L'ombre, toujours le même personnage que précédemment.
Il était là, assis. Il avait sur le sol gravé d'étranges inscriptions, et était assis en tailleur.
Le masque qu'il portait, à peine visible à la lueur diffuse et blafarde de la lune, apparaissait d'un noir sombre.
Ses mains étaient jointes, ses yeux fermés.
Dans son esprit, des phrases sans sens se formaient, se complétant, se mélangeant, s'assemblant de nouveau. Quiconque aurait tenté de lire les pensées de l'être à ce moment précis aurait été submergé par un flot insoutenable de folie tant tout semblait à la fois logique et dénudé de vérité.
Les mots flottaient comme dans un liquide à sa vue. Et même s'ils semblaient ne pas avoir réellement de rôle, ils en avaient tous.
Tous une importance dans la...chose qu'accomplissait en ce moment le makuta. Une clé pour ouvrir la voix et vaincre le Protectorat.
Dans tous les sens du terme d'ailleurs.
L'être était donc assis. La face blanche de l'Astre dans le ciel sembla un instant se voiler. Il se mit à murmurer des paroles, à peine audibles. Son masque ne bougeait pas, comme si ses pensées s'exprimaient d'elles-même. Il avait toujours procédé ainsi pour s'exprimer, comme son maître auparavant.
Ses phrases étaient comme les mots, en même temps pleines et dénudées de raison et d'intérêt.
Le nuage devint plus sombre. L'obscurité tomba. Le chant se fit plus fort, plus puissant.
Et bientôt, le sol lui-même se mit à résonner d'un bruit sourd, un grondement menaçant.
Le personnage se remit debout et, paume vers le haut, éleva les bras d'un geste impérieux et puissant.
Soudain, les marques s'illuminèrent d'un éclat aveuglant. Des éclairs montèrent vers le ciel en sifflant, heurtèrent le nuage, qui était devenu d'un noir d'ébène.
La foudre, d'une lueur bleue, s'engouffra dans la brume, qui semblait presque la dévorer voracement. Puis ce fut le silence.
Des volutes de vapeur entouraient à présent l'être. Telles des griffes, elles s'allongeaient, l'entouraient, le léchaient et l'enveloppaient, tel un manteau.
Un instant, au milieu du brouillard, la forme -indistincte- du personnage sembla disparaître.
Coup de vent.
Il était de nouveau là, debout, de haute stature. Il tenait et observait dans sa main de petits fragments d'aciers parfaitement lisses, brillants même.
Le nuage avait disparu, les sons nocturnes étaient revenus.
Finalement, Shrecki tourna les yeux vers le Nord
-Eh bien, ce ne fut pas sans peine...Mais à présent, le Codrex sera nôtre...Préparez vous Maître...
Dans son regard, une lueur cruelle était apparue, presque surnaturelle tant elle était terrifiante
-La Mort rendra bientôt son jugement...