[Kini-nui] La naissance d'un héros

Le toa Alcadeïas soupira. Il venait de parler par deux fois au Maître, et il n'était pas très avancé. Mais il y avait toujours l'espoir.

-Ça ira ?
-Merci de t'inquiéter pour moi, Rubia... mais ça ira, ne te fais pas de soucis.
-On devrait y retourner, non ?
-Au colisée ?
-Oui.
-Bon... en route, alors.

Le Toa et une vortixx montèrent l'un après l'autre dans un planeur, qui décolla en direction de Metru-nui.

Et Alcadeïas pensa durant tout le voyage à une seule chose: ce qui s'était passé voilà deux jours et deux nuits. La mort de Carmine...


Depuis la nuit des temps, les ères se sont succédées, chacune naissant, connaissant son heure de gloire, puis mourant, avant de tomber dans l'oubli, et de laisser la place à une autre.

Des ères de guerre, de souffrance, de mort.
Des ères de paix, de joie, de grandeur.

Et durant chacune de ces ères, des légendes sont nées. Des héros se sont levés pour protéger leur peuple. Des tyrans sont nés, détruisant tout sur leur passage. Certaines de ces légendes sont mortes, mais d'autres sont encore en vie. Et chacun d'eux vous le dire: La vie peut-être un long fleuve tranquille, comme elle peut devenir un torrent déchaîné, et indomptable. Mais, encore faut-il savoir nager.

Aujourd'hui, une légende est née. Un héros, a choisi de sacrifier ce qu'il croyait avoir de plus cher -son identité- pour ses frères, ses chefs, et son peuple.
Son nom ? Un petit matoran, appelé... Carmine.


*C'est donc... ici. J'ai mis du temps à la trouver.*

Carmine était dans la chambre de l'avohkii, le masque de lumière. Depuis plusieurs jours, il l'avait cherché dans tout le colisée. Et il l'avait enfin trouvé. Depuis le jour, où, avec Jaller, ils avaient découvert ce masque, celui-ci ne sortait plus de ses pensées. Mais depuis que la pierre toa qu'Exo-Jal lui avait donné n'avait pas fonctionné, il était devenu un obsession. Le masque l'appelait. Et Carmine avait répondu.

Plusieurs minutes passèrent, sans un bruit, sans un mouvement. Mais l'air semblait s'être durci autour du "matoran".
Puis celui-ci s'approcha lentement, et, arrivé juste devant l'avohkii, il leva une main hésitante... et le toucha.
Aussitôt, une intense lueur dorée l'aveugla, et une horrible douleur lui arracha un cri.
Il tomba au sol, et manqua de s'évanouir.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, se tenait en face de lui un énorme monstre, de la taille d'un steltian... son ancienne masse organique.
Le vrai "Carmine", lui, était redevenu un petit matoran chétif.

-Car...mine...
-Hein ? Il est encore conscient, même sans moi ?!
-J'ai... faim... très... faim...
-Je le sens pas, ce coup-là...

Carmine essaya de s'enfuir, sachant pertinemment que le... monstre en face de lui ne ferait qu'une bouchée du matoran. A tous les sens du terme.

La créature l'attrapa, et le lança sur un des murs. Carmine se releva, sonné, et ne vit pas le coup qui suivit. Il fut à moitié enfoncé dans le mur. Il tomba ensuite à terre, et ferma les yeux, acceptant son funeste destin.

*C'est... c'est la fin. Je vais mourir. Qui pourrais me sauver, dans une telle situation ?
Ha, personne. J'ai... toujours... été seul. Tramor, Exo-Jal, et les autres... ne m'ont jamais ne serait-ce qu'apprécié. A cause de mon apparence, sûrement. Je vais-*

Ses pensée furent interrompues par un bruit sourd. Puis un autre, plus fort, retentit dans la salle de l'Avohkii. Carmine ouvrit les yeux, leva la tête, et regarda devant lui.
La Créature avait été immobilisée par une sorte de filet électrique.

Carmine se leva.

-T... Toi ?
-Tu ne me remercies même pas, Trésor ? Je suis déçue.

En face de Carmine, tenant la créature par le filet, se tenait une vortixx. Mais pas n'importe laquelle.

Celle qu'il avait rencontré au Grand Tournoi.
Celle dont il rêvait toutes les nuits.
Celle... qu'il aimait.

-Allez, aide-moi !
-Comment ?
-Ton fusil... il est bien équipé d'un lance-grenades, non ?
-Euh... oui !
-Alors ramasse-le ! Et lorsque je vais le lâcher, tu lui tires entre la tête et le corps, compris ?
-Oui...
-Prêt ?
-C'est quand tu veux !

Aussitôt libéré, le monstre se rua vers Carmine, qui tira une grenade. Une énorme explosion retentit, et un nuage de fumée s'installa. Le matoran regarda tout autour de lui, s'attendant à la prochaine attaque de monstre, qui se serait régénéré. Mais il ne se passa... rien.

-Qu'est-ce qui se passe ? Il... ne revit pas ?
-J'ai lui envoyé une IEM. La seule arme efficace contre les monstres en son genre.
Ses nanites ont été désactivées, et son cerveau a été détruit. Et sans ça, pas de vie supplémentaire.
-Merci... merci beaucoup. Mais il me reste toujours quelque chose à faire.

Carmine s'approcha encore une fois du masque, sortit sa pierre toa, et les pris les deux dans ses mains.

-Donnez-moi le pouvoir... de vous protéger !


-Le coucher de soleil de Mata-nui est magnifique...
-Oui. Et, encore merci.
-Oh, de rien. Te sauver n'a pas été très difficile. Par contre, il faut que tu m'expliques ce qui s'est passé, au colisée.
-Je ne sais pas vraiment. Lorsque le masque s'est mis à briller -pour la deuxième fois-, ma pierre toa s'est désintégrée, et je me suis évanoui. Et lorsque je me suis réveillé, j'étais dans tes bras, couché par terre.

Qu'était-il arrivé à Carmine ? C'était simple... il était devenu, un toa de lumière. Une armure argentée le recouvrait, et une cape était apparue sur son dos.

-Qui aurait cru que je deviendrais un toa de lumière ? Exo-Jal et les autres ne vont pas me croire... et c'est un problème. Il vont me prendre pour un imposteur. Il faudra que je voie ça avec Tramor et Dume.
-En tout cas... moi, j'ai toujours cru en toi.
-Merci... tu sais, juste avant que tu n'arrives, j'ai pensé à ma vie, en tant que monstre. Et je croyais que personne ne m'avait jamais apprécié. Que j'étais seul. Et puis... tu es arrivée.
-Tu croyais... que personne ne t'aimais ? Imbécile... tu es aveugle, ou quoi ?
-Pardon ?
-Je vais t'ouvrir les yeux, moi !

Elle approcha lentement sa tête, ferma les yeux... et l'embrassa. Durant une bonne minute, Carmine oublia tout. La guerre, les matorans... et même le Protectorat.

-Je... je ne savais pas que tu ressentais... la même chose que moi.
-Idiot ! Ce n'est pas ton apparence, qui m'importe... c'est ce qu'il y a à l'intérieur de toi même, là, dans ton coeur.
-Merci...

Plusieurs heures passèrent. La nuit tomba, le jour se leva.

-Il faudrait y aller. Ah, et ne me rends compte, que tu ne connais toujours pas mon nom.
-En effet.
-On m'appelle... Rubia.

Carmine répéta de nombreuses fois ce nom dans sa tête, et enleva son masque. Il l'observa longuement. Il formait une sorte de casque, qui couvrait et entourait entièrement sa tête.

-Il est bizarre...
-Il est unique. Et... il te faut un nouveau nom.
-Ah, oui, pour les matorans... mmmh... je n'arrive pas à en trouver un de bien.
-Que penses-tu de... Alcadeïas ?
-OK, ça me va.

Le nouveau toa et la vortixx montèrent dans le planeur et repartirent pour Metru-nui.
Arrivés là-bas, ils se rendirent au colisée, et racontèrent à Dume tout ce qui s'était passé. Enfin... presque.

Et c'est ainsi qu'un héros, toa de la lumière, naquit en ce jour. Allait-il mourir précipitamment ? Ou bien allait-il survivre, jusqu'à son but ultime, et sauver son peuple ? Seul l'avenir nous le dirait. Mais une légende était née, et personne ne pourrait le contester.

La vie peut être un long fleuve tranquille, comme elle peut devenir un torrent déchaîné et indomptable. Mais encore faut-il savoir nager.

[HRP] Prononciation: Rubia --> Roue-bia; Alcadeïas --> Al-ka-dé-i-as.[/HRP]