tantôt leur mécontentement selon ce qui se déroulait devant leur yeux.
Pour l'instant leur brouhaha restait plutôt neutre tandis qu'entre Shrecki et Gladius, la joute de Lames succédait à la Joute de Verbe.

Nui se demanda si Gladius serait un adversaire à même de pousser Shrecki au-delà de ses retranchement habituels et vice-versa.

Le Makuta remarqua que le Skrall avait encore changer d'aspect par rapport à la dernière fois qu'il l'avait vu, ces mutations avait conduit son corps a adopter une composition similaire à celle d'un Toa, mais à présent ?
* On dirait l'un d'entre nous.* Pensa t-il.

Oui, par étape successive Gladius avait imité avec sa technologie les différentes espèces de cet Univers par Ordre croissant de puissance, il était logique que cela s'achève par la plus puissante, le Makuta.

Certains Matoran n'hésiterait pas a la qualifier de "Makuta de Lumière", mais il y avait un dicton Matoran qui dit: "L'insigne ne fait pas le Turaga".
Gladius n'avait pas fait que copier leur technologie, il avait aussi copier leur apparence et, l'espérait t-il, leur capacités.

C'était pour lui le seul moyen de rivalisé avec eux, les imités à l’extrême.
Nui ignorait si il devait se sentir honoré ou dérangé, car cela dénotait d'un obsession sous-jacente d'on même Gladius n'était peut-être pas au courant.

Malgré tout, Gladius n'était qu'une imitation, un ersatz de la vie dans cet Univers, un simple reflet déformé de ce qu'ils étaient et ce combat le démontrerait.
Cependant, Nui ne devait pas oublier le but premier de sa présence, délivrer un message à Shrecki.
Ce fut deux mots, porté par les voix de l'esprit jusqu'à Shrecki et lui seul.
* C'est Fait.*

Alors que Tanika et Raidark se dirigèrent vers Metru nui pour ordonner aux gardes présents des trois metrus jusque là à la possession de l'Ordre de se retirer pour laisser les makuta s'emparer des lieux, Cordax et Vorona étaient toujours sur le toit du collisée, perchés dans l'ombre, regardant attentivement la joute entre Shrecki et Gladius depuis les hauteurs. Heureusement que l'ambiance sombre de ce qu'est devenu Metru nui ainsi que le crépuscule qui se profilait permettait de les dissimuler. Aucun matoran parmi la foule aurait pu penser les voir ici. Il faudrait avoir des yeux de faucons croisé à ceux d'une chauve-souris pour les voir. Ou un akaku, ca va aussi.
Un genou à terre, la psionique regardait attentivement. Voilà enfin quelque chose à voir. De l'autre côté de l'enceinte, Nui qui se trouvait ici. Elle pouvait le voir, et certainement qu'il pouvait faire la même chose avec elle.
Gladius venait de se transformer, littéralement, sous les yeux de la foule de matoran en délire, enthousiaste devant l'action qui va se dérouler sous leurs yeux. Il semblerait que le skrall, ou plutôt l'ex-skrall aie enclenché une procédure de préparation au combat, changeant sa morphologie pour maximiser ses capacités de combat et ses chances de gagner. Pour les deux acolytes de l'Ordre, c'était proprement fascinant. Non pas par intérêt scientifique bien qu'il y en aie, mais surtout pour voir ce dont Gladius est capable afin de se préparer au mieux pour au cas où ils devront l'affronter dans l'avenir. Ceci est tout aussi valable pour Shrecki. Le nouveau souverain des makuta, tacticien, sorcier et créateur noir dont les pouvoirs d'Ombre sont dévastateurs, son contrôle de l'énergie élémentaire est sans pareil dans tout l'univers et ses talents de stratège sont inégalés. Vorona le sait. Elle connait plus ou moins son potentiel qui est bien au delà de ce que Gladius peut imaginer. Ce pourquoi il était intéressant pour elle de voir cet affrontement afin d'en apprendre plus sur ses potentiels adversaires (ou alliés) et à terme se rendre plus forte en s'entrainant grâce au savoir ainsi acquis.
De part le passé, elle avait réussi à survivre à une course poursuite face à Shrecki, mais c'était parce qu'il avait abandonné au dernier moment, sachant pertinemment ce qui allait arriver à Voya nui dans les minutes suivantes. Le voilà de retour, apparemment plus fort et plus décidé que jamais. Pas de doute qu'elle gagnera en expérience de sa part en le regardant combattre.
Quand à Gladius, Tanika a essayé de le combattre, elle a faillit mettre fin à ses jours, mais il s'en est sortit de peu et aujourd'hui, il s'est mit à jour, a évolué pour espérer vaincre les plus puissants des makuta. C'était tout à fait intéressant de voir le bond évolutif que Gladius a eu. Il lui rappelait Alcadeias, mais un nouveau alcadeias, plus vieux et plus axé encore sur la technologie et la robotique. A la base skrall, il est devenu une machine avec une âme de skrall à l'intérieur. Alors qu'il faut des millénaires pour qu'une forme de vie évolue et s'adapte à un nouvel environnement, les makuta le confirmeront, Gladius, lui a évolué et s'est adapté à l'univers matoran en quelques mois seulement. Il serait donc une sorte de mutant, dont les mutations sont très rapides. Mais il garde certains défauts lié à ses aspect qu'il ne peut pas changer. Son esprit de skrall par exemple restera le même tout au long de sa vie. Ne connaissant pas ses capacités octroyés par sa nouvelle forme, il est difficile de prévoir ce qu'il va faire. Il a toute les chances pour étonner son adversaire, mais de là à dire qu'il peut vaincre un makuta. Un original dont il est la copie, il n'y a qu'un pas. Vorona le trouvait assez intéressant. Cordax avait, quand à lui, les mêmes pensées que Nui à son sujet. Que c'était une pâle copie qui souhaite trouver une place dans un univers qui ne lui donnera jamais.
Les deux se parlèrent via télépathie, comme ca leurs est souvent arrivé.

*alors, un pronostic sur ce combat?*
*j'en ai aucune idée mais l'issu de cet affrontement n'est pas forcément le plus intéressant. j'ai hâte de voir de quoi ils sont capable.* répondit t'elle.

Shrecki était complètement immobile. Sous son casque, pouvait-il voir la transformation de Gladius ? Percevait-il les multiples changements qui s'opéraient actuellement chez son adversaire ? Probablement pas. Et la flamme vitale qui animait ce dernier était toujours identique ; ainsi d'un point de vue purement psychique, il était toujours identique à lui-même. La flamme changea un instant, mais ce n'était pas un phare ; elle s'étendait en de multiples flammèches, se liant temporairement au Némésis, à la manière d'une immense toile. Un réseau. Ainsi, c'était donc cela. Un lien qu'il pouvait tisser avec ce qui était technologique ? Tandis que les flammèches tentaient de se lier aussi aux technologies du Colisée, le dirigeant enclencha une instruction d'encryptage dans son communicateur ; aussitôt, les dispositifs de protection électroniques et informatiques les plus poussées de la Confrérie s'activèrent, et le Colisée devint hermétique, hermétique aux tentatives de Gladius. Le Makuta écoutait néanmoins – d'une oreille absente - le discours de Gladius. Ce guerrier était-il donc uniquement paroles ? Etait-il seulement un bavard qui, imitant le style notoire de Zéro, cherchait ainsi, en copiant le mystérieux personnage,  la reconnaissance des foules ? Ne comprenait-il pas qu'en conflit, le peuple n'était pas une force mais une faiblesse, exposé aux terrorismes en tout genre ? Pour un être ayant vécu soit disant toutes les guerres, il n'avait donc vécu que celles qui engageaient l'armée ; un affrontement désuet, dépassé depuis longtemps – sans doute par le pire. Car à présent, les populations devenaient tôt ou tard otages, parfois agresseurs, et les serments de protection étaient de ceux qui pouvaient vous coûter jusqu'à votre faction entière. Mais cela, Gladius ne semblait pas le comprendre ; il ne saisissait pas qu'en partant de très haut, en promettant la protection à tous les voyageurs que l'on croisait sur son chemin, on pouvait bien plus aisément décevoir qu'en la promettant à de rares élus. Mais il le comprendrait assez tôt, sans doute ; et sa chute serait la plus rude de toutes.

Le dirigeant de la Confrérie, tandis que les « informations » cessaient de converger vers Gladius, s'attendait à un assaut, sans pour autant changer, de sa posture immobile. Pourtant, il n'en fut rien, le Skrall était entouré d'énergies dont Shrecki aurait pu reconnaître les émanations n'importe où ; foudre, et plasma. À nouveau, le Seigneur Spectral s'approchait d'eux. Heheh, sans doute quelque puissance était là à l’œuvre. Mais les pouvoirs de Gladius n'étaient rien. Le plasma et la foudre auraient peut être impressionné ses confrères, mais guère lui, car il ne craignait aucun élément, pas même la lumière si létale à ceux de son genre. Tandis que le Bara Magnien affirmait son amour à Mata Nui, l'Ombre face à lui perçut les pensées d'un autre Makuta ; un message simple, d'une voix qui semblait proche. Nui. Il rapportait le succès de sa mission, il avait réussi à négocier avec Tanika ainsi. Voilà qui était parfait, purement parfait. Bien qu'il n'ait pas précisé comment il s'y était pris, il avait obtenu de l'Ordre tout Metru Nui. Connaissant le caractère assez...Particulier de l'impératrice, il ne faisait aucun doute que c'était par une forme d'intimidation que le soldat était arrivé à ses fins ; mais il avait eu le feu vert de son leader, aucune réprimande n'était à l'ordre du jour par conséquent. Un message parvint à Nui ; plus maîtrisé que toute communication, plus calme que tous les esprits présents au Colisée, malgré la situation d'euphorie et d'excitation générale. La voix semblait ne pas se préoccuper du combat, ni des dangers qu'il posait.

*Excellent. Finalisez l'échange, puis rendez-vous dans les archives. Notre prochaine mission sera l'étude de la faune. Vous y trouverez matériel, et informations bien sûr sur les Rahis déjà capturés. Mais retirez bien sûr des archives les Rahi  les plus rares ; ce sont des spécimens taillés pour les laboratoires de Destral. Une fois que j'aurai terminé ici, je vous rejoindrai, et vous recevrez paiement, Solok et vous, Nui, pour une mission rondement et efficacement menée. Vous me donnerez les détails plus tard. Pour l'heure, place au spectacle.*

Là-dessus, Shrecki reporta son attention sur Gladius. D'un œil extérieur, il était resté tout aussi immobile qu'il l'avait été jusqu'à maintenant. Et pourtant, la température sembla baisser ; brusquement, l'air devint glacé, et malgré que le combat prit place en début d'après midi, dans les heures les plus chaudes de Metru Nui, il semblait à présent que le sol se couvrait d'une très fine pellicule de glace ! Et pourtant, nulle attaque contre le Skrall, non, rien de tout cela ; le Makuta était toujours d'une immobilité parfaite, et soudain...Fit un pas, un simple pas, tandis que le sol continuait à pâlir, et que les poussières qui voletaient tout à l'heure en fines tornades se muaient en immobiles colonnes ; car tel était le pouvoir de Shrecki, telle était sa maîtrise des éléments. Il pliait toute puissance, la faisait sienne, et la maîtrisait ensuite comme l'aurait fait un Toa, si ce n'était même mieux. Le public Ko Matoran se mit à hurler d'excitation, tandis que le sol blanchissait à vue d’œil autour de Shrecki, s'étendant même jusqu'à Gladius, preuve du pouvoir du Makuta. Oui, un Makuta, un maître des ombres, et qui paradoxalement usait ici de la glace comme l'auraient faits les meilleurs. Oui, un Makuta, un maître de la Confrérie, et qui paradoxalement usait des pouvoirs Toa avec une aisance toute particulière. Oui, un Makuta, Shrecki, plus impitoyable de tous, et qui paradoxalement n'avait toujours pas porté l'offensive. Mais il n'avait montré en public que sa puissance la plus modeste, et l'étendu de ses possibilités était grande.

- J'avais comme intention d'utiliser une de mes puissances sur vous, Gladius, la mutation, pour vous qui êtes pour ainsi dire si désireux d'évolution...Permanente. Mais j'ai changé d'avis. Vous avez fait l'erreur de laisser à votre adversaire – un Makuta qui plus est – un temps de préparation, ultime preuve de votre arrogance – ou du moins de votre naïveté. Voici l'ultime évolution, Gladius, l'étape finale vers laquelle vous tendez...Votre limite en termes mathématiques.

Car sous son casque, l'armement de Shrecki se modifiait ; les processeurs, boostés par une réorientation des moyens énergétiques, étaient à présent bien plus tournés vers l'attaque. Un Kanohi de mutation, utilisé comme lui seul savait le faire ; caché de tous, mais pourtant si efficace. Il avait donc muté tous les dispositifs de vitesse en lui, les affiliant à présent à une tâche bien plus offensive, sans que ceci ne soit visible, ni possiblement ressenti. D'un pas lent, le Makuta s'avançait toujours vers Gladius. Il était clair que ce ne serait pas un duel de vitesse ; et cela, il allait l'utiliser contre son adversaire. On voyait dans le public de petits nuages de buée, preuve du froid ambiant, qui continuait sans cesse à s'intensifier. Cela avait réclamé une part d'effort chez Shrecki ; mais il maniait les éléments depuis si longtemps que c'était pour lui presque une formalité, que cette concentration. À présent, il était temps. Les préparatifs étaient achevés du côté de Lui ; et Gladius avait commis l'erreur de le laisser dicter son rythme. S'approchant d'un pas calme, il leva sa main gauche, gantée de noir, empoignant solidement le manche de l'imposante faux qui était accrochée dans son dos. Et à son contact, elle lança un éclat blême. Soudain, par une très habile téléportation, le Makuta était derrière Gladius ; les deux étaient dos à dos. Et d'un mouvement ample, le premier se retourna, la faux fendit l'air, son immense lame sur le Skrall ; son tranchant riait, mortel, et les maillons de chaîne qui la rattachaient à Shrecki brillaient du même vert sinistre, dans un cliquetis morbide et plat, l'outil de mort prêt à laisser une blessure dont le chef fantôme se souviendrait...


****

Shrecki
Attaque: 3025+1815 = 4840/3025
Défense: 4100
Rap: 55-55= 0
Energie: 700 - 260 (Kanohi de mutation) - 120 (Scecciû) + 20 (Bonus Scecciû) - 60 (Givre) + 40 (Réduction Givre) = 320/700
PA Utilisés: 2+1 (Scecciû) + 2 (Givre) + 2 (Colonne de glace) = 7/8

Techniques utilisées:

Spoiler:

Bilan:
Kanohi de mutation sur Shrecki, pour baisser sa rapidité à 0, et monter son ATK; 55x33 = +1815 ATK. Utilisation du Scecciû pour lancer deux givres, qui réduisent les prochaines attaques de glace de 40, puis autre givre. Réduction totale: 60. Ensuite, une colonne de glace, qui est donc gratuite, suivie d'une attaque normale.
→ Une attaque normale qui, si elle est encaissée, fera baisser normalement la défense (ici de 940 points au maximum)
→ Une colonne de glace faisant perdre 2 PA si encaissée (compte comme coûtant 60 énergies pour l'esquive)

[HRP] Vu que j'ai un peu de temps je refais le message qui aurait du être posté un ou deux jours auparavant... et je n'aurais pas le temps de relire, alors désolé pour les éventuelles fautes d’orthographe. Voilà, merci de votre compréhension ! [/HRP]

Gladius aurait facilement pu sentir Shrecki se téléporter dans son dos, même les yeux fermés; il aurait de même aisément pu éviter l'attaque qui allait suivre, dans des conditions normales. Cependant - et le makuta pu facilement le sentir - le Seigneur Fantôme se retrouva immobilisé, comme paralysé, alors que la faux se rapprochait à une vitesse alarmante de son corps. Et lorsque la lame de cette dernière transperça l'armure du skrall, le leader rebelle resta de marbre, comme si son organisme entier s'était transformé en une statue inerte. Valae, prise de court, activa en panique plusieurs systèmes de fuite qui permirent au Roi Spectral de s'écarter de son adversaire... après que son blindage ait été complètement déchiqueté au niveau de l'épaule droite, créant une brèche dans les nombreuses couches superposées d'alliages métalliques. A travers l'ouverture ainsi créée, le nouveau chef de la confrérie pouvait facilement sentir les flots d'énergie qui s'évidaient autour du guerrier; cette puissance se déversait sous forme d'une intense lumière, accompagnée de rejets de gaz portés à une température extrême. Plasma, Lumière et Electricité s'unissaient en une véritable tempête, mortelle pour toute créature biologique qui y aurait été exposée plus de quelques secondes. L'IA d'assistance de Gladius lança aussi vite qu'elle le pouvait des mesures de confinement afin d'éviter que l'organisme de ce dernier ne se vide totalement de son énergie en seulement quelques minutes. Alors que des filaments lumineux refermaient la "plaie" avant de se solidifier sous la forme de fibres métalliques souples, Shrecki put ainsi voir - le temps d'un instant - l'intérieur de l'organisme du Seigneur Fantôme. Ce dernier semblait ainsi totalement vide, à part d'étranges formes lumineuses qui dansaient à un rythme frénétique; entre elles, des éclairs surpuissants et des flots d'énergie pure apparaissaient, grossissaient puis s'évanouissaient en permanence; mais, alors que ces courants d'énergie auraient dû être parfaitement contrôlés, maîtrisés et organisés, ils étaient là complètement chaotiques, hasardeux. Une part importante du réseau interne de Gladius ne fonctionnait plus correctement - ce qui expliquait le fait qu'il ne puisse plus décider des mouvements de son propre corps.

Valae lança un scan intégral des systèmes du leader rebelle, mais aucune réponse ne lui vint; l'esprit du Roi Spectral était désormais vide de toute pensée, sentiment ou sensation. L'entité artificielle paniqua et tenta de pénétrer dans le mental de son maître, mais ne sentit rien d'autre que le néant. Gladius semblait avoir entièrement - et définitivement - disparu, comme effacé par un sort lancé par Shrecki. Puis le silence de mort fut brisé, remplacé par une cacophonie infernale. La peur envahit l'esprit de l'IA, alors qu'elle était noyée sous un flot d'informations chaotiques. Aucune donnée ne semblait cohérente, mais toutes codaient la même sensation: la Douleur. Pas un simple Mal corporel, non. La véritable Souffrance, qui emplissait désormais entièrement l'être du Seigneur Fantôme. Son corps, son esprit, son âme... tout n'était plus que douleur, souffrance, désespoir. Valae dut très rapidement se retirer hors de l'esprit de Gladius avant de devenir tout simplement folle. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, alors qu'elle tentait tant bien que mal de contacter son maître. Le Roi Spectral semblait perdu dans ses propres méandres, happé par un lugubre tourbillon de douleur. Cependant, au bout de quelques secondes, un message parvint enfin à l'entité artificielle; un simple texte, très pauvre en informations. Aucune sensation, aucun sentiment n'était codé. Seulement des lettres, qui témoignaient de la situation dramatique dans laquelle Gladius se trouvait désormais.

- Il fallait bien que cela arrive un jour... mes prévisions étaient totalement dépassées depuis le début. Les pouvoirs du masque de mutation ont complètement transformé notre adversaire, et mes mises à jour sont d'ores et déjà obsolètes, inutilisables; de plus, l'activation de la totalité des systèmes de combat a eu un effet plus que désagréable, presque fatal, même. Comme je le craignais, mon organisme a évolué bien trop rapidement, à un rythme tel que mon esprit lui-même n'est plus adapté à mon corps. Mon âme de Skrall, originaire de Bara-Magna, ne peut pas supporter un réceptacle provenant de l'univers matoran. Durant les mois précédents, j'étais arrivé à ralentir - voire à stopper - ce phénomène de rejet. Cependant, la désactivation des barrières et brides énergétiques qui retenaient la grande majorité de ma puissance a fait déferler dans mon réseau un torrent d'énergie que mon esprit n'a pas supporté...

Mon propre organisme rejette mon esprit, comme tôt ou tard les défenses immunitaires de cette univers tenteront de nous rejeter hors du corps de Mata-Nui. J'avais cru pouvoir faire cohabiter habitants de la Planète des Sables et créatures des Grands Êtres. J'avais pensé que je pourrais sauver tout le monde, mais cela est tout simplement impossible. Même si je décidais de m'allier à l'Ordre et à la Main, la Confrérie réduirait cette Paix en cendres. Je dois me résoudre à rejeter tous mes espoirs d'un équilibre entre nos deux mondes. Nous devrons donc de nouveau nous préparer à la guerre. Bien sûr, nous ne la provoquerons pas; nous renforcerons nos défenses sur Voya-Nui, jour après jours, nuit après nuit. Nous tenterons de sauvegarder autant que possible la situation actuelle, mais en savant pertinemment que même les plus fervents défenseurs de la paix de cet univers finiront par nous agresser. Les pertes seront nombreuses, les souffrance plus encore; mais nous devons accepter de payer ce prix, pour défendre notre liberté et plus important encore, pour défendre nos familles.

Une fois de plus, nous ferons la Guerre; une fois de plus, gloire et déchéance côtoieront autant la victoire que la mort. Mais après tout, il ne s'agit que d'une routine que nous connaissons très bien, surtout après cent milliers d'années de guerre et de désespoir. Cependant, la situation a changé désormais: les conflits ne seront plus portés sur notre terre natale. Dans nos villages, nos tribus, et pour la première fois depuis des temps immémoriaux, l'espoir a enfin retrouvé sa place. La Souffrance n'a pas disparu, pas plus que la peur de disparaître: mais nous pouvons maintenant nous dire qu'un destin autre que l'oubli ou le néant nous attend. Notre démographie est en véritable envol depuis l'arrivée de l'univers matoran dans notre monde... et cela ne fait que commencer. Dans quelques années, nous serons de nouveau une civilisation; dans moins d'une décennie, nous régnerons de nouveau comme jadis sur notre planète. Mais pour cela, nous devons accepter de changer, à notre façon. Nous devons évoluer comme la Nature nous l'aurait permis de faire - et pas de la façon dont les Grands Êtres ont manipulé leurs créations. Je dois trouver ma propre voie, montrer le chemin à tous les Fantômes. Je dois abandonner ce futile rêve de copie, de ressemblance avec les habitants de ce monde. Je dois désormais me détacher de tout ce qui me fait Habitant de l'univers matoran, devenir un véritable Spectre des Sables. Cette opération risque d'êtres longue et très difficile, et c'est pourquoi j'ai besoin de toi, Valae.

Je te cède le contrôle de tous mes systèmes; étant toi-même originaire de l'univers matoran, tu n'auras aucun problème avec ce phénomène de rejet; certes, tu ne t'es jamais servie de la totalité des systèmes de contrôle de mon organisme, mais je suis sûr que tu sauras parfaitement te débrouiller. Notre objectif n'est plus la victoire désormais, mais bien la survie face à notre redoutable ennemi. Fais en sorte que nous soyons encore debout à la fin de ce combat, pour continuer à mener les Fantômes des Sables vers notre Renaissance. Quant à moi, je vais de nouveau faire modifier ce corps; une dernière modifications volontaire, une dernière manipulation analogue à celle des Grands Êtres, afin cette fois d'effacer au mieux leur trace. A mon retour, je serai toujours le Seigneur Fantôme, je serai toujours Gladius; je serai toujours le Fils de Guerre, mais je ne serai plus l'Hybride, l'Enfant des Deux mondes, le Voleur de Savoir. Je serai l'évolution des Skralls en tant qu'espèce.

Valae lut très rapidement le message plusieurs fois afin d'être sûr de ce qu'elle allait faire; elle prit donc les commandes de l'organisme de son maître, sans qu'aucune sécurité ne l'en empêche. L'instant d'après, elle voyait par les yeux de Gladius, percevait par les capteurs et senseurs de ce dernier, réfléchissait grâce à une partie de ses systèmes de réflexion. Et enfin, elle put comprendre la véritable nature du Roi Spectral; l'esprit de ce dernier, auparavant un réseau de neurones, était désormais ancré dans son armure sous la forme d'un hologramme extrêmement évolué, qui pouvait facilement se disperser en millions de programmes, se multiplier ou prendre différentes formes. Il ne s'agissait donc ni plus ni moins d'un flot d'énergie pure, totalement incompatible avec le mode de pensée d'un habitant de Bara-Magna. Le réseau de puissance semblait donc se recroqueviller sur lui-même, s'altérer et se détruire; cependant, Valae, pouvait également sentir la conscience de Gladius, qui manipulait une dernière fois sa propre nature, transformant peu à peu sa forme d'existence. Elle devait donc lui donner du temps, assez pour qu'il puisse arriver à un résultat satisfaisant avant qu'il ne disparaisse suite aux fluctuations chaotiques qui bouleversaient continuellement son réseau holographique. L'IA d'assistance se connecta au Némésis GS-1, qui lévitait toujours silencieusement au-dessus du Colisée, et désactiva les systèmes d'armes, de protection, de survie et de détection de ce dernier. Seuls les générateurs à antigravité furent maintenus en marche, ainsi que les aérations pour permettre à l'équipage de ne pas suffoquer.

La puissance de calcul ainsi libérée fut directement transmise à Gladius, qui put ensuite travailler bien plus rapidement sur la dernière modification qu'il apporterait lui-même à son corps; après cette ultime manipulation, seule la Nature elle-même déciderait ensuite de ce que serait son avenir. Valae put enfin se concentrer à nouveau sur le combat qui l'attendait; elle fit rapidement un rapport des systèmes de combat. Les résultats étaient plutôt alarmants; la simple attaque de Shrecki avait complètement enfoncé les défenses magnétiques et cinétiques, même si les réparations avaient permis de remettre à neuf les couches de blindage; de plus, l'IA d'assistance n'avait pas accès aux micro-propulseurs qui auraient permis d'esquiver n'importe quelle attaque de la part du makuta, ce qui la laissait à la merci de ses coups. L'entité synthétique devait cependant juste gagner du temps, non penser à reprendre l'avantage - et tant pis pour Tesara, la Confrérie n'aurait qu'à se débrouiller avec l'Empire. Valae passa quelques instants à réfléchir, puis décida de la marche à suivre avant de passer à l'action. Elle activa ainsi l'ouverture de plusieurs interstices dans l'armure de Gladius, libérant une série d'ondes destructives aux effets disrupteurs sur les pouvoirs; les maîtres élémentaires à l'intérieur du Colisée purent immédiatement sentir leur contrôle diminuer sur leur propre puissance; ainsi, il leur faudrait plus d'énergie pour maîtriser leurs éléments et lancer d'éventuelles attaques. Ce phénomène créait de plus des "rebonds" sur les cibles élémentaires touchées, avant de retourner à l'organisme du Roi Spectral. Valae pouvait facilement recycler ces ondes énergétiques secondaires pour faciliter ses prochains mouvements, qui lui seraient plus économes en énergie...

***

Pouvoirs utilisés:

Récapitulatif:

Spoiler:

Energie totale utilisée: 142 pts
PA totaux utilisés: 8/8
Dégâts envoyés: Aucun
Dégâts reçus: Aucun

Gladius:

Une question cependant: comment utiliser la technique frappe en traître, utilisable uniquement en combat d'arène, qui inflige des dégâts aux points de vie alors qu'il est interdit de toucher aux points de vie de l'adversaire en combat d'arène ?

[Note à Gladius: dans le RP je décris l'utilisation d'un Kanohi, mais n'en tiens pas compte, ce n'est que pure RP.]

Combat ? Qu'était-ce donc que cet affrontement ? Non, ce n'était pas un affrontement. Mais qu'était-ce alors ? C'était bien un bras de fer pourtant, entre deux meneurs de faction, un choc de conviction, le combat éternel entre guerre et paix, ici élégamment réglé dans un duel, qui tout en gardant toute la noblesse de la politique, ôtait à la guerre ses massacres et son lot de sang. Shrecki avait frappé, d'un coup surpuissant qui, dépassant toutes ses attentes, avait ouvert une monstrueuse cicatrice dans le blindage de son adversaire avec un bruit strident. Mais sitôt cela fait, une énergie folle s'était échappée de cette plaie, du plasma et de la foudre suintaient, et de la lumière bien évidemment. Le Makuta fit tournoyer sa faux ; et le plasma qui s'y trouvait disparu, en fumée épaisse et grise, qui fit l'effet d'un minuscule nuage d'orage, au milieu d'un zénith azuré. Le casque silencieux réfléchissait. Il sentait ces énergies, bien que ne les voyant pas, et les capteurs installés dans ses systèmes de contrôle – essentiels à tout Makuta pour s'assurer de la survie de son armure, et donc de lui-même – confirmaient ses sensations de maître élémentaire ; il s'agissait bien d'électricité et de plasma. Ainsi, le Skrall avait mené une autre évolution. L'intérieur de cette armure était comme une véritable bombe, comme une étoile. C'était une centrale d'énergie, à n'en pas douter, et c'était également le siège de l'esprit de Gladius. Mais la flamme face à lui vacilla un instant, et le Makuta observa, plongé dans son mutisme habituel ; car son ennemi ne bougeait pas, immobile, comme figé. Un instant, on aurait pu croire qu'il avait été tué sous le coup, foudroyé par la puissance qui l'avait tranchée. Mais Shrecki savait fort bien que ce n'était pas le cas, non...Gladius s'approchait à présent bien plus du Makuta, une énergie menant une armure. Et le Makuta passa à côté de son ennemi immobile, car il ne le frapperait pas, pas pour l'heure ; il passa dans le nuage énergétique qui dégoulinait de son ennemi, de cette brume jetée devant lui. À son contact, la foudre se ploya, le plasma, comme un fluide, prit un cours inattendu, et toute cette cacophonie élémentaire vint dans la main ouverte, paume vers le ciel, du meneur de la Confrérie, et là elle s'y engouffra, disparaissant par quelque mystère dans son gant noir, comme dévorée par le tissus – à moins que ce ne fut de l'acier, mais alors plus sombre que tous ceux ayant vu le jour jusque là.
En absorbant les énergies, Shrecki saisit alors pleinement la nature du Fantôme, et saisit également ce qui semblait être la cause de son immobilité. Car les énergies étaient férales, et n'obéissaient à aucun ordre, n'étaient régies par nulle conscience. Sans le moindre doute, Gladius subissait il un surplus énergétique, tout bêtement une surchauffe. Comme Shrecki le lui avait dit, son esprit, son être n'était pas, ne faisait pas parti du Monde Matoran ; en ce point au moins avait il eu raison. Car il était sage d'assumer son adversaire comme terrassé mentalement par cet anormal afflux énergétique ; ce qu'un Toa novice aurait ressenti, une douleur certes, mais passagère, et rapidement dissipée, s'avérait pour un Skrall être visiblement la pire torture. Quelle douce ironie. Le destin avait fait Gladius proche des Makuta, et c'était à présent un Makuta qui le rappelait à sa nature de Skrall. Le trait avait de quoi amuser. Mais le meneur de la Confrérie ne riait pas, pas plus qu'il ne respirait. Silence était sa seule parole, et lorsqu'il recula, tandis que l'armure de Gladius se reconstruisait, ce n'était pas plus par peur que par arrogance ; il avait repris l'exacte position qu'il tenait lors du début du combat, tandis que Gladius avait reculé, sous la violence du coup. Soudain, Shrecki sentit une onde se propager, se propager partout. Sous l'attaque, une lumière parvint de sous son Kanohi, et l'air vrombit d'un son sourd ; un son, ou une déformation, toujours fut-il que les ondes ne l'attinrent pas, ou du moins n'en sembla-t-il pas affecté. Cela ne le laissa pas moins pensif. Quelles étaient ces ondes ? Et comment le Skrall pouvait il les utiliser ? Les utilisait-il à sa volonté, ou était-ce tout aussi accidentel que ses « fuites » quelques dizaines de secondes plus tôt ?...Non...Non, ce n'était pas un accident ; car il se remit à bouger aussitôt, et la faux de Shrecki tournoya entre ses doigts ; le combat reprit, toujours aussi féroce et impitoyable – mais le Makuta n'utilisait sa faux que d'une main à la fois. Gladius attaquait de ses avant-bras, qui étaient de diamant, et le Makuta répliquant de sa lame, renvoyant en arrière le Skrall malgré son poids, et de sa lame allongeant des bottes, et de son manche même portant l'assaut. Si combat c'était, alors plus féroce que tout autre qu'on eût vu dans le Colisée jusque là. Le temps passait, l'heure tournait. Shrecki frappa à nouveau, sa lame rencontra le diamant, qui s'en fissura, manqua de céder, mais parvint à le repousser. Le poing du Glatorian, comme guidé par un instinct, tenta une frappe, mais intercepté par la main libre de son adversaire, qui le saisissant alors au poignet, l'envoya à plusieurs mètres de distance. Le Glatorian se rattrapa par ce qui semblaient être des ailes. Etrange...Les tous premiers échanges avaient été d'une rare violence, mais à présent, le Skrall combattait toujours sur la défensive. Il était probable qu'il tente en réalité d'expulser le surplus, son anomalie énergétique, en jouant sur le temps. Car en effet, la nuit était tombée, et c'était à présent sous une lumière artificielle, blanche, que les deux se livraient bataille. La température s'était refroidie, comme en témoignaient les multiples petits nuages que projetaient les Matoran, en respirant, et en refroidissant ainsi leurs systèmes internes. Son ennemi tentait de gagner du temps. *Grossière erreur*, songea Shrecki. Car à présent la nuit venue, il était plus que jamais dans son élément. En plein midi, le Skrall avait peut être une chance de lui porter un coup décisif, mais plus à présent. Ce duel penchait en la faveur du Makuta, et cela même Gladius le savait.

Lui qui prônait la paix, il se montrait aveugle. Ou bien trop courageux. Car ce combat, il ne l'emporterait pas. À quoi servait donc de vouloir s'entêter ? Pourquoi vouloir résister à tout prix ? Il aurait dû jeter à terre les boucliers renforçant ses avant-bras depuis longtemps, et déclarer sa défaite. Car depuis midi, il n'était guère qu'à défendre. Et les ténèbres venues, le Créateur Noir serait inépuisable, aussi longtemps que la nuit durerait. Si une après-midi entière de coups et de parades aurait fatigué n'importe quel maître d'arme, ce n'était pas le cas de lui et ses frères d'Ombre. Mais ce n'était là qu'une habitude pour lui, non son véritable tour de force avait été de maintenir la température dans l'arène extrêmement basse pour tout ce temps, surpassant par son acte bien des Toa et Skakdi de Glace. Le Makuta fit une énième fois tournoyer le manche de sa faux entre ses doigts, tandis que résonnait un sinistre cliquetis. Sous la fausse lumière, le pâle éclat de son arme était bien plus visible, et on eût même dit un halo par sa force ; les maillons s'entrechoquaient avec un crissement inquiétant : on aurait que l'acier froid riait, un rire mort et terne. Le casque d'acier ne renvoyait nul reflet, et seul l'ample manteau violet cramoisi semblait appartenir un tant soit peu à la réalité, chez le Makuta comme dans l'affrontement tout entier.
Mais soudain, de multiples messages apparurent dans le communicateur de Shrecki, messages d'alerte divers. Les défenses informatiques du Colisée étaient piratées en direct. L'origine de cette attaque ? Le Némésis au dessus de sa tête, selon les signalements de la source. Le Maître de la Confrérie fit immédiatement jouer tous les systèmes qu'il avait mis en place ; ce n'étaient pas des barrières qu'il avait mis, c'étaient des pièges. Les véritables informations se rétractèrent, comme un mollusque dans sa carapace, tandis qu'étaient jetés en pâture un âpre nuage d'encre, une désinformation pure et simple, un virus de la pire espèce.  L'attaquant se retrouva assiégé, tandis que les informations diverses tombaient. Dans le masque du Makuta, des dizaines de soldats et lieutenants fantômes passaient, plusieurs centaines dans chaque seconde, puis des rapports, des missions. Les protections fantômes n'étaient nullement adaptées à une technologie telle que celle du Colisée. Ils avaient beau posséder un glorieux passé peut être, leurs moyens actuels étaient ce qu'ils étaient...Loin d'être à la hauteur de la Confrérie donc en terme de logistique informatique, sans doute en revanche en terme d'armée. Mais ils venaient d'hériter de fausses informations...En partie. Ils étaient bien pénétrés dans les systèmes du Colisée, oui. Mais un complexe système de redirection avait livré les informations sur d'autres, mais pas sur la Confrérie ; quelques noms de l'Ordre et de la Main, et surtout, le leurre majeur, de faux dossiers des Makuta, des noms morts qui n'existaient plus que dans les annales de l'organisation, et des noms des Envoyés des Grands Êtres. Rien qui puisse être de la moindre utilité dans la guerre présente. Mais cela, les ennemis n'en savaient rien. Œuvrer dans l'ombre, telle était la force de la Confrérie. Et ses effectifs étaient inconnus de tous, si ce n'était de ses membres. C'était sur ce point que le Seigneur Fantôme serait floué, aillant grappillé des noms ayant existé, oui, mais de fantômes dont personne n'avait jamais eu connaissance. De quoi l'occuper un bon moment.

Shrecki était-il furieux de cette attaque ? Était-il ne serait-ce qu'un peu en colère, chose que l'on aurait pu espérer après un tel affront ? Gladius était aussi honnête qu'une vipère malédiction. Lui qui disait n'avoir effectué de pillage technologique qu'une seule fois, il avait tenté juste à l'instant de recommencer le même vol, devant même son propriétaire, une insulte à peine dissimulée...Mais à la vérité, il éprouvait une forme de satisfaction. Satisfaction, car il savait que tôt ou tard, quelqu'un tenterait de mettre la main sur les informations du Colisée, et avait érigé des défenses inédites, ingénieuses pour cela. Piéger son ennemi sur deux fronts à la fois était un luxe qu'il n'avait pas pensé s'offrir, et qu'il avait réalisé à sa surprise. Mais il ne devait pas donner cette information à son ennemi ; il ne devait pas montrer sa victoire, et il livrerait cette dernière à l'Obscurité qui était son alliée, car l'ignorance était le meilleur poignard qu'il puisse tenir dans le dos du Fantôme, et invisible aussi, en cela bien plus dangereux, amplement plus létal. Pour contrefaire un énervement, une défaite de rage, il s'élança soudain sur Gladius, et sa faux racla le protodermis qui constituait le sol, y laissant une longue balafre. Et le combat reprit là-dessus. Le Fléau des Dirigeants, le tueur de meneurs était à présent sur Gladius, aussi grand que lui – non plus grand, renforcé dans son pouvoir par la Nuit. Il étendit une main, et le sol soudain se couvrit de glaces, et si épaisses qu'elles enserraient déjà les pieds du Skrall, remontant le long de ses jambes à une vitesse ahurissante, solides comme un roc, froides comme l'abîme, dont émanait une fine brume, et pâle. Le but de l'opération était simple : ralentir les mouvements de son ennemi au maximum. Le premier coup de glace livré, Shrecki se glissa derrière le colosse, tout en armure et en apparences. Lui n'était pas là pour mener les foules, il n'était pas là pour parler de principes séduisants à tous, de libertés individuelles, de paix, mais il était là pour l'Acte, et pour la résolution de ce terrible spectacle. Sa faux tournoya, allongeant une première feinte, que son ennemi repoussa de ses poings ; et ces derniers se couvrirent d'une pellicule blanche et solide, en rencontrant le manche vairon de l'arme. La contre-attaque lancée par l'entité cybernétique qui, à l'insu de Shrecki, dirigeait Gladius, rencontra le même échec ; un contact avec la main du Makuta, le bras tout entier se couvrit de glace, gelant à une vitesse terrifiante. Tournoyant, le Makuta passa derrière son ennemi, et le manche de sa faux frappa aux jambes l'adversaire, que ces dernières furent ou non piégées dans un linceul de glace. Une pellicule supplémentaire se forma,  tandis que son ennemi tombait au sol, au niveau de tout son corps cette fois-ci. Les chaînes cliquetèrent comme des phalanges. Le sol tout entier semblait tenter de l'enlacer dans une torpeur terrible, et l'étau gelé avait une poigne froide et mortelle ; les multiples caméras qui retransmettaient le spectacle holographique auraient montré la blancheur rampant sur l'armure bleu et or comme autant de mains avides de le retenir, taisant la splendeur, muant la richesse en un miroir pâle, un miroir qui ne transmettait aucune lumière bien qu'il fut translucide, une glace comme seul un être de ténèbres en aurait produite. La voix du Makuta s'éleva comme un tonnerre malgré son calme, car il prenait pour la seconde fois la parole depuis le début de l'affrontement, et après le chant des armes, la tonalité distante et feutrée, le timbre décoloré de ses paroles était un contraste à vous faire tourner la tête ; un frisson passa d'ailleurs dans le public, un frisson de surprise et d'effroi. Non, Shrecki n'inspirait pas la sympathie. Une part du public était d'ailleurs, malgré son allégeance à la Confrérie, secrètement pour la victoire de Gladius, bien plus aisé à admirer. Le Fantôme était semblait-il tout ce qu'il y avait de bon dans cet univers après tout, il était la lumière, il était la joie et la paix, il était la stabilité, il était l'honnêteté, là où le Makuta était l'horreur, le meurtre dans les recoins reculés loin de tout témoin, et le sang versé au nom peut être même de quelque rituel oublié, dans les ténèbres froides et gluantes où il était né, il y avait de cela tant d'années.

- Vous pensez peut être que vos ridicules ondes sauraient taire mes pouvoirs ? Sentez la chaleur quitter votre corps Gladius et découvrez votre erreur, découvrez votre erreur tandis que vos jointures givrent, et tandis que ma victoire approche...

Une pique à l'encontre du Fantôme, lui reprochant bien évidemment une action qui s'était montrée pourtant très audacieuse ; réduire l'emprise d'un Makuta sur son élément réclamait non seulement un accès à une technologie puissante – ou tout du moins à une grande quantité d'énergie pour produire l'onde nécessaire, mais aussi d'une maîtrise non négligeable. Réduire l'emprise que quelqu'un avait sur un élément..Qui d'autre que le Maître avait fait telle chose, interdisant aux Makuta la téléportation par son immense pouvoir ? Nul n'aurait pu, si ce n'était lui, se targuer de tel exploit. Le Makuta reprit son attention sur le combat. La première fois, il avait laissé le temps à l’idéologue d'user d'énergies pour réparer son armure en un rien de temps, encore que cela lui provoqua ensuite un étonnant...Moment de battement, le mot devait être approprié ; toute l'action qu'il avait menée cette fois avec le givre n'avait qu'un but, de l'empêcher de jamais recommencer telle régénération. Cette fois, le coup Gladius ne l'éviterait pas, et il ne se soignerait pas. Shrecki posa sa seconde main sur le manche de sa faux, et la leva haut en l'air. Au-dessus d'elle, on pouvait apercevoir les étoiles, distantes, mais indénombrables, qui brillaient d'un éclat joyeux et optimiste, telles des dizaines de joyaux façonnés dans une voûte d'obsidienne. Et tout autour, la foule, pleine de vie, d'un silence presque religieux, Agoris comme Matorans, qui fixaient les deux avec la même ardeur, la même soif du dénouement sans distinction/ Mais l'arme du Makuta était plus brillante encore que les étoiles, plus brillante que les deux lunes de Mata Nui, d'une lumière qui semblait siphonner l'espoir, et taire les rires. Le public était-il silencieux par la simple vue de l'arme ? Le spectacle retransmit en direct parlait pour lui même. Gladius au sol, partiellement, ses systèmes lui permettraient sans doute de défendre un tel coup ; mais ses blindages ne le lui pardonneraient pas. Au-dessus de lui, se dressant, menaçant par sa neutralité, le dirigeant de la Confrérie, livrant son jugement dans son manteau de solitude, son armure d'anonymat, ses chaînes de guerre, ses chaînes d'identité ; et la faux retomba, dans un rire fou d'acier et d'armures déchiquetées, de boucliers déformés et de heaumes fendus, et de caparaçons éventrés. Sous le casque de Shrecki, Gladius aurait alors pu apercevoir, entre les lamelles de métal sans éclat une lueur, ses yeux ; et ils étaient tout pareil à la faux, d'un vert d'eau éthéré. Mais eux ne riaient pas, non. Ils pleuraient d'une soif d'âme, et réclamaient derrière de creuses orbites un tribu de sang que de Gladius ils ne pourraient obtenir.

Combat ? Qu'était-ce donc que cet affrontement ? ...Non...Ce n'était pas un affrontement. C'était une exécution.


****

Shrecki
Attaque: 4840/3025
Défense: 4100
Rap:  0
Energie: 320 - (60x1.25 -60)x4 = 260/700
PA Utilisés: 2 (Colonne de Glace) x 4 = 8/8

Techniques utilisées:

Spoiler:

Bilan:
Chaque colonne de Glace fait perdre à Gladius 2 PA si encaissée (à esquiver comme technique coûtant bien sûr 75 énergie et 2 PA). Il y a un total de quatre colonnes (pour 8 PA) Une attaque normale lancée également (baisse de 940 points de défense pour Gladius si encaissée).

[HRP] Je note tout d'abord les techniques utilisées, je modifierai ce message demain pour RPer... cependant Shrecki tu t'es trompé dans tes calculs --> tes colonnes de glace ne coûtent pas 90 pts d'énergie mais seulement 75 (60 x 1,25 = 75), le multiplicateur d'énergie n'étant pas le même que le diviseur. [/HRP]

Pouvoirs utilisés:

Récapitulatif:

Spoiler:

Energie totale utilisée: 106 pts
PA totaux utilisés: 8/8
Dégâts envoyés: Aucun
Dégâts reçus: Aucun, mais perte de 4 PA pour le prochain tour.

Gladius:

[Les PA ne sont pas reportés d'un tour sur l'autre Gladius. Tu perds 8 PA ce tour, tu ne peux pas les distribuer comme "4 ce tour, les autres au prochain", car les PA se réinitialisent à chaque tour. Tu ne peux donc pas lancer Déséquilibre, ni Dévoreur. Que tu évites ou non les colonnes de Glace, tous tes PA passeront dedans. Par ailleurs Dévoreur n'est pas affecté par son propre effet, n'étant pas une technique physique mais spéciale.]

[Sur Voya-Nui, Raidark a utilisé la technique de la Main de Pierre, qui est exactement la même que la Colonne de Glace (sauf pour l'élément); il est bien marqué que les PAs seront perdus au prochain tour. Sinon, c'est qu'il y a eu des modifications de pouvoirs sans que les joueurs en aient été informés ! Auquel cas, je demande un combat RP pour permettre un combat plus équitable: Le masque de mutation était censé avoir été nerfé (alors qu'il ne l'a été que partiellement); si en plus on change des règles sans me tenir au courant, j'estime avoir été floué.]

https://www.youtube.com/watch?v=x5JvbD2Zc9I

La lame de la faux descendait à une vitesse ahurissante, semblant trancher l'air et la légère brume qui se formait au contact de la glace entourant le corps de Gladius. Shrecki avait usé d'un puissant pouvoir de glace - capacité qui n'aurait pas dû se trouver entre les mains d'un makuta. Valae pouvait voir le métal se rapprocher d'elle, au ralenti, sans toutefois pouvoir agir; les systèmes de l'armure étaient fortement ralentis par l'épaisse couche de glace qui la recouvraient, et même si sa conscience était assez rapide pour préparer quelque chose, les membres du Seigneur Fantôme n'auraient pas été assez rapides pour répondre à ses ordres. Le givre qui entourait le colosse de métal modifiait le parcours des rayons lumineux à travers les cristaux de glace, et déformait la vision du Colisée que se faisait la créature synthétique à travers ses capteurs lumineux. Un étrange éclat verdâtre semblait recouvrir la Grande Arène toute entière, floutant les détails que Valae pouvait auparavant percevoir; mais elle percevait parfaitement la longue lame effilée qui se rapprochait encore et toujours d'elle, telle une avalanche. Inflexible, inévitable, et surtout mortelle. L'intelligence artificielle réussissait peu ou prou à garder son calme, à ne pas paniquer; cependant, elle était toujours très inquiète pour son maître et ami, qui ne donnait toujours aucun signe de vie. Le skrall restait toujours introuvable, comme inexistant. Il semblait avoir été totalement effacé de la réalité, comme s'il n'avait jamais vu le jour. Les traces mêmes de ses anciennes actions avaient été nettoyées à l'intérieur de son organisme, comme si le réseau holographique et énergétique qui animait l'armure du Roi Spectral avait décidé de détruire jusqu'à la dernière parcelle de tout ce qui ne provenait pas de l'univers matoran à l'intérieur du corps du natif de Bara-Magna.

Quelle ironie... après des mois d'effort pour se faire accepter à l'intérieur du corps de Mata-Nui, c'est de son propre organisme que Gladius se retrouvé désormais rejeté, expulsé. Il avait peut-être déjà été totalement annihilé, ce qui aurait expliqué son long silence. Cependant, Valae n'avait pas perdu espoir; sans pouvoir expliquer pourquoi, elle sentait que rien n'était encore perdu. Certes, le combat ne pouvait désormais plus aboutir à une victoire de sa part; les actions de Shrecki s'étaient révélées bien trop dévastatrices, bien trop efficaces pour elle; encore novice au combat réel et nullement préparée à affronter un maître élémentaire, la créature synthétique n'avait aucune chance; Gladius, aux commandes de son propre corps, aurait peut-être pu tenir tête au makuta. Mais isolée de son plus puissant allié, Valae était vulnérable, affaiblie, perdue. Elle s'était cependant bien débrouillée avec les ressources à sa portée, se battant bien plus ardemment que ce que le Seigneur Fantôme aurait espéré d'elle. La créature synthétique était dominée, mais bien moins qu'elle n'aurait pu l'être. L'intelligence artificielle reprit courage en repensant à tout ce qui reposait désormais sur ses épaules: le destin des rebelles tout entier pouvait être dicté par l'issue de ce combat. Et même si elle était vaincue, la façon dont elle perdait ce combat comptait au moins autant que le résultat en lui seul. Elle se devait d'agir, de ne pas se laisser abattre. Même si pour cela elle devait se mettre elle-même en danger, elle n'allait pas permettre à Shrecki de rabaisser totalement Gladius. La lame de la faux se trouvait désormais à seulement une dizaine de centimètres de la "peau" du leader rebelle, prête à la perforer; et cette fois-ci, pris dans une épaisse gangue de glace, l'épiderme métallique ne pourrait pas refermer la plaie qui lui serait causée. Mais il restait tout de même une solution; dangereuse, certes, mais Valae n'avait désormais plus le choix. Il était temps d'agir.

L'intelligence artificielle prit le contrôle des milliards de fibres métalliques qui composait l'armure du Roi Spectral. Chacune d'elle était formée d'énergie pure, solidifiée sous la forme de métal. La moindre particule qui les formait était liée à ses voisines par une puissance dévastatrice mais également très hasardeuse, peu contrôlable. Ainsi, lorsque Valae réduisit à néant ces fameuses liaisons, la plupart de l'énergie libérée fut dirigée vers le sol ou le ciel, perdue. Cependant, une petite partie de cette force put être contrôlée, et concentrée directement en direction de Shrecki. Un puissant flash de lumière aveugla le stade tout entier, obligeant les spectateurs à se couvrir les yeux pour ne pas être affectés durablement. Le makuta ne put comprendre ce qui se passait, alors qu'il était propulsé en arrière; une onde de choc titanesque fissura le sol du Colisée, qui se retrouvé lézardé de part en part, désormais traversé par de longues et sinueuses failles. La créature synthétique n'avait désormais plus une seconde à perdre, et comptait bien profiter de chaque instant pour prouver qu'elle n'était pas qu'une simple "assistante", mais bel et bien une alliée sur laquelle Gladius pourrait toujours compter. La glace s'était instantanément sublimé autour du corps de Gladius, alors que le protodermis avait fondu sous lui. Valae put tout de même se relever et foncer sur son adversaire malgré l'épais brouillard qu'elle venait de créer en dispersant les glaces qui l'entouraient quelques dixièmes de seconde plus tôt. L'air se transformait en plasma à son contact, le sol se liquéfiait sous ses pas. Un grondement retentissait dans tout le Colisée, alors que les spectateurs ne pouvaient plus rien voir de ce qui se déroulait en centre de la Grande Arène, envahie par le brouillard et les ténèbres.

Le froid de mort avait désormais été balayé, remplacé par une puissante vague de chaleur. Le makuta pouvait percevoir une grande puissance se rapprocher de lui, sans toutefois pouvoir agir à temps pour esquiver l'assaut qui allait suivre. Valae était désormais emprise d'une fureur folle, incontrôlable; l'énergie qui l'envahissait avait complètement saturé ses processeurs de personnalité et d'émotions, l'empêchant de reprendre son calme tant que l'énergie qu'elle maîtrisait ne fut pas tarie. Shrecki aurait senti cette colère même s'il fermait son esprit au monde extérieure; ce courroux, émotion brute, était désormais transporté par l'énergie qui affluait de l'organisme mis à nu du Seigneur Fantôme. Seule une silhouette de lumière pure, semblant être solidifiée, se déplaçait maintenant à une vitesse ahurissante à travers le grand stade. Valae arriva très rapidement au niveau de son adversaire, se contentant de frapper devant elle d'un monumental coup de poing, rappelant la foudre par sa vitesse et la lueur que dispensaient les membres du Roi Spectral. Le makuta prit le coup en plein torse avant d'être éjecté à plusieurs dizaines de mètres sous la force de l'impact; lorsqu'il percuta le sol, les frottements entre ce dernier et l'armure métallique de Shrecki créèrent de nombreuses étincelles, illuminant encore plus le brouillard opaque de l'intérieur. Valae n'avait aucun mal à discerner son adversaire à travers la brume, s'aidant de son sonar; cependant, l'air chauffait très rapidement au contact du corps énergétique de Gladius, causant très vite des courants aériens entre les différentes couches de gaz plus ou moins réchauffées. Les vents ainsi créés révélèrent presque immédiatement la scène aux spectateurs présents dans le Colisée. Le guerrier de lumière marchait, droit et fier, en direction du ténébreux assassin, couché à son tour au sol. La situation semblait s'être totalement inversée, alors que Valae ne reprenait toujours pas le contrôle de ses émotions. Cependant, le corps du Seigneur Fantôme était désormais mis à nu; il ne semblait certes pas blessé, mais l'absence d'armure causait une perte continue, importante et irrémédiable d'énergie, qui ne pouvait se solder - tôt ou tard- que par la mort de ce dernier - à moins qu'il ne parvienne finalement à transformer une nouvelle fois son corps afin de retourner à son état d'origine, organique et natif de Bara-Magna.

"L'exécution" semblait avoir été retardée, désormais remplacée par un combat d'égal à égal... un combat contre la montre pour la Fantôme, alors que son aura de lumière chassait la moindre parcelle de Ténèbres du grand Colisée. Et, dans toute la Cité des Légendes - ou même au-delà - le message se propageait rapidement, aussi vite que le pouvait n'importe quelle rumeur: un guerrier originaire de la planète des sables tenait tête à l'un des plus puissants maîtres élémentaires de ce monde...

[Situation réglée par MP, donc j'accepte le combat RP, dans ma grâce infinie :p]

Gladius venait de frapper ; le Makuta d'un saut périlleux, s'était retrouvé au sol, glissant sur ses bottes d'acier. La friction avec le sol générait des gerbes d'étincelles et de poussières, tandis que lui se tenait plié, pour ne pas perdre l'équilibre et ne pas chuter, glissant à pleine vitesse sur le protodermis qui crissait à son contact ; de loin, on l'aurait cru allongé au sol, ce qui n'était pas tout à fait vrai, pas pas tout à fait faux, puisqu'il était plus allongé que levé, techniquement. Le cerveau de Shrecki fonctionnait à pleine vitesse. La lumière, avec un formidable éclat, avait chassé toute ombre du Colisée, et Gladius semblait un phare lumineux, comme ce que certains aimaient à appeler Anges, des juges qu'ils imaginaient dans l'Après Vie. Le poing livré par son ennemi avait laissé une trace énergétique, vite absorbée par l'Autre. Et l'air lui-même était chauffé à blanc par la nouvelle signature énergétique du personnage. Malgré le brouillard ayant suivi la déflagration, qui avait soudain forcé à la fusion bien des matières dans le Colisée, le manteau que Gladius avait touché était intact, pas une marque n'était visible dessus, si ce n'était un peu de poussière. Et le maître noir distinguait clairement la flamme d'énergie qui constituait son opposant ; toute aussi intense qu'auparavant, mais à présent pleinement libérée. Il n'en ressentit nulle peur. Comme toujours, ce n'était que spectacle. Que diraient les Matoran ? Bien peu de choses, car leur parole n'était pas plus fiable que celle du premier rat de lave venu. Même s'il était impressionné par l'action du Skrall, il se préoccupait plus de savoir pourquoi il avait libéré toute cette énergie. Il n'avait depuis les dernières heures pas un contrôle suffisant pour pouvoir créer une déflagration comme il le souhaitait, c'était évident. Alors peut être avait-il simplement laissé le flot incontrôlé exploser, car le sachant sous une pression folle...Un coup d'oeil à sa faux, qui taisait la chaleur à laquelle elle venait d'être exposée suffit pour qu'il comprenne. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, Gladius n'avait pas échappé au coup de Shrecki, il était trop entravé pour cela ; il avait frappé, cela il en était sûr. Mais le Fantôme avait profité de la brèche béante créée dans son armure pour laisser aller librement l'énergie qui l'habitait ; et son blindage tout entier avait alors sans doute cédé, se fissurant à une vitesse hallucinante, telle que le public ne l'aurait pas vu ; et derrière son casque, Shrecki ne pouvait voir, pas par la lumière. Tandis que le Colisée synthétisait par lui-même un protodermis neuf, le Makuta prit le temps d'analyser la situation. Sans doute par excès d'ego, son ennemi s'avançait d'un pas lent, presque triomphant vers lui. Il se redressa, et épousseta son manteau. Un gain de mobilité, mais sa force était restée la même. Et si l'exposition aux éléments aurait pu être fatale à n'importe quel antidermis, ce n'était – malheureusement pour le Monde – pas le cas de Shrecki. Quel dommage alors le « Skrall » pouvait-il espérer lui faire ?

Si son armure était ainsi détruite, l'évident s'imposait. Il jouait probablement contre le Temps. Une idée fugitive passa dans l'esprit du Makuta, une idée noire, une possibilité que Gladius n'avait pas envisagé, et qui lui coûterait en quelques minutes sa vie de manière assurée. Il imagina un instant les Fantômes qui, privés de leur leader charismatique, sombraient dans une lutte sans merci, s'engageant contre la Confrérie, et annihilés en quelques mois par les effectifs d'élite de l'organisation. Peut être l'Ordre prendrait-il leur défense, et alors le fait que Gladius avait été tué dans le duel serait mis sur la table, comme un risque qu'il connaissait, un risque qu'il avait accepté. Les Fantômes restants seraient éradiqués par l'Empire Skrall de Tuma, et ces derniers seraient pareillement expulsés ou annihilés par les Makuta et les autres factions de l'Univers Matoran...Tout cela, par une simple mort, qu'une simple suggestion pouvait lui livrer immédiatement. Mais il la rejeta, ferma son esprit à cette éventualité. Il ne voulait pas d'un Gladius mort ; il avait besoin de lui vivant. Pas nécessairement conscient pour l'heure du reste, et ce point lui simplifiait bien des choses. La lumière avait chassé les ténèbres, et un instant, le Spectre se demanda s'il ne devait pas faire revenir les ombres, en exerçant l'immense pouvoir dont il disposait ; ainsi, l'espoir de Gladius serait tut, tut dans les ombres froides et terrifiantes. Car il ne maîtrisait pas la lumière qu'il émanait, c'était une autre évidence. Il ne pourrait dès lors rien faire contre les ténèbres qu'un Makuta usait contre lui. Mais Shrecki décida également que cette idée n'était pas assez...Distrayante. À la vérité, il avait bien des possibilités pour écraser sous son talon son ennemi, et le mettre hors course de manière...Permanente. Mais cela ne servait pas du tout ses plans ; aussi, d'une centaine de possibilités, il n'en gardait plus guère que le vingtième. Par ailleurs, le premier coup avait été livré, décisif à l'insu de tous, proclamant déjà la victoire d'un parti. Il s'autorisa un moment de silence – ou était-ce qu'il replongeait dans son habituel mutisme ? La foule scandait le nom de « Gladius », pleinement assurée de sa victoire ; n'avait il pas réussi à frapper son adversaire, et – apparemment – retourner la situation ? N'avait-il pas chassé les ténèbres et le froid, les deux pouvoirs qu'utilisait son ennemi ? Il était dès lors invincible. Et n'importe quel Matoran le savait, la Lumière ne craignait pas les armes ! Sa victoire était certaine. La voix de son ennemi, prédit perdant par la masse ignorante s'éleva comme un tonnerre, un grondement lointain et menaçant qui faisait naître la peur et le silence angoissé.

- Vous n'êtes pas Gladius, n'est-ce pas ?  Vous n'êtes...Qu'un esprit contrôlant son corps. Votre inexpérience vous trahi. Lui se vantait d'avoir combattu dans d'innombrables batailles ; et voilà que j'affronte une entité avec la capacité de combat d'un vers de sable ? Voilà qui est fort surprenant. Cessez donc spectacle de son et lumière. Ce n'est pas un théâtre, c'est un Colisée. J'avais imaginé que peut être nous aurions un combat digne de ce nom, un bras de fer intéressant. Mais voyez ; même votre dernier coup à pleine puissance n'a guère touché ni mon blindage ni mon arme – pourtant au cœur du chaos que vous avez généré – ni même les tissus de mes vêtements. Vos capacités martiales ne sauraient non plus les abîmer. Vous fournissez fracas, mais quittez cette grandiloquence : elle ne vous apportera que ruine.

Le Makuta leva une main ; et une orbe lumineuse y dansait, comme une petite flammèche. Alors les rires dans la foule se muèrent en étonnement, et alors l'entité contrôlant le corps du Seigneur Fantôme aurait peut être ressenti un sentiment similaire, à défaut d'un frisson de terreur ou une bouffée de jalousie. Une lumière pure, qui jetait un éclat plus brûlant qu'un Soleil, et une chaleur telle que le protodermis autour de Shrecki fondait ; mais aucune pièce de son équipement ne semblait affectée. L'ombre que projetait le Makuta derrière cette nouvelle source de luminosité était immense, unie, opaque, un flot noir de désespoir. Il voulait jouer au jeu des éléments avec Lui ? Lui qui n'avait comme limitation que d'être exposée à une puissance pour la faire sienne, et la maîtriser dans les minutes suivantes ? Lui qui avait vu d'indénombrables millénaires passer, dans différents mondes, lui qui avait rencontré des Toa de toute sorte, des Skakdi bouffis d'arrogance qui croyaient leur nombre aucunement significatif, lui qui par dessus tout ne pouvait que le supplanter sur ce point, par son expérience, son sang froid naturel, son implacable intelligence ? L'orbe se modifia, s'étira, se tordit dans l'espace ; et ce spectacle était des plus surprenant, car peu de Toa auraient déjà maîtrisé cette nature, la Lumière ; et la voir entre les mains d'un Makuta était plus surprenant encore qu'elle se mêlait à une seconde, le Plasma, devenant malléable à la volonté du maître élémentaire.
La minuscule étoile reprit sa forme de sphère parfaite, tandis qu'elle s'en allait flotter, s'envolant en l'air, légère comme une plume, comme si les violents courants ascendants générés par le Skrall n'étaient que de paisibles soufflets d'air ; lorsqu'elle eut atteint une hauteur suffisante – la moitié de la grande tour du Colisée depuis le sol, elle se stoppa soudain. Et depuis le sol, elle jeta soudain un éclat surprenant, on se serait cru en plein jour pendant quelques secondes. Brusquement, la lumière tout entière fut prise dans les filets de Shrecki. Et comme une luciole appâtée par la flamme de la bougie, toute la lumière s'élevait à présent, en filaments d'énergie pure, car accompagnée du plasma, des filaments qui s'étiraient, jusqu'à toucher la surface de la petite sphère, et soudain, en un éclair aveuglant, d'y disparaître définitivement. L'éclat que projetait Gladius, et le plasma qu'il levait étaient tout autant sujet à cette soudaine attraction, car il ne les maîtrisait pas. Une telle action réclamait de la part du Makuta une grande maîtrise de soi, bien sûr, car cette action était d'une précision terrifiante. Les ombres rampaient à présent dans l'arène, fauves qui patientaient pour leur heure. La sphère clignota, et l'obscurité fut à nouveau maître mot ; elle jetait toutefois un éclat de lait, comme une lune artificielle. Toute lumière avait disparu du Colisée si ce n'était celle produite par cet étonnant pouvoir, qui comme un despote avait asservi tous les photons environnants et ramenés sous son joug.

Alors peut être l'entité cybernétique qui habitait le corps de Gladius aurait saisi, en voyant que le corps de son maître ne jetait plus qu'un pâle éclat, que les spots de lumière étaient noirs, qu'une lumière nocturne se jetait à nouveau sur la scène, que son ennemi était une ligue au-dessus, et que sa dernière action n'était que jeu, distraction. Une fois la lumière arrachée et asservie, toute la concentration qu'avait mise Shrecki n'était plus requise ; en position stationnaire, la sphère poursuivrait son œuvre si cela était nécessaire, sans qu'il ait plus besoin de faire quoi que ce soit. Son ennemi se serait-il envolé, aurait-il tenté de frapper cette dernière – qu'il le fasse donc, la lumière ne pouvait être brisée que par les ombres ! - que le meneur de la Confrérie l'aurait alors frappé, dans la position vulnérable où il se serait trouvé. Shrecki tenait sa faux de sa main droite, observant son ennemi. Il avait gagné une augmentation de vitesse, mais pas de capacité. Un message télépathique unique s'adressa à Nui, présent dans le Colisée.

- Nui, analysez l'attaque pirate générée il y a quelques minutes sur les systèmes du Colisée. Ils ont été infiltrés. Utilisez bien sûr votre communicateur, qui ne contient aucune information cruciale et...Infiltrez le Némésis qui flotte au-dessus de ma tête. Il est relié à la personne contrôlant le corps de Gladius actuellement. Allez donc dans les fichiers de la Confrérie, dans les études sur le Protectorat, vous savez, celui concernant leurs bombardiers-suicides ? Je crois que vous êtes assez compétent en informatique, et renseigné sur la guerre, pour que je n'ai pas à vous expliquer ce dont il s'agit. Infiltrez le Némésis, trouvez la fréquence sur laquelle émet notre « hôte ». Cela fait, vous enverrez à mon signal le fichier à mon propre communicateur, sur la fréquence dite. Avez vous saisi ce que je vous ai dit ?

Le message télépathique s'interrompit. Oui, le coup décisif avait déjà été livré. Mais cela, Gladius l'ignorait encore. Shrecki ne quittait pas des « yeux » son adversaire. Il ne le craignait pas, et ne craignait pas la lumière qu'il manipulait ; cette lumière était à présent sienne, en contradiction avec toutes les lois dictées par Mata Nui. Ce Makuta n'était pas comme tous les autres. Après tout, ne disait on pas que Lumière et Ténèbres étaient deux faces d'une même pièce ? Tous n'étaient simplement pas capables de la retourner ; tel était le cas des Makuta, tel était le cas des Toa, tel était le cas de tous ceux n'ayant pas la discipline mentale requise pour maîtriser un élément ; aussi les Skralls, Glatorian, Agori, Skakdi, Matorans, aussi aucun d'eux ne pourrait jamais espérer manier un élément. Et Shrecki ? Lui était un trésorier ; il avait dans sa bourse un nombre considérable de pièces. Et il en connaissait toutes les facettes...
Le plan était en place. Toutes les cartes ou presque en main, Shrecki rappelait qu'il n'était pas n'importe qui au Monde, tandis que le spectacle passait sur toutes les chaînes Matorans. Il était le maître de la Confrérie, il était le plus terrible adversaire que Gladius puisse espérer à l'heure actuelle, le manipulateur d'éléments, le Faucheur Sombre, le redoutable stratège. Le Skrall avait-il pris l'avantage dans le combat ? Cela, seul le destin saurait le dire. L'heure tournait pour Gladius. Le crépuscule du combat approchait.

Les Ténèbres régnaient à présent dans le Colisée, tandis que le Mutisme avait frappé l'assemblée qui patientait dans le Colisée. Alors que la situation semblait avoir laissé un répit au Seigneur Fantôme, Shrecki avait utilisé ses compétences de maître élémentaire pour balayer toute lueur du stade - faisant alors de même avec les maigres espoirs que plaçaient auparavant les matorans en leur nouveau champion. Lui qui avait promis de les défendre si la Guerre revenait, lui qui avait tant parlé, n'arrivait donc-t-il pas à la hauteur du maître de la confrérie ? Et alors, comment aurait-il pu assurer la sécurité de qui que ce soit s'il mourrait aujourd'hui même, face au plus puissant Créateur Noir jamais connu ? L'appui du peuple avait toujours été très changeant, mais plus que tout il suivait d'abord le plus fort; celui qui pouvait tenir ses promesses malgré l'adversité, celui qui pouvait assurer la sécurité à ses alliés tout en apportant la désolation à son adversaire. Or, pour l'heure, il semblait bien que celui qui réponde le mieux à ces critères ne soit pas Gladius mais son adversaire. Le nouveau Chef de la Confrérie semblait pouvoir écraser son adversaire en quelques instants, le réduire à néant avant de s'en aller comme si rien ne s'était passé; les pouvoirs du Makuta, apparemment sans limite, auraient alors eu raison du Skrall comme le Skopio pouvait supprimer d'un simple geste la vie du loup de fer qui osait s'aventurer sur son territoire. L'élan de compassion que la foule avait alors dévolu à Gladius s'était ainsi mué en une rancœur envers celui qui leur avait donné tant de faux espoirs. Celui qui avait prétendu pouvoir les défendre n'était donc qu'un charlatan, un diseur de bonnes aventures qui leur avait promis tant de rêves avant de se retrouver confronté à la réalité. Matorans, toas, skakdis, et autres créatures originaires du corps de Mata-Nui... toutes se taisaient désormais, attendant que le menteur soit puni par la défaite - ou la mort.

Mais face à ce silence, une autre clameur s'éleva bientôt. Prenant d'abord l'apparence de paroles indistinctes, de murmures indiscernables, elle s'accapara bientôt une forme bien plus ordonnée et précise. Ainsi, un chant de guerre antique vint bientôt remplir le vide qu'avait créé le mutisme à travers tout le Colisée. Une mélopée guerrière mais cependant douce à l'oreille, qui parlait certes de conflit mais non pas de massacres, s'asservissement et d'esclavage. Cette mélodie, connue de tous les Fantômes et désormais relayée à travers la Grande Arène, était un éloge à tous ceux qui étaient morts pour la liberté; mais il remerciait également ceux qui acceptaient encore de tout risquer pour elle, même après tant d'années de guerres et de souffrances. Il rendait justice à ceux qui avaient été appelés "traîtres" pour rejoindre les forces rebelles, il redorait le blason des guerriers qui avaient choisi l'exil plutôt que la servitude. Ce chant était souvent chanté aux jeunes enfants des familles qui vivaient sous la protection des rebelles; il expliquait ainsi à chaque génération que la liberté sur Bara-Magna - ou partout ailleurs - ne devait pas être tenue pour acquise; il fallait se battre pour l'obtenir, puis se battre encore pour la préserver. Beaucoup de sang était versé au moindre changement, et la moindre amélioration se payait cher, autant en vies qu'en ressources. Chaque Fantôme devait donc être prêt à mourir et à tuer pour protéger les siens; les rebelles n'étaient pas une armée, ils étaient d'abord une famille, dont les membres partageaient un lien plus fort encore que celui du liquide vermeil qui coulait dans leurs veines. Et aujourd'hui, dans le Colisée de Metru-Nui, les centaines de Frères et Soeurs présents étaient une fois de plus unis derrière leur leader. Autant par l'objectif qu'il partageaient que par les douleurs qu'ils avaient connu ensemble, les Fantômes des Sables étaient reliés jusqu'à leur mort, et même au-delà. Shrecki croyait peut-être se battre face à une seule entité, mais il se trompait lourdement. Dans la plus grande arène de la cité des Légendes, il avait en fait affaire à une part entière des peuples de la planète des sables. Personnifiés par le Seigneur Fantôme, les forces rebelles toutes entières se rangeaient symboliquement face au Makuta.

Valae reprit très rapidement ses esprits lorsqu'elle se rendit compte que son attaque n'avait porté aucun dégât à son adversaire. Une onde de peur parcourut d'abord son esprit, avant de se retirer. Elle mit ensuite plusieurs secondes à se rendre compte que des centaines de personnes chantaient toutes à l'unisson; les rebelles participaient à leur façon dans ce combat, l'aidant autant qu'ils le pouvaient de la seule manière qui leur était disponible. Ils lui rappelaient qu'elle n'était pas seule, qu'elle devait seulement faire ce que tout Rebelle attendait d'elle: se battre de toutes ses forces, quelles qu'en soient les conséquences. La manière de mener le combat important ici autant - sinon plus - que la victoire ou la défaite. Mais l'entité cybernétique n'avait malheureusement pas les capacités d'utiliser le corps de Gladius; pas au maximum de ses possibilités, tout du moins. Elle était comme le navigateur qui s'extasie devant la taille des glaciers océaniques, mais qui ne voit que la partie émergée de l'iceberg. La majeure partie des systèmes de combat du réseau énergétique su Roi Spectral était certes sous son contrôle, mais elle ne pouvait aucunement les pousser à leur puissance maximale. Valae était frustrée. Frustrée de voir son adversaire maîtriser avec autant de facilité les éléments qu'elle peinait à contrôler. Frustrée de voir que l'organisme même de son allié ne lui répondait pas entièrement. Frustrée de ne pas se montrer à la hauteur des attentes des Fantômes - et particulièrement de celles de son maître et allié. Elle ne parviendrait sûrement pas à résister, comme le lui avait demandé - demandé, et non ordonné - Gladius avant de se retirer et de disparaître. Cependant, elle ne pouvait pas abandonner maintenant. Portant désormais les espoirs des rebelles sur ses épaules, elle n'avait tout simplement pas le choix, et allait devoir se battre jusqu'au bout, même si cela se révélait insuffisant.

Valae tenta encore une fois - en vain - de maîtriser les différentes réseaux de combat qui lui étaient interdits d'accès. Elle avait déjà abattu toutes ses cartes, mais son adversaire n'avait même pas été égratigné. Tout semblait d'ores et déjà être perdu; l'intelligence artificielle allait donc lancer ce qu'il restait de l'énergie du Roi Spectral dans une série d'attaques aussi impressionnantes qu'inutiles. Apparemment, Shrecki avait donc gagné, une fois de plus. Apparemment. Car des tréfonds de la conscience de l'intelligence artificielle, une voix retentit dans tout le Colisée, surplombant même les chants puissants mais néanmoins harmonieux des rebelles présents. Une voix chaleureuse, ferme et sûre. Une voix qui inspirait autant la confiance des alliés du locuteur que la crainte de ses ennemis. Une voix dont le timbre avait très peu changé en plus de cent mille ans. Gladius était enfin de retour, et allait pouvoir de nouveau se battre aux côtés de Valae, face au Makuta qui leur faisait face. Et alors que, sous le linceul de cauchemar, les Ténèbres restaient maîtresses des lieux, la Lumière put jaillir de nouveau dans les coeurs de ceux qui observaient l'une des plus impressionnantes joutes que le Colisée avait accueilli durant sa longue histoire.

- Et bien, et bien... je crois bien qu'il est enfin temps de passer aux choses sérieuses, Shrecki. Tout ce qui précédait n'était qu'un avant-goût ce qui va suivre; mais j'imagine que vous le savez au moins autant que moi. Nous sommes désormais dans la dernière ligne droite de ce duel, qui décidera du futur de cet univers autant que de celui du mien. Vous m'excuserez de ne pas m'être entièrement engagé dans ce combat plus tôt; j'étais on ne peut plus occupé par d'autres affaires. Mais au lieu de parler, je crois que nous devrions dès maintenant offrir ce que nous avions promis aux peuples présents aujourd'hui dans le Colisée de Metru-Nui: un vrai combat; une joute digne de ce nom. Et afin de prouver que je ne suis pas venu ici uniquement pour me montrer en spectacle, permettez-moi d'engager les hostilités.

Une lumière vive envahit le champ de vision de Valae, alors qu'elle était destituée de ses fonctions puis restituée à son emplacement d'origine: celui d'assistant. Gladius était de retour aux commandes de son propre corps, et prêt à se jeter à corps perdu dans la bataille. L'intelligence synthétique ne sut tout d'abord pas quoi dire, puis se contenta de partager avec son maître le soulagement qu'elle ressentait. Ce dernier commença alors à sourire - autant physiquement que mentalement - avant de s'adresser mentalement à elle, épris d'une joie singulière. Le rebelle se sentait revivre, comme s'il sortait d'un long cauchemar - ce qui était en fait très proche de la réalité. L'épreuve par laquelle il était passé aurait détruit l'esprit d'importe qui; mais le Roi Spectral était très loin d'être un guerrier lambda. Son esprit avait été endurci par une longue et difficile existence; les nombreuses souffrances, aussi bien mentales que physiques, qu'il avaient endurées durant plus de cent mille ans l'avaient rendu bien plus résistants que la moyen à la douleur. Et là où il avait été paralysé par les maux qui avaient empli son être, un toa expérimenté ou un makuta nouvellement créé aurait tout simplement été déchiré. Mais c'est d'une voix assurée et ferme que Gladius s'adressa à son assistante virtuelle; on pouvait certes sentir que le Skrall revenait de loin, mais également qu'il avait passé avec succès cette épreuve difficile.

- Tu as fait du bon travail, Valae. Un excellent travail, même. Tu as agi comme je m'y attendais: avec astuce et persévérance. Nous faisons aujourd'hui face à notre plus terrible adversaire, et nous devons montrer à tous que nous sommes à la hauteur de ce défi. J'ai terminé les préparatifs de la dernière modification que j'apporterai à ce corps, mais je ne peux me permettre d'effectuer mon ultime transformation en plein cœur d'un combat. Nous utiliserons donc les réserves d'énergie que mon organisme possède - en plus de ce que le Némésis pourra nous fournir. Mais fini de parler, il est temps de passer à l'action. J'espère que tu es prête.

Une fois de plus, Valae ne répondit pas. Les sensations qu'elles laissaient filtrer de son esprit synthétique parlaient plus que n'importe quel discours. Elle était parfaitement à sa place - reléguée au second rôle, mais apportant son soutien et son appui au Seigneur Fantôme afin de lui octroyer la victoire. Gladius, quant à lui, avait déjà repris le contrôle total de son corps, alors que le Némésis transférait ses cellules énergétiques vers son commandant dans le but de permettre au leader rebelle de se battre au moins jusqu'à l'aube; ces réserves de secours, totalement indépendantes, avaient été placées à bord du vaisseau amiral avec pour unique objectif de recharger le réseau holographique du Roi Spectral en cas d'urgence. Téléportées directement à l'intérieur de l'organisme énergétique du Natif de Bara-Magna, elles lui offrirent un regain de puissance que ce dernier utilisa immédiatement pour reconstruire son armure. Des milliards de filaments brillants recouvrirent le corps lumineux de Gladius, avant de se solidifier et de former à nouveau de fines et légères plaques de blindage. Il s'était passé moins d'un dixième de seconde depuis que le Seigneur Fantôme avait fini de parler à son adversaire; Il avait promis de lui offrir un combat digne de ce nom, et il était temps de donner ce qui était dû aux spectateurs du Colisée.

Shrecki maîtrisait apparemment l'énergie élémentaire, et ceci sous toutes ses formes. Les attaques lumineuses ou à rayonnement n'auraient donc aucun impact sur lui, tout comme les tentatives de le surcharger à l'aide de charges électriques. Le seul moyen de l'atteindre était d'utiliser la manière brute: frapper vite, frapper fort. Gladius leva légèrement ses deux bras, alors que des filaments métalliques prenaient la forme d'un sabre entre ses mains. L'instant d'après, il disparaissait aux yeux des spectateurs. Shrecki, doté d'une acuité bien supérieure à celle des civils et militaires présents dans les gradins, put sentir une légere variation de pression atmosphérique qui indiquait que son adversaire se trouvait désormais derrière lui. Le makuta esquiva donc la lame du sabre, qui passa cependant à moins d'une dizaine de centimètre de ses omoplates; le métal créa néanmoins une large entaille dans le tissu noir qui formait son manteau. Ce dernier pendait désormais dans le vide telle une vulgaire loque. Le Seigneur Spectral disparut ensuite de nouveau pour s'éloigner d'une dizaine de mètres du chef de la confrérie et préparer ses prochains assauts. Les spectateurs du Colisée qui n'étaient pas encore sortis de leur mutisme se joignirent ensuite au tonitruant vacarme qui avait envahi la Grande Arène. Comment Gladius pouvait-il bougeraussi vite - semblant presque se déplacer instantanément - alors qu'il ne maîtrisait aucun pouvoir de téléportation ? Le Roi Spectral semblait lui aussi réserver quelques surprises, quelques "anomalies" que personne n'aurait pu prévoir chez un ressortissant de Bara-Magna. Shrecki n'avait certes pas été mis en danger - loin de là - mais il était désormais prévenu: le Seigneur Fantôme se battait désormais de toutes ses forces, ne laissant aucun répit à son ennemi tant que le combat durerait; le makuta avait demandé un bras de fer intéressant, un adversaire à sa hauteur.

Il était servi.