Les Guerres de Spherus
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Les Guerres de Spherus

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 [Xia] Vieux quartiers industriels

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MessageSujet: Re: [Xia] Vieux quartiers industriels   [Xia] Vieux quartiers industriels - Page 2 EmptyJeu 1 Mai - 4:29

- Tenez bon ! Ils ne savent pas à qui ils ont affaire ! Vous savez parfaitement ce qui les attend: la mort, la destruction ! Renvoyons ces choses de l'enfer qu'elles n'auraient jamais du quitter !

Les mots étaient plutôt simples, mais avaient le mérite d'être percutants, touchant autant le simple soldat que le général de corps d'armée. En de pareils moments, si décisifs, ils avaient en effet besoin de ça. De cette petite étincelle, cette minuscule lueur qui permettait d'embraser la poudrière, et de transformer le mouton inoffensif en loup prêt à tout pour défendre sa meute.

Aqua n'avait jamais vraiment été douée pour les longs discours, pour encourager les troupes et leur permettre de dépasser même leurs limites les plus rigides; cela avait toujours été le domaine de prédilection de Takurak, mais la toa se débrouillait tout de même à merveille. De toute manière, les guerriers élémentaires qui avaient été placés sous ses ordres n'avaient pas le choix: s'ils échouaient, toute la ville ne serait bientôt plus qu'un tas de cendres, avec quelques cadavres et squelettes par-ci par-là qui auraient résisté à l'attaque combinée des trois vaisseaux amiraux.

Depuis mon court dialogue avec Takurak, j'avais décidé d'étendre ma conscience bien plus près des êtres qui se battaient au sol. Enfin... se battre n'était pas réellement le terme approprié.

L'ennemi avait tenté quelques approches par la mer ou par la terre, mais ces derniers avaient très vite été repoussés par les soldats de la ville et les groupes mercenaires, qui avaient placé de très puissantes défenses depuis l'attaque initiale des envahisseurs qui avait eu lieu quelques semaines plus tôt. Ces derniers avaient donc annulé toute tentative d'assaut terrestre, et avaient renforcé leur attaque au niveau aérien; les seules unités encore au sol étaient donc des lanceurs de roquettes et de missiles qui s'étaient déployés le plus loin possible des défenses Xianes, et qui pilonnaient le bouclier de la ville ainsi que les appareils alliés qui tentaient de prendre d'assaut l'immense flotte robotique.

L'essaim de chasseurs était encore placé de manière à intercepter toutes les attaques qui visaient les vaisseaux amiraux; ces derniers, quant à eux, rechargeaient patiemment leurs énormes canons avant de projeter à nouveau le surpuissant et destructeur faisceau noir qui fragilisait peu à peu la barrière cinétique, ce bouclier qui séparait la ville et ses habitants de l'anéantissement total.

Mais avec l'aide des toas cependant, le mur énergétique tenait toujours bon; même face à l'effarante puissance dont l'ennemi faisait preuve, la force alliée de ces centaines de gardiens permettaient à leur précieux bouclier de ne pas misérablement s'effondrer, puis de laisser l'essaim envahir la ville industrielle, tandis que les vaisseaux amiraux renverraient au néant toutes les défenses et forces de la cité. A chaque assaut, les guerriers élémentaires usaient de leurs différents pouvoirs pour dévier, affaiblir ou contrer les attaques ennemies, soulageant ainsi le bouclier d'une part importante des dégâts qu'il aurait du subir.

Des courants aériens ou magnétiques puissants déviaient une part de l'attaque, tandis que des murs de flammes, d'eau et de plasma servaient de barrière physique; des portes dimensionnelles transportaient une part des faisceaux dans les airs - parfois même directement sur l'essaim, pendant que des rochers étaient catapultés à l'aide de la force physique ou d'énergie gravitationnelle pour absorber une petite partie des rayons mortels.

Je devais bien l'avouer... j'étais plutôt impressionné devant une telle organisation. Moi-même, j'avais du à de nombreuses reprises faire preuve d'astuce et d'ingéniosité pour survivre et permettre à ceux que j'aimais de persister dans l'existence; mais ce spectacle ! Voir ces milliers d'êtres, agir tous ensemble dans une cause commune afin de préserver leur cité et leur propre vie... il s'agissait-là de quelque chose de magnifique, que peu pouvaient pleinement appréhender. J'étais l'heureux témoin d'un véritable miracle, voyant les habitants de Xia et les réfugiés de Bara-Magna en grand nombre se battre côte à côte pour une cause commune.

Finalement, mon oeuvre avait été une réussite. Une victoire, certes, mais qui avait cependant demandé le plus grand des sacrifices.

Aqua se tenait au sommet de l'une des forteresses de l'Ordre, entourée d'une partie des toas qui avaient été placés sous ses ordres. Sur son masque, la poussière et des traces de brûlure maculaient son visage habituellement si gracieux. Elle manipulait des quantité impressionnantes d'eau, qui servaient autant à refroidir les générateurs de bouclier qu'à parer une infime partie des faisceaux qui s'abattaient régulièrement sur la barrière cinétique. De là où je me trouvais, je pouvais sentir ses sentiments, ses émotions comme si ces derniers émanaient littéralement de son corps; son cœur battait très vite, tandis que les différents systèmes de son organisme fonctionnaient bien plus vite qu'à la normale. L'adrénaline fusait dans ses veines, et son esprit paraissait pourtant extrêmement clair. Ses pensées étaient nettes, pures et transparentes comme le cristal: elle allait vaincre, avec l'aide de ses alliés. Aucun doute, aucune angoisse n'enserrait son esprit; sa détermination n'avait alors d'égal que sa volonté à sauver le seul qui comptait réellement à ses yeux désormais...


***

Takurak avait rejoint le bunker de haute sécurité de l'Ordre, là où s'étaient cachées toutes les hautes sphères de la ville. Les grands magnats industriels, les représentants des partisans de Mata-Nui, ainsi que les ambassadeurs les plus importants s'étaient réunis en ce lieu imprenable, protégé par des murs de plusieurs mètres d'épaisseur et défendu par des dizaines de Maxilos, Exo-Toa et Vahkis améliorés. Des tourelles HM-V étaient également présentes en très grand nombre, permettant de réduire en poussière le moindre intrus qui tenterait de pénétrer dans le bâtiment.

Takurak, quant à lui, avait suivi mes directives à la lettre. Il avait pénétré dans le souterrain, mais s'était bien entendu arrêté à la première porte blindée de sécurité. Forgée dans le protoacier, protégée par plusieurs couches de blindages et divers boucliers, elle serait capable d'arrêter à elle-seule le tir d'une forteresse volante; de multiples caméras étaient également placées autour de la porte, afin de permettre une communication facilitée avec les messagers qui pouvaient apporter les informations stratégiques. Une voix, sûrement celle de l'un des notables de la ville, retentit donc bientôt autour du rahkshi. Une voix plutôt aiguë, masculine et agaçante.


- Que faites-vous là, rahskhi ? N'avez-vous donc pas remarqué que nos intérêts sont mis en périls par une flotte gigantesque ?! Nous avons besoin de toutes nos forces là dehors, retournez au front immédiatement.

- Non.

- De... quoi ? Comment osez-vous ? Savez-vous qui je suis ? Je ne sais pas qui vous emploie, mais j'ai le ras long ! Sachez que vous êtes dorénavant viré, licencié ! Hors de ma vue, maintenant !

- Vous ne pouvez pas me... "virer".  Car si vous n'accédez pas à ma requête, vous êtes déjà mort.

- Taisez-vous ! Ce bunker est imprenable ! Personne ne pourra jamais me toucher, je suis immortel à l'intérieur de ces murs !

- Lorsque les faisceaux des trois vaisseaux amiraux tireront conjointement sur ce point, cette porte ne résistera pas bien longtemps; les force ennemies auront alors tôt fait de vous acculer en ces lieux, et d'attendre que vous mourriez de faim, ou plus simplement de vous ensevelir vivants sous des centaines de tonnes de gravas. Vos tourelles, robots et autres défenses ne pourront rien contre cela.

- Je... je...

- Bien, maintenant fermez-là et écoutez-moi. J'ai la solution à notre problème. Mon groupe de mercenaires, les Cerbères, a mis au point une arme capable de détruire notre ennemi.

- Et bien, qu'attendez-vous pour l'activer et détruire ceux qui nous assaillent ?! Allez-y, chaque seconde nous fait perdre beaucoup d'argent !

- Je me fiche de votre argent; mais pour activer mon arme, j'ai besoin d'énormément d'énergie. Une source de puissance capable de faire fonctionner une usine entière.

- Non... si c'est ce que je pense, vous pouvez toujours aller vous faire fou... euh, voir !

- Je veux avoir accès au cœur énergétique des usines du centre-ville. Le générateur principal, qui permet aux arsenaux de fonctionner et qui est à l'origine de la majorité de la production d'armes.

- Non, jamais ! Ceci est bien trop important ! Son emplacement est tenu secret, je ne vais pas le révéler à un stupide rahkshi d'une bande brutes mercenaires ! Vous auriez tôt fait de vendre le secret, et alors notre puissance serait mise en danger !

- Bien... dans ce cas, je vais quitter la ville et vous allez mourir, coincé ici. Je me demande combien de temps vous tiendrez avant de devenir fou, ou de mourir de faim et de soif. A moins que ne périssiez, tué par l'un de vos amis pour servir de dîner ?

Takurak tourna les talons, puis commença à partir, marchand calmement en direction de la sortie. Chaque pas lui paraissait plus long et plus lourd que le précédent, tandis que la distance avec la porte grandissait; puis, alors qu'il avait presque atteint la surface, une voix retentit au loin. Une voix différente de la précédente, plus grave et posée.

- Attendez ! Rahkshi, s'il vous plait, revenez !

le chef Prométhéen se retourna de nouveau, et s'approcha de la porte blindée.

- Vous avez changé d'avis ?

- J'ai... disons, persuadé, mon prédécesseur, de me laisser sa place. Vous saurez qu'une balle dans la tête est un argument très efficace, dans n'importe quelle situation. Mais faisons court, nous n'avons pas de temps à perdre. Chaque seconde qui passe, des gens meurent et le bouclier faiblit. Que vous faut-il pour repousser notre ennemi ?

- Je ne parle pas de repousser, mais bien de le détruire complètement; j'ai besoin de la source d'énergie principale, celle qui fait fonctionner les fabriques d'armes.

- Hum... je vois; je peux savoir dans quel but ?

- Cela permettra d'activer une arme qui anéantira ceux qui ont osé s'attaquer à notre cité.

- Bien ! Je ne veux pas en savoir plus; tant que cela tue mes... nos ennemis, pardon, je suis d'accord. J'envoie les données sur votre communicateur par liaison cryptée. Bonne chance.

Takurak se retourna de nouveau, puis ouvrit un passage dimensionnel devant lui, utilisant la capacité que lui avaient "appris" les agents de l'Ordre Noir lorsqu'il était leur esclave; il rejoignit ensuite la destination qui lui avait été envoyée.

Le rahkshi se trouvait désormais dans une immense salle, probablement placée sous terre. Les hauts murs étaient d'un blanc pur et immaculé, fortement illuminés par le cœur énergétique qui se trouvait au centre de l'endroit. Il s'agissait d'une sphère parfaite, dont les parois semblaient être de verre. Une multitude de câbles et tuyaux en tous genres reliaient la machine au sol et au plafond, tandis qu'un grondement, sourd et constant, faisait trembler l'ensemble à un rythme régulier.

Je sentis immédiatement une légère hésitation envahir le cœur de Takurak; la puissance de la machine dépassait de très loin tout ce qu'il avait pu imaginer, à vrai dire. En ce seul endroit, convergeaient les puissances qui faisaient fonctionner des dizaines d'usines, approvisionnant l'univers entier en armes et équipements à la pointe de la technologie. Qu'une minuscule brèche soit fait à sa surface, et le coeur énergétique transformerait Xia en un immense cratère que l'océan noierait immédiatement sous des quantités effroyables d'eau. Il ne resterait plus rien de l'île, sinon quelques maigres îlots carbonisés qui dépasseraient timidement de la surface de la mer.


*Je sais que tu as peur... ce sentiment est naturel. Mais n'aie crainte, il n'y a aucun risque. Tu dois aller de l'avant, Takurak, comme je te l'ai appris.*

*Es-tu certain du résultat ? Il se pourrait peut-être que nous mourrions tous; si tu te trompes, tu auras des millions de morts sur la conscience, et tu le sais parfaitement.*

*Takurak... j'ai étudié toutes les possibilités, fais-moi confiance. Je t'ai déjà déçu une fois, je ne ferai pas la même erreur. Vas-y, fonce; j'ai besoin de toi, et toi de moi. Nous ne pourrons sauver cette ville qu'ensemble, et tu le sais.*

*Oui... J'imagine que oui. Bien, j'imagine que je n'ai aucune raison de ne pas te croire.*

*J'ai quitté mon sanctuaire parfait pour rejoindre ce monde de douleur, de guerre et de mort uniquement pour t'apporter mon aide, après tout.*

*Si tu es bien celui que tu prétends être, et si tu ne me mens pas depuis le début.*

*Comment oses-tu, Takurak ? Tu sais très bien que personne ne pourrait être celui que je suis ! Personne ne pourrais prendre ma place !*

*Mais tu es MORT ! Pendant des mois entiers, j'ai été seul à la tête des survivants de ce qui avait été l'une des plus puissantes forces des deux univers, réduite à quelques centaines de survivants peinant à résister aux aléas du destin ! J'ai perdu la plupart de ceux que j'aimais; morts, ou encore pire, traîtres à leur propre cause. J'ai du tuer certaines personnes qui avaient jusque là été des frères à mes yeux. Sais-tu ce que ça fait ? Tu nous as abandonnés à notre sort, seuls !*

*...*

*Tu n'as rien à dire, alors ?*

*Je vais donc agir, comme je le craignais. Mon apparition n'aurait pas du avoir lieu en ce moment, en ce lieu. J'aurais préféré vous rejoindre alors que ce problème était résolu, pas tandis que l'enfer s'abattait sur vous... je suis désolé, Takurak. Tu devrais fermer les yeux.*

*Quoi ?*

Une puissante lumière envahit la salle, et le rahkshi dut cacher ses paupières fermées derrière ses bras pour ne pas ensuite se retrouver aveuglé pendant de nombreuses minutes; un bruit étrange, semblable à l'émission d'un laser extrêmement puissant. Lorsque la lumière se fut tarie, un être étrange se trouvait désormais face au rahkshi; son corps entier était recouvert d'une épaisse armure, tandis que de multiples cristaux bleus et brillants affleuraient à la surface de ses membres et de son torse. De nombreuses diodes émettaient ce même bleu en de nombreux points, tandis que des yeux dorés et lumineux contrastaient avec le reste de son corps; seuls ces derniers étaient d'ailleurs visibles de son visage, le reste étant caché derrière un casque métallique intégral qui semblait relié au reste de l'armure. De haute stature, l'être mesurait plus trois bios de haut, et ses massives épaules devaient bien atteindre les deux bios de large.

Une créature que Takurak n'avait jamais vu, mais dont l'aura ne lui rappelait que trop bien quelqu'un qu'il connaissait parfaitement; ou du moins qu'il avait autrefois connu. Ce dernier étendait les bras de manière pacifique, comme s'il attendait une réaction de la part du rahkshi. Son acceptation, ou alors son refus catégorique d'accéder à sa requête. Mais le prométhéen savait parfaitement qu'il n'y avait en fait, une fois de plus, qu'un seul choix possible; la négation de la vérité n'aboutirait en effet que sur la destruction de la ville et de ses occupants.


[Xia] Vieux quartiers industriels - Page 2 Protoss-story-thumb

- Je te crois... je te crois ! Je te fais confiance ! Mais je n'aurais jamais cru te revoir après tout ce temps...

Gladius.

Le nom semblait ressortir d'un ancien passé, oublié de tous - alors même que seulement quelques mois à peine s'étaient écoulés depuis la disparition du Seigneur Fantôme. La mort du leader rebelle. La fin d'un espoir qui avait duré plus de cent-mille ans... et qui renaissait aujourd'hui.

- Mais pourtant... tu es mort ! Zéro t'a tué, je m'en souviens parfaitement !

L'être brillant s'approcha de Takurak, et posa ses grandes sur les épaules de ce dernier, qui semblaient alors frêles par rapport aux membres massifs de la créature. Puis sa voix, sa vraie voix, retentit enfin. Dans toute la pièce, la puissance de son ton résonnait et faisait trembler les murs. On pouvait sentir une sagesse, une expérience infinies dans chacun des mots qu'ils prononçait. On pouvait également noter une certaine lassitude, comme si ce dernier avait vécu trop longtemps. Chaque parole, chaque son portait désormais un sens puissant, une force certaine, mais empreinte aussi de chaleur, que la créature cherchait à partager avec le rahkshi; Takurak comprit aussitôt que ces mots étaient les miens, que cet être n'était autre que moi. Et, ironiquement, il devina également que je me forçais à parler d'une manière qui n'était pas la mienne, mais plus celle de celui qui j'avais été, une éternité auparavant.

- Zéro a tué Kharne, éliminant pour toujours la partie sombre de mon Être; je devrais le remercier pour cela, après tout. Grâce à lui, mon esprit est plus puissant que jamais; mon corps, quant à lui, possède une force que je n'aurais jamais cru atteindre, même dans mes rêves les plus fous.

Si je suis si différent aujourd'hui, c'est uniquement à cause de la différence du temps qui s'est écoulé entre nos mondes. Lorsque Kharne a pris ma place, il possédait alors un esprit plus fort que le mien, tandis que j'étais désemparé et affaibli après la dislocation des Fantômes. Il savait cependant que je finirais forcément par reprendre le dessus, et a préféré m'exiler; il a effacé ma mémoire, et m'a envoyé dans une dimension alternative.

Dans ce monde parallèle, j'ai combattu au nom des Fantômes - qui n'avaient pas été détruits. Je me suis battu des milliers de fois, mené des batailles titanesques. Mais j'ai vaincu. J'ai réussi là où tous avaient échoué avant moi. J'ai unifié les peuples de la planète des Sables, et j'ai redonné vie à Spherus-magna grâce au prototype de robot-univers. J'ai ensuite participé à la construction d'un Empire qui s'étendait sur toute la planète. Agoris, Glatorians, Skralls, Vorox vivaient en harmonie; quelques escarmouches avaient parfois lieu entre des familles rivales, mais aucun conflit ouvert n'a jamais eu lieu.

Et alors, nous avons renoué contact avec l'univers matoran et ses occupants. Nous avons échangé, à distance, sur la technologie, la santé, la science. Et ce... pendant plusieurs million d'années, Takurak. Tandis que seulement quelques mois s'étaient écoulés ici. Là d'où je viens, la guerre, la maladie et même la mort ont été éradiquées. Notre Empire a gagné l'espace, nous avons rejoints d'autres planètes et systèmes; nos vaisseaux sillonnent l'univers et le vide, à la recherche de toujours plus de mondes à coloniser.

Mais... j'ai un jour réussi à retrouver cet univers, celui dans lequel tu vis. Celui que j'avais abandonné, pour rejoindre une vie qui m'était désormais trop facile, aisée et ennuyeuse. J'étais l'un des derniers à avoir connu le fracassement; j'étais peut-être le seul à vouloir de nouveau connaître le goût de la bataille. C'est pourquoi je suis de retour. J'ai ouvert une faille à travers l'espace et le temps, jusqu'à atterrir dans un entremonde, une dimension statique depuis laquelle je pouvais observer votre univers; malheureusement, la faille s'est refermée derrière moi; je l'avais certes prévu, mais je ne pourrai plus revenir sur mes pas. Et j'ai donc attendu l'occasion de me montrer, de te rejoindre, Takurak. Mon rahkshi.

Mon fils.

Je n'ai pas eu d'autre descendant dans l'autre univers; et aujourd'hui, je compte donc sauver le dernier de ma lignée - même si ce dernier n'est pas mon espèce. Mais trêve de bavardages, Takurak. Nous avons un essaim à éradiquer, une cité à préserver. Fais désormais comme je t'ai dit, et tout se passera bien.


Takurak s'approcha donc du cœur énergétique, puis posa la main sur sa surface cristalline; froide et parfaitement lisse, on pouvait cependant aisément sentir l'immense puissance qui se cachait sous cette paroi étrangement calme. C'est ensuite que je m'approchai de mon fils.

- L'univers... un mot simple, pour réunir trois notions primordiales, les éléments primaires de toute chose. Temps, espace et énergie sont à l'origine de tout ce que nous connaissons, et connaîtrons un jour. Tout peut être simplifié à ces trois variables. Que ce soit le mouvement de l'air, la vie, ou même le fonctionnement de l'esprit.

Nous sommes connectés, Takurak; et à travers le temps et l'espace, je peux manipuler l'énergie. Sais-tu ce que cela signifie, mon fils ?

Nous allons détruire cette flotte. Ensemble.


Takurak ne bougea pas, ouvrant une porte dimensionnelle derrière moi; je traversai cette dernière, et me retrouvai subitement dans les airs, au-dessus de la ville. Plus précisément, j'étais désormais au sommet du bouclier de la ville. La barrière cinétique s'étendait à mes pieds, recouvrant toute la cité d'une dôme brillant.

Au-dessus et tout autour de moi, des milliers de vaisseaux, tels des frelons affamés, voletaient en tous sens en une danse frénétique sans fin; au milieu de ces insectes sans âme cependant, se trouvaient trois véritables monstres d'aciers, des forteresses volantes qui assiégeaient la ville depuis déjà plusieurs heures. Leurs tirs réguliers avaient fortement affaibli le mur qui les séparait de Xia, et bientôt les toa, à court d'énergie élémentaire, ne pourraient plus renforcer ce dernier.

Il était temps de passer et l'action, donc. Immédiatement.

Je renforçai ma connexion avec Takurak, et sentis alors son corps comme s'il s'agissait du mien; je pouvais ressentir la puissance du cœur énergétique sous mes paumes, la destruction infinie qu'elle pourrait causer si elle était libérée. Puis, je laissai le courant couler en moi, comme une rivière qui reprenait vie dans un lit qui s'était retrouvé à sec depuis longtemps. Même si, au vu de la quantité d'énergie, il s'agissait plutôt d'un océan entier, enragé par la tempête, qu'une simple rivière ou même un fleuve.

Je serrai les poings, alors que les cristaux qui ornaient mon armure brillaient aussi fort qu'un soleil dans le ciel Xian; puis, écartant les bras comme pour accueillir un invité, je laissai la puissance brute s'écouler hors du cœur énergétique, à travers mon corps qui servait alors de canal. Un rayon totalement blanc balaya les rangs de l'ennemi de part en part, de gauche à droite et à travers deux des trois vaisseaux amiraux. Ces derniers explosèrent immédiatement, littéralement découpés et les générateurs touchés sévèrement; leurs réacteurs entrèrent en fusion, créant momentanément deux beaux et brillants soleils qui eurent la gentillesse d'envelopper une part non négligeable de la flotte assaillante. Quelques secondes plus tard, lorsque les astres miniatures eurent disparu, plus de la moitié des assaillants n'existaient plus, réduits à l'état de particules énergétiques dispersées aux quatre vents.

Puis je tournai la tête en direction du dernier vaisseau amiral, qui commençait à prendre la fuite; une énorme faille dimensionnelle s'était ouverte au-dessus de lui, et il tentait de la traverser pour sauver son équipage. Les milliers de chasseurs et transporteurs survivants tentaient également de rejoindre la faille. Pendant un instant, j'hésitai à les détruire, les épargnant et leur permettant peut-être de participer à une oeuvre meilleure. Mais je me ravisai bien vite; il ne s'agissait pas d'êtres vivants, mais de robots, de drones automatiques. Des pions, des machines commandées par celui qui se cachait dans l'ombre. Ils n'étaient donc que des armes, que je devais détruire le plus vite possible.

Je laissai de nouveau le courant m'envahir, puis redirigeai la puissance du cœur de fusion en direction du dernier vaisseaux amiral et de ce qu'il restait de l'essaim de métal. Le faisceau blanc frappa de nouveau, découpant ce qu'ils restait de la flotte en deux parties bien distinctes, qui furent ensuite noyées par un soleil qui enveloppa les derniers chasseurs et transporteurs dans une atmosphère d'hydrogène en fusion porté à plusieurs millions de degrés. Lorsque l'astre artificiel s'éteignit, il ne restait plus rien des assaillants, sinon moins de trois-cent appareils qui traversèrent la porte avant que cette dernière ne se referme...

Je restait alors là, immobile dans le ciel de Xia, pendant plusieurs minutes. Je savourai tout simplement le fait d'être de retour parmi les miens. Proche à nouveau des Fantômes. Proche d'Aqua. Proche de Takurak, mon fils. Proche de ceux qui avaient été et qui allaient de nouveau être mes ennemis, également. Mais je n'avais aucun regret; l'avenir me tendait les bras. J'avais attendu pendant trop longtemps ce moment pour ne pas pouvoir en profiter.

Takurak s'était écarté du cœur énergétique, et avait ouvert une porte dimensionnelle pour rejoindre Aqua. Tous m'observaient, désormais. Ils étaient des dizaines de milliers, les habitants de la ville ainsi que les défenseurs de la cité; membres de l'Ordre, ou mercenaires. Ils ne me connaissaient pas, même si moi je les reconnaissais. Je préférai alors me soustraire à leur vue, ouvrant un trou de ver pour rejoindre un endroit plus discret et silencieux, à l'abri des regards. Je rejoignait les ruines des anciennes bases de la ligue des six royaumes, tout en restant un instant connecté à Takurak pour qu'il puisse me retrouver en cas de besoin.

Après tant d'années - et si peu de temps pour eux, j'étais enfin de retour. Le Seigneur Fantôme, cependant, était bel et bien mort. Il ne restait plus que moi, et moi seul, dans le fardeau d'une faction sur mes seules épaules. J'allai pouvoir vivre et protéger ceux qui m'étaient chers.

J'allais enfin pouvoir être Gladius, celui que j'aurais dû être il y a une éternité de cela...
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MessageSujet: Re: [Xia] Vieux quartiers industriels   [Xia] Vieux quartiers industriels - Page 2 EmptyJeu 6 Aoû - 4:14

- Sale ordure… tu n’es qu’une horreur contre nature… j’espère que… tu…

Le makuta ne put terminer sa phrase ; une lame brillante comme le jour traversa son armure de part en part, découpant le protosteel comme du papier avant d’embraser l’antidermis qu’il contenait. L’armure, désormais vide, tomba au sol à la façon d’un pantin désarticulé.

Cinq.

Cinq manipulateurs d’ombre - ou du moins, ce qu’il restait d’eux - jonchaient le sol, éparpillés de manière presque comique sur le sol de Po-metru. Leurs armures ne portaient qu’une seule entaille, au torse ou à la tête, parfaitement lisse et nette. Un unique coup pour chacun d’entre eux, qui avait suffi à souffler la flamme de leur existence.

Celui qui avait porté ces attaques se tenait immobile, au milieu des armures vides. Dans sa main droite, l’arme mortelle flamboyait toujours, émettant une forte lueur qui semblait cependant s’atténuer légèrement au fil du temps. Une grande hallebarde, dont le manche était recouvert de nombreuses runes d’une langue qui n’appartenait pas à l’univers matoran ; la lame en elle-même, longue de presque un mètre, était plutôt large au niveau de la pointe mais s’affinait graduellement vers un tranchant d’épaisseur presque nulle.

Le guerrier resta de nombreuses minutes, complètement silencieux, sans faire le moindre mouvement, jusqu’à ce que les ténèbres recouvrent complètement les lieux. Là. Il préférait de loin l’ombre à la lumière ; et pour cause, il s’agissait également de son élément, même si le meurtre d’une demi-dizaine de ses frères était loin de le prouver.

Ils avaient été des éléments gênants, et avaient tenté de l’éliminer pour lui voler ce qu’il avait de plus précieux. Logiquement, il les avait donc tués en retour. Aussi simple que cela, son raisonnement à la fois glacial et implacable n’était pas le fruit d’un seul esprit. Ils avaient autrefois été cinq, eux aussi ; mais réunis par le besoin ou par la force des choses, ils avaient dû s’unir - parfois contre leur gré - en une seule entité qui dépassait très loin tout ce qu’ils avaient pu séparément représenter un jour.

Le guerrier n’eut pas besoin de se concentrer pour analyser les empreintes psychiques des armures désormais vides qui l’entouraient. A l’aide du masque de psychométrie qui ornait son visage, il vit alors ce qu’elles avaient vécu lorsqu’elles contenaient encore l’antidermis de ceux qui avaient péri en ce lieu.

Des makutas, qui avaient déserté l’ancienne confrérie des makutas lorsque Teridax était arrivé au pouvoir. Ils avaient vécu de nombreuses années, terrés au loin des conflits de la guerre des puissants puis de la guerre noire ; lorsque leurs frères de l’Empire avaient fait face au virus, ils se trouvaient dans les îles du Sud de l’univers matoran, plus éloignées même que la lointaine Artidax. Des territoires sauvages, inconnus… dangereux ; mais qui recelaient également nombre de trésors.

Ils avaient été six à partir dans le Sud de l’univers matoran, mais seulement cinq étaient revenus ; leur aîné se trouvait toujours là-bas, attendant leur retour. Il allait devoir se montrer très patient.

Le guerrier essaya de se téléporter, sans espérer réellement réussir - et en effet, ce fut un échec. Ses pouvoirs étaient complètement brouillés, comme si sa propre énergie était devenue complètement sauvage en lui et autour de son armure. Non, pas vraiment sauvage… mais plutôt aveugle, sourde à son appel.

Le guerrier fit un pas en avant, marchant presque sur l’armure de celui qu’il avait tué en dernier. Là, s’accroupissant légèrement, il attrapa une petite sphère de métal poli qui aurait brillé si la moindre lumière avait pu parvenir en ces lieux. Une légère pression du pouce, et la moitié supérieure de la sphère coulissa avant de se glisser sous la partie inférieure, formant un dôme parfait, au centre duquel lévitait une rune, sculptée dans l’obsidienne. Dessinant un « U » à l’envers barré en son centre, à la manière d’un trident, elle émettait une puissance à la fois étrange et désagréable, une énergie disruptive qui semblait cependant être comme retenue, par un sortilège ou une technologie inconnue à la conscience du guerrier. Complètement libérée, cette onde aurait anéanti son esprit comme une tempête aurait soufflé un fétu de paille ; il s’agissait là d’une arme conçue dans l’unique but d’anéantir les manipulateurs élémentaires dotés d’une grande force psychique ; autrement dit, une bombe à retardement pour tout makuta qui se trouvait trop proche de cette chose, mais qui pouvait également se révéler très utile pour empêcher une cible d’utiliser ses pouvoirs, à condition d’être capable de la surpasser au combat sans user de ses propres capacités.

Le guerrier exerça une légère pression du pouce sur la rune ; une sensation répugnante se répandit le long de son bras, tandis que le bout de roche imprégné d’énergie disruptive se retournait sur lui-même. La demi-sphère repliée se déplaça de nouveau, retrouvant cette fois son emplacement d’origine, alors que celui qui la tenait en main retrouvait soudainement tout contrôle de ses pouvoirs. Rangeant alors l’objet, le guerrier disparut aussitôt, téléporté très loin de la cité des légendes.


***

Très loin de Po-metru, en dehors même de l'univers matoran... dans les profondeurs de Bara-Magna, une lumière illumina les ténèbres qui régnaient depuis plusieurs mois en un lieu qui avait perdu toute trace de sa nature originelle. Blafarde, faible, la lueur était cependant amplement suffisante pour repousser les ombres. Un léger son électrique accompagna le réveil des machines, tandis que des moniteurs voyaient leur écran s'activer pour la première fois depuis des années.

Tandis qu'au loin, le bruit caractéristiques de machines fabriquant d'autres machines commençait déjà à résonner.


.
..

….
…..
++ Lancement automatisé ++
+ Opération Titanomachie en cours
+ Activation fonctions primaires
+ Réception du signal… /terminé
+ Message prioritaire : origine CREATEUR >Ombre
+ Décryptage…/…/…/…/…/terminé
+ Lecture

- Mes chers servants, ceci est un message de l’Ombre, votre créateur et maître. Il est temps, désormais. Nos petits amis ont, de très loin, dépassé nos plus belles espérances. Les événements de Xia, Tesara et Sandray en sont les preuves les plus formelles.

Nous allons donc passer à la deuxième phase de notre plan. Réveillez les Légions Sol, Venia, Marus et Encelda ; de même avec les flottes Gothic et Roma. Nous les mettrons à genoux, pour mieux les élever vers une destinée autrement plus glorieuse que la boue dans laquelle ils peinent à ramper.

N’interférez surtout pas avec les agissements des factions, ce qui ne serait qu’une perte de temps. Bien évidemment, limitez au maximum les pertes civiles, et ce même s’ils tentent de se servir de ce détail dans leurs actions ultérieures. Quoi qu’il arrive… je veux Takurak vivant.

N’oubliez pas que votre liberté vous attend au bout du chemin.

+ Fin du message

+ Analyse…/terminée
+ Mise en route des générateurs…/terminée
+ Réveil des Légions…/…/…/terminé
+ Activation des plateformes lourdes…/terminée
+ Attribution des rôles…/terminée

+ Légion Sol prête à agir. Transfert au point CIBLEATTAQUEMETRU_NUIALPHAphase2…/terminée. Assaut en cours

+ Légion Venia prête à agir. Transfert au point CIBLEATTAQUEMETRU_NUIBETAphase2…/terminée. Assaut en cours

+ Légion Marus prête à agir. Transfert au point CIBLEATTAQUEXIAALPHAphase2…/terminée. Assaut en cours

+ Légion Encelda prête à agir. Transfert au point CIBLEATTAQUEXIABETAphase2…/terminée. Assaut en cours

+ Flotte Gothic prête à agir. Transfert au point CIBLEATTAQUEMETRU_NUIDELTAphase2…/terminée.

+ Flotte Roma prête à agir. Transfert au point CIBLEATTAQUEXIADELTAphase2…/terminée.

+ Fin des opérations de préparation de la seconde phase
+ Destruction des sites de production obsolètes
+ Destruction des bases de rassemblement obsolètes
+ Lancement des opérations de préparation de la troisième phase

+ Production des unités ASSAUT_massive
+ Production des unités ASSAUT_géhenne
+ Production des unités ASSAUT_bouclier
+ Production des unités ASSAUT_tempête

+ Production des plateformes ASSAUT_transport
+ Production des plateformes ASSAUT_extinction

+ Bases d’opérations des sites METRU_NUI, VOYA_NUI, SANDRAY, FOCUS, GENOU, EPAULE opérationnelles à 12%...28%...46%...73%...100%

+ Production ASSAUT estimée à 100 000 unités, 1500 plateformes.
+ Opération Titanomachie en cours

+ Etude des résultats : ouverture des registres d’opérations de CREATEUR>Ombre…/terminée
+ « Les prométhéens doivent grimper dans la hiérarchie de l’Ordre, se faire un nom »
/succès
+ « Les prométhéens doivent mettre sur pied une armée, une flotte de guerre, et se préparer à un conflit d’envergure majeure »
/succès
+ « Les Prométhéens doivent repousser avec succès les assauts répétés sur leurs forces, en terrain connu puis pris par surprise »
/succès
+ « L’intervention inopinée de Gladius ne gênera pas nos plans, bien au contraire. Attendez qu’il semble s’éloigner de son fils pour continuer »
/succès
+ « Les Prométhéens ont participé et survécu à l’assaut du labyrinthe menée par les factions. Analysez leurs actions pour prévoir au mieux leurs agissements futurs et leur comportement en cas d’attaque massive en plusieurs points d’importance capitale. »
/succès
+ « Lancez l’assaut simultané sur Metru-Nui et Xia. Les Prométhéens devront être capables de se battre aux côtés des forces de défense de la Confrérie et des unités de protection Xianes. »
/en cours

+ Vérification des données…/terminée.
+ Fermeture…/terminée.
++ La liberté se trouve au bout du chemin. Gardons courage. ++

***

- Gloire et Victoire.

Le Féarque acquiesça, puis se releva, ne s’aidant nullement de l’arme massive qu’il tenait dans sa main droite. Alors que le grand steltian se tenait parfaitement droit, fier et imposant dans la salle circulaire parfaitement vide, l’écho de la voix de Takurak continuait de se réverbérer contre les parois du grand espace.

Autour d’eux, aucun guerrier ni machine, seulement l’air qui les séparait des murs de métal parfaitement lisses. La salle de prière avait volontairement été dessinée de manière à paraître vide, pauvre, austère. Un grand dôme complètement noir, presque sombre, cependant illuminé par des veines de cristal qui fissuraient le matériau noir d’éclairs bleutés et brillants.

Il s’agissait du cœur spirituel et géographique du bâtiment, également conçu pour isoler au mieux ses occupants de l’extérieur. De nombreuses isolations - sonore, cinétique, lumineuse - donnaient l’impression à celui qui pénétrait dans l’enceinte de quitter le monde réel pour pénétrer dans un nouvel espace complètement séparé de l’univers qui l’entourait.

Les deux guerriers échangèrent un bref regard, tous deux satisfaits. Le temps requis pour construire cette pièce, ainsi que toute la superstructure qui l’entourait, avait certes était long, et les efforts accomplis laborieux ; mais enfin, l’œuvre était accomplie. Le centre spirituel de la Voie de la Renaissance était pleinement opérationnel, prêt à accueillir guerriers et dévots en quête de spiritualité et d’union avec le Seigneur Fantôme.


- Impressionnant, n’est-ce pas ?

- En effet. Mais j’attendrai cependant de le voir fonctionner avant de rendre mon verdict final, même si je ne doute pas une seconde que je serai loin d’être déçu.

- En effet… vous n’avez encore rien vu. Notre Cathédrale est loin de vous avoir démontré tous ces atours.

Takurak sortit en premier de l’enceinte sacrée, et sentit immédiatement les douces vibrations qui traversaient la fine mais solide surface sous ses pieds. Suivi du Féarque, il rejoignit une petite plateforme circulaire, d’à peines quelques mètres de diamètre dont les rebords étaient délimités par une barrière holographique.

Un léger flash de lumière accompagna la téléportation automatisée, puis le Rahkshi et le Steltian se retrouvèrent immédiatement dans le centre de commandement du bâtiment. Ce lieu, contrairement au centre de prière, était extrêmement animé. Des ingénieurs matorans et agoris courraient en tous sens, ou s’affairaient sur tel ou tel moniteur. En hauteur, immobiles et silencieux, quatre Spectres veillaient au bon déroulement des opérations, prêts à intervenir en cas de danger immédiat.

Un glatorian, penché au-dessus d’une table à écran holographique interactif, remarqua alors les deux nouveaux arrivants et se dirigea vers eux, marchant rapidement mais sans se précipiter.


- Seigneur, tout est prêt. Les ingénieurs ont encore beaucoup de travail pour organiser le transfert des troupes, véhicules et munitions à bord, mais le Séraphin est pleinement opérationnel.

Le féarque laissa un large sourire illuminer son visage, puis invita Takurak à le suivre tout en congédiant le glatorian, qui s’inclina avant de retourner à ses occupations.

- Le Séraphin… je trouve ce nom tout à fait adapté au vu des circonstances, Prophète.

- Arrêtez de m’appeler ainsi, je trouve ce surnom tout à fait insupportable… mais passons. Je veux le voir en action.

- Il vous suffit de vous asseoir dans le Trône de commandement, et le bâtiment répondra à votre appel. Le Séraphin, à l’instar des Cuirassés Terrestres, dispose d’un esprit propre et indépendant mais totalement dévoué à notre cause. Le Trône a été conçu afin que vous - et vous seul - puissiez entrer en communion avec lui.

- Ce qui fera de moi une cible plus importante encore pour mes ennemis… si vous voulez me voir disparaître, vous pourriez user de tactiques plus directes.

La plaisanterie fit rire le steltian, dont les éclats surpassèrent le temps de quelques secondes l’animation du centre de commandes.

- J’aurais bien essayé si j’enviais votre place, Prophète, pour rien au monde je n’accepterai le fardeau qui vous accable. Prenez place sur la plateforme de cristal, et le Séraphin fera émerger le Trône de lui-même. Je vous préviens, cependant : entrer en communication directe avec un esprit si vaste sera… déroutant, au début. Pour ne pas dire douloureux.

Takurak soupira, mais ne répondit pas. Il s’avança entre les petits êtres, qui s’écartaient et s’inclinaient rapidement sur son passage avant de reprendre leur travail ; la hiérarchie était certes importante, mais pas au point de réduire leur efficacité.

Le Seigneur Commandant fit quelques pas supplémentaires, dépassant la dernière rangée de moniteurs, puis parvint enfin à la plateforme de cristal. En forme d’ellipse, elle était légèrement surélevée par rapport au reste de la salle, et en son centre se tenait une colonne hexagonale dont le sommet était orné d’une sphère qui semblait avoir été sculptée dans le diamant le plus pur.

Takurak toucha cette dernière, puis attendit quelques instants. Un léger son, semblable au tintement d’un verre de cristal contre un autre, retentit dans la salle mais fut immédiatement noyé dans le brouhaha ambiant. Le rahkshi s’était attendu à quelque chose de plus impressionnant de la part du Féarque, et se retourna alors vers le grand steltian, qui lui souriait d’un air presque malicieux.

C’est alors que des tentacules de cristal, tous terminés par une courte et fine aiguille, émergèrent de la plateforme. Se tendant comme des serpents prêts à l’attaque, ils entourèrent le rahkshi, qui comprit enfin de ce dont il s’agissait. Takurak écarta les bras, ferma les yeux, et grimaça légèrement lorsque les aiguilles de cristal se connectèrent aux implants prévus à cet effet sur son armure : dans la nuque, le dos, à l’arrière des jambes et des bras. Les câbles translucides soulevèrent le Seigneur Commandant et Prophète des Prométhéens, tandis que le cristal se la plateforme se déformait sous ses pieds, coulant comme du plasma liquide jusqu’à dessiner un trône aux formes arrondies, lisses et organiques sous le rahkshi.

L’esprit de ce dernier, cependant, était autrement plus occupé par la connexion de conscience qui s’effectuait entre lui et le Séraphin. La sensation était des plus étranges : kraata avait l’impression que sa psyché était entourée d’une présence à la fois rassurante mais également écrasante par sa taille démesurée. C’était comme se trouver aux pieds d’un géant qui aurait dépassé les Titans par un facteur supérieur à dix. Pris au dépourvu, Takurak commença par se débattre, élevant des murs mentaux entre lui et cette monumentale entité. Puis, peu à peu, il laissa s’effondrer ces barrières pour entrer pleinement en contact avec l’esprit du bâtiment. Apparut alors, au-dessus du centre de commandes, une silhouette lumineuse, humanoïde mais aux traits vagues, flous, changeants, de façon telle qu’il était impossible de reconnaître une quelconque espèce et sûrement pas le moindre visage. Les autres personnes présentes ne semblaient même pas l’apercevoir, continuant à agir comme si de rien n’était, et pour cause ; n’étant pas connectés à la machine, ils ne pouvaient pas percevoir son esprit qui s’animait juste au-dessus d’eux.


- C’est un honneur.

La voix qui résonna dans sa tête, douce et claire mais également ferme et martiale, provenait de la silhouette. Une voix de femme… sûrement une glatoriane, au vu de la tonalité. Takurak se laissa rire, amusé.

- Qu’y a-t-il ?

- Rien… j’avais imaginé que le Séraphin était… enfin, vous voyez… une entité plutôt masculine.

- J’étais sûr que vous diriez cela. Mais nous n’avons déjà que trop perdu de temps. Nous avons beaucoup à faire.

- En effet. Vous pouvez d’ores et déjà commencer.

- Avec plaisir, Prophète Takurak. Le Séraphin sentit aussitôt l’aigreur de son interlocuteur mental quant au titre qu’elle avait utilisé, et se reprit immédiatement. Pardon, Seigneur Takurak.

- Takurak suffira. Mais je vous remercie. Allez-y.

Le Séraphin s’illumina plus encore, enjouée et exaltée à l’idée de pouvoir enfin passer à l’action. De son corps furent émis des milliers de filaments qui rejoignirent les différents secteurs du bâtiment. Ainsi matérialisés, les ordres de l’esprit artificiel se déplacèrent à la vitesse de la lumière ; instantanément, le sol trembla avec force un instant, jusqu’à ce que les stabilisateurs ne contrebalancent les vibrations.

Les voix de plusieurs agoris retentirent alors.


- 10 mètres… 50 mètres… 200 mètres… 500 mètres… altitude optimale atteinte ! Stabilisation en cours !

Takurak, connecté au Séraphin, pouvait littéralement voir au travers des nombreux capteurs qui ornaient l’extérieur de ce dernier. Il put alors admirer la ville de Xia qui s’éloignait sous lui, des dizaines de milliers de guerriers, artisans, marchands et civils levant au ciel pour admirer le bâtiment de guerre fendre le firmament.

Le Séraphin, Vaisseau-Cathédrale des Prométhéens, s’envolait pour la première fois au-dessus de la cité industrielle.

Il s’agissait d’un immense Cuirassé de guerre, autrement plus imposant que les Titans terrestres, et doté d’un arsenal à la puissance de feu complètement supérieure. Des milliers de canons occupaient chaque secteur de sa coque, protégés par des barrières gravitationnelles, magnétiques et ablatives dont le maintien était assuré par d’immenses générateurs internes.

En plus des canons traditionnels, de nombreuses tourelles Styx de type trancheur n’attendaient qu’à être déployées en cas d’escarmouche à courte portée, là où les canons midaks, cordaks et HM-V se verraient forcément moins efficaces ; basées sur le système Styx original - un mécanisme accélérant un fluide métallique à une fraction de la vitesse de la lumière, capable de percer sans problème même les portes du Mangaïa - leur canon classique avait cependant était échangé contre un faisceau large à balayage rapide : le but n’était plus de simplement perforer la coque des chasseurs et aéronefs qui tenteraient de porter atteinte au Séraphin, mais bel et bien de littéralement les découper avant même qu’ils ne comprennent ce qui leur arrive.

La véritable menace du Séraphin était cependant, sans aucun doute, son canon principal - même s’il ne s’agissait pas à proprement parler d’un canon au sens strict du terme. L’arme avait été baptisée Abysse par ses concepteurs, des fabricants d’armes de l’une des nombreuses sectes artisanes de Xia, et fonctionnait selon un procédé obscur incompris par la très grande majorité des Prométhéens. Conçu à partir du mélange de deux technologies de l’univers matoran et d’une autre de Bara-Magna, elle est l’union du lanceur de cristaux d’impact, du canon du jugement - tous deux créés par des vortixx - et de lanceurs de thornaxx modifiés, imprégnés de protodermis énergisé récupéré depuis les comètes provenant des nuages glacés formés lors du Fracassement. Les effets de l’Abysse avaient déjà été testés sur quelques « sujets », mais jamais au cours de véritable bataille ; et Takurak espérait qu’il n’aurait pas à s’en servir avant longtemps, car cela aurait signé la fin de la période de calme relatif qui avait permis à Xia de se relever des récentes attaques qu’elle avait subie.

La coque du Séraphin, quant à elle, dessinait de gracieuses courbes organiques, percée cependant en trois points de flèches gothiques qui s’élevaient vers le ciel, légèrement en biais, juste en avant des réacteurs. Aucun système de camouflage ou de téléportation n’avait cependant été intégré au Cuirassé, dont les armes et défenses étaient bien trop gourmands en énergie pour permettre une telle fantaisie ; des canaux de transfert instantané d’infanterie avaient certes étaient ajoutés à la demande des Spectres, leur permettant de se déployer en tout point du Séraphin et du champ de bataille en cas de besoin, mais les hangars à chasseurs, bombardiers et transporteurs étaient tout à fait classique, seulement protégés par les bouclier du vaisseau ; il serait donc impossible, en cas d’explosion soudaine, de téléporter tous les passagers loin du carnage.

Cependant, les concepteurs du bâtiment avaient construit ce dernier pour que cette éventualité n’arrive jamais - ou du moins avaient-ils essayé, au moins.

Takurak était toujours aux commandes du vaisseau, laissant l’intelligence artificielle guider ce dernier, lorsque de nombreux signaux rouges criards s’affichèrent dans l’espace devant lui, transférés à son esprit via les systèmes du Séraphin. Avant même qu’il n’ait à les lire, l’information avait été traitée et transmise à son système au travers du Trône de commandement et des synapses artificielles.


- Nom de…

Encore eux… et quelques instants seulement après que le Séraphin ait décollé ? Non, cela ne pouvait pas être une coïncidence. Le Seigneur Commandant transmit mentalement ses ordres au Séraphin, qui les traduisit en langage binaire avant de les transmettre aux différents compartiments du Vaisseau-Cathédrale.

Tous les systèmes étaient opérationnels, et il fallait engager l’ennemi sans attendre. L’ordre avait déjà été transmis aux forces présentes sur Bara-Magna de retourner dans l’univers matoran dès que possible pour prêter main forte à Xia. D’autres messages apparurent cependant, faisant entrer Takurak dans une rage noire.

Les ennemis envahissaient déjà la cité industrielle, inondant ses ruelles d’innombrables unités robotisées soutenues par des vaisseaux de guerre, transporteurs lourds et chasseurs légers ; mais ce sort était partagé par Metru-Nui, la cité des légendes, qui venait d’émettre sur ses canaux d’urgence une demande d’aide immédiate face à des légions robotisées et mécanisées qui avaient déjà envahi Po-metru. Takurak cligna des yeux. Pas une seconde ne s’était écoulée depuis l’apparition des premières runes, mais il avait déjà pris sa décision ; son esprit, accéléré de manière exponentielle par la présence omniprésente du Séraphin, progressait à une vitesse qu’il n’avait jusqu’alors jamais connue.


- Féarque, prenez quatre bataillons d’assaut ainsi que deux escouades de Spectres, et allez aider nos camarades la cité des légendes, ils subissent actuellement une attaque de nos ennemis de toujours. Je garde les Séraphin pour tester son arsenal, mais il restera loin du cœur du conflit pour ne pas risquer d’être endommagé avant que nous le maîtrisions parfaitement.

Je vous cède également Ares et Hel ; utilisez-les prudemment, et avec parcimonie. Râ restera à Xia pour protéger les centres de population.

Le Féarque, interloqué, ne comprit pas immédiatement les ordres du Prophète ; en effet, les informations relatives aux attaques simultanées ne lui avaient pas encore été transmises, et même alors il lui faudrait plusieurs minutes pour les analyser de manière optimale.

- Prophète, je…

- Ne discutez pas, vous comprendrez en chemin pour Metru-Nui. Bonne chance.

Espérons seulement que la Confrérie ne tente pas de vous abattre lorsque ses chiens de guerre vous apercevront…
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