[Canyon de Fer] La Torture commence...

C'était un moment de silence dans le Canyon de Fer. Un silence comme il y en avait tant. Ce canyon était le repaire de malfrats en tout genre, malgré les efforts des Fantômes pour les nettoyer. Et si les Fantômes étaient tombés, les malfrats, eux, étaient toujours bien là. Et comme pour avertir les voyageurs, le silence régnait toujours au milieu du canyon, comme une alerte muette qui disait « Fuyez ! N'entrez pas ! ». Mais rares étaient les voyageurs à jamais entendre cet avertissement invisible ; et ils finissaient bien souvent enlevés au fond d'une des cavernes du canyon, pour ne jamais revoir la lumière du jour. Mais au milieu du silence de mort, des bruits de pas. Mais ils ne provenaient pas de l'extérieur, non ; ils venaient des cavernes même. Les brigands à l'intérieur se retournèrent vivement, lorsqu'un rire grinçant, douloureux, provint des profondeurs.

- Coeur...Nuque...Colonne vertébrale...Yeux...Poumons...Quelle partie de votre corps devrais-je arracher d'abord ? Laquelle vous causerait le plus grand tourment... ?

Puis sur la roche, un crissement, celui de l'acier affûté frotté contre la pierre. Et le rire se poursuivit en une longue lamentation de métal et de sang, et de crânes transpercés, et de corps déchirés.
Les corps désarticulés des brigands, et de tout ce qui vivait au milieu de ce canyon, réunis en un même emplacement, étaient à présent prêts pour un festival final ; car aucun d'eux n'était encore mort, non, Il s'en était assuré. De sa main même, il s'affairait à présent, et de ses griffes noires, il déchirait les chairs de ses victimes, leur arrachait la peau, alors qu'ils palpitaient encore de vie, qu'ils étaient retenus à la vie et à la douleur, et à la vision d'horreur qui s'offraient à eux. Leurs hurlements, Il ne les entendait pas, oh ça non. Lui n'entendait rien de cela. Il ne voyait pas. Il ne sentait pas. Il ne respirait pas. Plus depuis une éternité. Son visage blanc, pâle, décoloré à jamais, était concentré sur une tâche et une seule. Mais il entendit la prière de celui qui, d'un bras percé, privé de peau, et dont Il s'était jusque là attelé à ôter les os un par un, l'attrapa à la cheville, priant de l'achever, et de taire la souffrance, de tout faire taire.

-...La Torture ne prend jamais fin...Pas avant que je l'ai décidé...

Et sans plus prêter attention au cri de ses victimes, il reprit à nouveau son travaille, creusant dans les chairs sans écouter les hurlements, arrachant les organes, puis forçant ses malheureux prisonniers à les regarder, les replaçant, touchant aux nerfs, ouvrant ici le crâne d'une personne encore vivante, là, arrachant l'oeil d'un autre puis le faisant regarder son orbite creuse...Et tout autour, dans toute la région, une légion Noire s'éparpillait, ne tuant personne mais détruisant tout, ramenant tout prisonnier à l'impitoyable Séide, entre ses griffes d'acier.