[Voya-nui] Plage de crystal

Gladius arriva à bord de son jetrax sur l'une des nombreuses plages cristallines et glaciales de ko-voya. Même si la nuit était maintenant tombée depuis plusieurs heures sur Voya-Nui, la seule lueur des étoiles reflétée par les millions de cristaux de glace suffisait à éclairer suffisamment le territoire que tenaient encore fermement les fantômes. Le skrall adorait ko-voya, depuis la toute première fois qu'il était venu ici. La lumière du ciel se reflétait en permanence sur ces terres gelées qui lui rappelaient Iconox, et le froid revigorant le changeait des centaines d'années passées dans les déserts brûlants de sa planète natale. Et son avis était partagé par la quasi-totalité des guerriers rebelles qui l'avaient suivi sur l'île. Désormais, ils pouvaient enfin trouver un abri, un endroit paisible où vivre. Du moins, tant que l'Ordre ou la Main ne les attaquaient pas impunément.

Le général rebelle fit rouler un petit objet dans sa main. Un simple flacon, à l'intérieur duquel il avait gardé la salive dont Raidark l'avait aspergé. Une source impressionnante d'ADN et d'indications génétiques, que le guerrier avait déjà donné à Epsilon pour diverses analyses. Allèles, gènes, défauts et particularités génétiques allaient être scannés et résumés dans un rapport qui permettrait de trouver efficacement les points forts et points faibles du lieutenant de l'Ordre. Gladius souriait à l'idée que sa stratégie de provocation avait marché. Il avait d'abord escompté que son rival ne tente de l'attaquer - auquel cas il aurait récupéré son sang - mais le résultat était là, et c'était tout ce qui comptait. Une voix asexuée résonna tout de même dans l'esprit du skrall, alors qu'Epsilon s'adressait à lui.

*Tout de même, vous faire passer pour une brute épaisse... n'est-ce pas un peu trop ? Les habitants de cet univers croient que vous êtes analogue à Tuma par vos pensées et actes.*

*Je suis analogue à Tuma par mon espèce. Par mon essence, je suis censé être belliqueux, avide de combats et de gloire. Et j'aurais dû, si certains "changements" n'avaient pas été opérés en mon être.*

*Vous voulez dire que vous jouez double jeu ? Depuis quand ?*

*Depuis... à peu près depuis Ko-voya. Et surtout depuis la destruction de la forteresse matoran, qui contenait des centaines de civils. Je sais qu'il ne s'agit que d'une erreur. Tanika ne savait pas que son propre peuple se protégeait à l'intérieur de nos structures défensives... l'Impératrice est tout d'abord pacifique, elle était et devrait être notre alliée. Mais les ordres d'Ikinat ont tout changé.*

*Mais alors, pourquoi ne pas avoir laissé l'Ordre et la Main tuer Ikinat, et rendre Colbalt sans demander de rançon ?*

*Et montrer au monde que les Fantômes sont affaiblis ? Donner une occasion aux skralls de nous détruire ? Jamais. Les rebelles doivent rester forts. Lorsque l'occasion se présentera, je ferai en sorte de rétablir la paix, une bonne fois pour toutes. Même si pour cela je dois y laisser la vie, et tu le sais très bien. Cette guerre ne mènera nulle part. Nous ne pouvons que faire en sorte de limiter les pertes en attendant une ouverture, une chance de mettre un terme à ce conflit inutile.*

*Mais en attendant, vous allez vous mettre beaucoup de gens à dos. De nombreux peuples chercheront à vous détruire.*

*Tant pis... quel qu'en soit le prix, je dois faire en sorte de ressouder tous les peuples de nos deux univers. Contre l'Empire, et surtout contre leur chef, Tuma. Tant qu'il restera en vie, rien ne sera possible pour les Fantômes. Lorsque je ferai tomber sa tête au sol, alors j'aurai l'occasion de prendre sa place. Je mènerai mes frères à la seule solution que montrera au monde que nous sommes vraiment: la paix. Nous pourrons enfin prospérer, sans la dictature d'un fou. Et ensuite, si jamais ma présence dérange trop le calme de l'univers matoran... alors je partirai en exil, sur mon monde. En sachant que j'aurai accompli mon devoir.*

*Cependant, Raidark, Tanika, Vorona et tous les autres... il vous voient comme un monstre aveugle, violent et avide de sang. Cela ne vous mènera nulle part si vous ne rétablissez pas la vérité. Jouer double-jeu vous coûtera la vie, si jamais vous n'êtes pas prudent.*

*Je ferai attention. Et puis, je peux compter sur toi si jamais j'ai des problèmes. Quant au skakdi, je le provoquerai un jour en duel. Un combat face à face, où je pourrai lui prouver ma valeur en tant que guerrier, en tant que général de la Légion Fantôme, en tant que skrall. Et je lui ferai comprendre qui je suis vraiment en lui laissant la vie sauve. Mais en attendant, nous avons beaucoup à faire...*

*Certes. Désolé d'interrompre notre conversation, mais il me semble que votre Reine vous a demandé afin de vous parler - en privé.*

*En effet...*

Gladius soupira, puis se retourna afin de regarder la base des rebelles, qui brillait en hauteur sur un pic enneigé, loin des plages cristallines. Le skrall rejoignit Ikinat, qui était entourée de plusieurs de ses lieutenants. Il lui remit un rapport des derniers combats et de tous les évènements qui avaient eu lieu pendant sa détention au Gouffre. Le Fantômes congédia les autres officiers, afin de se retrouver seul avec sa supérieure. Puis, enfin, il la laissa parler, pour qu'elle puisse lui expliquer la suite des évènements.

Ikinat avait récupéré ses armes, son matériel, et avait pris le temps d’apprendre les derniers mouvements des deux camps, ce qu’elle voyait confirmé ce qu’elle pensait. Les fantômes n’auraient, en l’état, pas résisté bien longtemps si la guerre s’intensifiait. Elle avait également pris le soin de traiter les différentes blessures qu’elle avait reçu ses dernières semaines. Alors qu’elle lisait le rapport sur l’attaque de Visorak, son général apparut, congédiant les autres officiers. La glatorian posa le rapport et s’assit à même le bureau, croisant ses jambes et levant la tête pour voir le plafond de la structure.


- Nous allons ordonnés aux troupes de cesser les attaques, nous passons à un schéma défensif. Si l’ordre souhaite attaqué un nouveau territoire nous interviendront, si nos – elle prononça ce mot avec un certain dégoût – alliés venait à se trouver en difficulté nous interviendront. Mais on suspend les attaques de notre côté. Prochainement ce qu’il nous faut faire c’est de laisser s’envenimer le conflit entre les skralls et cet univers. Les skralls sont bien plus féroces d’habitudes, ils veulent nous voir prendre entièrement part à ce conflit et nous affaiblir pour mieux nous poignardé dans le dos, ou alors souhaitent-ils que l’ordre nous extermine et dans ce cas-là ce sera l’ordre qui finira affaibli ?

La glatorian se saisit du gobelet d’eau posé sur son bureau et en but avidement le contenu. L’eau était et resté une denrée pour les habitants de Bara magna, et chacun savait qu’il fallait la savourer.

- On peut déduire bien des choses de ce petit voyage dans leur « gouffre ». La première c’est que la discussion est loin d’être possible. Leur commandant m’as capturé après que j’eus tués ce traitre de Vorox, et après que je lui ai dit que je voulais discuter avec eux. M’enfin on ne peut pas leurs en vouloir, après tout ce ne sont que de simples et vulgaires copies… De ce que nous étions à l’époque. Une issue pacifique ne peut pas se profiler.
La seconde chose que l’on peut espérer c’est qu’ils tiennent leur engagement. Je leur ai demandé de reprendre Iconox aux skralls, s’ils essaient vraiment de le faire, il y a deux solutions possibles. Soit les skralls les dominent et les affaiblie, soit ils réussissent à en prendre le contrôle et affaiblissent les Skralls, même un minimum.
Après il nous restera à négocier, reprendre le contrôle d’une de leurs îles contre la région des montagnes Quartziques. Dans ce cas de figure je leurs ait promis une trêve... Un temps soit peu durable.
Une troisième chose que l'on peut tirer c'est que nos soldats ne sont pas préparés à leurs méthodes d’interrogatoires… Ils peuvent pénétrés l'esprit, chacune de tes pensées leurs est accessible. Je m’en suis personnellement sortie en leurs faisant croire que j’étais « possédé »… Ce Skakdi si agréable est persuadé qu’une « entité maléfique », un de leurs démons, a pris le contrôle de mon corps, c’est hilarant !

La glatorian ne put continuer à parler, elle se tordait de rire peut être exagérément.

* Mes démons sont biens plus vieux que ça.*

- A votre avis Gladius, qu’elle est la différence entre paix et liberté ? C’est cette différence qui a crée ce conflit…
La liberté passe par le libre arbitre, la paix n’en a pas besoin, ce monde n’en a pas besoin… L’un des habitants de ce monde m’as dit un jour :
« La grande devise de Mata-Nui...Union, Devoir, Destinée...Les Trois vertu clé de ce monde.
Union: chaque chose assemblée forme le système. Devoir: Action assurant le bon fonctionnement du système. Destinée: Programmation ingénieuse pour contrer le libre arbitre. »
Ina n’y a surement pas prêté attention, mais dans ce cas-là, nous sommes aux antipodes l’un de l’autre, les habitants de ce monde et nous.

Gladius ne répondit pas tout de suite, préférant réfléchir seul pendant quelques instants. Ikinat semblait totalement résolue à prendre sa revanche sur les Grands Êtres et leurs créations. La guerre ne pouvait donc pas être évitée. Pour l'instant, tout du moins. Le skrall ne pourrait donc pas mettre ses plans à exécution, pas tant que sa supérieure voudrait par dessus tout voir la destruction de ceux qu'elle voyait comme des tyrans destructeurs.

Le skrall s'approcha de sa Reine, et posa les mains sur son bureau, avant de s'adresser à elle.

- Ikinat... nos forces sont en déroute. Nous avons perdu Ga-voya, qui permettait d'ouvrir le commerce de l'île vers d'autres cités afin de nous apporter d'importants fonds financiers. Je gage que Karzahni ou Zakaz subiront bientôt un assaut analogue à celui que nous avons subi, à moins que cette "trêve" puisse être déclarée très bientôt. Nous ne sommes pas prêts pour cette guerre, à tous les niveaux. Technologiquement, nous sommes totalement dépassés. Nos guerriers sont moins nombreux, moins bien équipés, moins entraînés. Nous manquons de matériel, de soldats et d'armes... nous pourrons peut-être tenir, mais nous serons constamment sur le fil. Et le jour où la Confrérie s'engagera dans ce combat - car vous savez qu'un jour il se décideront à agir devant les potentielles défaites de leur "alliés" - alors nous serons balayés en seulement quelques semaines.

Nous devons changer cela. Il faut renforcer nos frontières, enrôler plus de troupes, placer des forteresses capables de résister aux croiseurs ennemis. Et surtout, il faut trouver un moyen d'éliminer ou au moins d'égaler les Champions de cet univers. L'Ingénieur, ou encore Axonn, Brutaka... un seul de ces trois guerriers pourraient détruire un peloton entier de nos soldats. Moi-même, je ne pourrais rien faire face à eux. Je sais que vous avez gardé certaines relations avec d'anciennes connaissances... des êtres très puissants, qui pourraient nous aider dans ce conflit. Ackar, Gresh, ou même Malum, Strakk, et j'en oublie beaucoup. Il faut convaincre les héros du peuple de nous rejoindre. Grâce à eux, nous aurons peut-être un espoir face à la confrérie ou aux Champions.

Alors, nous pourrons profiter du conflit entre l'Empire et l'Ordre pour nous faufiler dans la brèche ainsi créée et faire d'une pierre deux coups; nous aurons affaibli tous nos ennemis, et capturerons nombre de leurs places fortes dans la période de chaos qui suivra. Lorsque nous serons assez puissants, alors nous pourrons dicter nos règles aux être de l'univers matoran.

J'ai également une... requête, à vous faire. J'ai autrefois eu une conversation avec Zéro. Il tenait beaucoup à récupérer un certain artéfact, qui serait gardé à l'intérieur du grand labyrinthe. J'aurais besoin de votre autorisation, afin de pouvoir aller vérifier s'il existe vraiment, afin de le récupérer et de le mettre sous bonne garde. Je voudrais également envoyer un détachement de scientifiques et d'ingénieurs matorans rebelles au laboratoire des grands êtres, afin qu'ils puissent nous aider à décoder les écrits et reliques cachés sur place.

Une grimace apparut sur le visage de la glatorian en entendant le nom de Zéro... La glatorian fixa son général, puis se saisit d'un des dossiers sur son bureau et poursuivie.
- Ga-voya est notre priorité, et il est vrai que cette trêve est nécessaire Gladius. Quand à la construction de forteresses, nous avons le choix entre les payer à Tuma ou à la confrérie... Autant dire qu'aucun choix ne nous est profitable à long terme. Nous pourrions proposés une partie des terres de Karzahni, île la plus proche de leurs capitale contre la récupération de la baie Voyane...

Je crois que nous n'avons pas le choix, nous allons devoir négocier. Contactez la souveraine Tanika et le souverain Colbalt, demandez leur s'ils accepteraient un cessez-le-feu, Ainsi que la récupération des terres du tunnel obscur de Karzahni en échange de la baie Voyane. Laissez leur fixer le point de rendez-vous, je mis rendrait le plus tôt que possible... Pour cette artefact vous pouvez aller le récupéré, en veillant à ce que ce zéro ne le récupère pas... Quand aux glatorians dont vous parlez... Pour l'heure il me faut me reposer, ce n'est pas bon de rester éveiller aussi longtemps, je m'en occuperais une fois reposé. Si vous n'avez rien à ajouter vous pouvez me laisser.

- Entendu, je ferai selon vos ordres. Et merci de me laisser faire ma petite investigation, ma Reine.

Gladius recula d'un pas et s'inclina respectueusement devant sa supérieure, avant de sortir du bâtiment et de rejoindre son jetrax et de décoller. Il avait dès lors beaucoup à faire, que ce soit pour lui-même ou pour sa faction. Mais tout d'abord, récupérer ga-voya était son objectif principal. Et alors que le skrall volait, loin au-dessus du sol de voya-nui, ce dernier se connecta mentalement aux réseaux de communication de l'univers matoran.