Ah, Visorak. Une île marquée, parmi tant d'autres dans l'Univers Matoran, par les guerres incessantes. Une île qui avait souffert, une île pourtant sur laquelle étaient apparues les célèbres araignées du nom de Visorak...Elles avaient hérité du lieu où elles avaient vu le monde. Touchant, très touchant. Mais aujourd'hui, où étaient elles ces araignées ? La réponse était simple. Elles n'étaient plus. Éradiquées. Tuées pour que Mata Nui puisse s'éveiller. Et avec quel résultat ? Mata Nui était-il à présent le bienfaiteur que tout le monde vantait ? Avait-il d'une quelconque façon racheté les dizaines, les milliers de vie perdues en son nom ?...Non.
Les Matoran furent cette nuit là tirés bien tôt de leur sommeil ; un bruit, un grondement, avait envahi la ville. La garde improvisée se tenait sur une petite tour à l'entrée, à côté de laquelle flottait toujours la bannière d'Artakha. Bien attristant, pourtant, qu'il soit tombé. Bien attristant que ses représentants soient morts. Le bruit sourd se mua bientôt, en un énorme croiseur au-dessus de la ville. Et avant que les habitants puissent souffler, l'immense nuage jetait sa pluie, et la mort était ses gouttes.
Tandis que le village brûlait, un être enveloppé de noir vint là, marchant au milieu de la ruine. Cette vision ne lui causait que déplaisir, car partout la tristesse l'accompagnait. D'une de ses dagues, il acheva sans hésiter un Matoran dont le corps était dévoré par les flammes, et dont les gémissements ne lui apportaient que mélancolie. Sitôt pourtant, il regretta son action, car le ronronnement lointain des flammes n'était pas une musique si douce que celle de la souffrance ; cette pensée le renvoya à nouveau dans son éternelle Peine. Il rangea là sa dague, passa et observa la bannière blanche jetée au sol, piétinée et partiellement consumée. Oui, vraiment, il y avait de quoi être peiné. De quoi être chagriné qu'un jour cette bannière ait pu flotter quelque part, mais qu'aujourd'hui elle ne flotte plus ici. L'armée noire tout autour de lui poursuivait son carnage, il entendait tout autour dans les villages les cris, les hurlements, les pleurs, les explosions et les tirs. Il s'assit, profitant de ces sonorités rassurantes. Mais cela n'allégeait en rien sa Peine. Cela ne faisait qu'augmenter celle qu'il voulait causer.
- Laissez donc quelques survivants...Comment pourrait-il y avoir traumatisme, s'il n'y a aucun survivant... ?
En cette nuit sur Visorak, le deuil s'installait sur un trône de cadavres.