[Vallée du Labyrinthe] Entrée du Labyrinthe

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'Rencontre sauvage' :

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Les ouvriers s'étaient reposé toute la journée, qui avait été très chaude. Même certains des vorox qui faisaient partie des fantômes s'étaient cachés dans leur tanière souterraine pour dormir, afin de pouvoir profiter de la fraîcheur de leurs caves. Les travailleurs avaient préféré attendre la nuit, froide mais supportable, avant de reprendre leur labeur. La "coque" de l'avant-poste était totalement terminée, ainsi que le relais de communications. Mais désormais, il fallait installer tous les systèmes sensibles, électriques et autres. Les machines fragiles devaient être placées le plus loin possible des entrées et sorties, afin d'être protégées du sable, de la poussière et des températures extrêmes. Recouvertes par plusieurs couches de films protecteurs, il fallait quand même les remplacer de temps à autre, lorsqu'une tempête de sable non prévue avait éclaté, et endommagé même parfois la structure des bâtiments le plus résistants.

Gladius bâilla, puis se leva. Le Glatorian de vulcanus le secoua et lui signala que c'était son tour de garde. Le skrall regarda à l'horizon: le soleil avait en effet désormais totalement disparu, et se contentait de verdir légèrement le ciel lointain. Le fantôme secoua son armure, poussiéreuse, avant de la remettre. Il vérifia ses équipements, son communicateur, ses munitions, puis sortit de la cachette aménagée. Se trouvant dans une grotte, cachée sous plusieurs centimètres de sables, elle possédait néanmoins un confort relatif, plus que suffisant à la survie d'un guerrier. Gladius referma la trappe menant à la cache derrière lui, la recouvra de sable, puis sortit de la cavité rocheuse. De là où il était, il pouvait observer la quasi-totalité de la vallée. Les éclaireurs avaient mis plusieurs jours à trouver cette cachette, perchée tout en haut d'une montagne érodée par le temps. Mais le point de vue qu'il offrait permettrait au moindre garde de repérer toute force importante en approche à moins d'une trentaine de kios à la ronde. Des dizaines de gardes avaient été placés autour de la vallée. Dotés de gigantesques tambours, ils permettaient de transmettre des messages élémentaires très rapidement, sans que l'ennemi puisse comprendre ce qui se "disait". Grâce à un code analogue au morse, des évènements très différents pouvaient être prévenus. De la tempête de sable à l'invasion, en passant par l'arrivée d'alliés ou de caravanes marchandes. L'état-major des fantômes pouvait être prévenu très rapidement de toute éventualité. Sauf si, comme en cas de tempête majeure ou de puissantes explosions répétées, le bruit des tambours était couvert, ou noyé sous d'autre sons. Mais de tels évènements étaient très rares.

Gladius prit la gourde qui était accrochée à son pack dorsal, et en but deux gorgées. Tout se passait bien pour l'instant. Les fantômes affirmaient leur présence dans la vallée, et les éclaireurs commençaient à partir de plus en plus loin, afin de dessiner des cartes plus complètes et précises de la région. Les rahis dérangeants avaient été chassés ou tués. Le skrall avait récupéré plusieurs peaux de bêtes, ainsi que des griffes, des dents... etc. Il se taillerait peut-être un poignard dans les dents d'un dragon de roche qu'il avait tué, aidé par plusieurs autres fantômes. Mais l'ancien guerrier impérial allait bientôt rencontrer un adversaire bien plus imposant et puissant... son communicateur s'alluma, signalant une communication entrante.

-Recrue Gladius, vous allez rejoindre l'escouade de chasseurs qui va fouiller les canyons de la vallée ! Rendez-vous devant le nouvel avant-poste, dans dix minutes !

Gladius soupira, puis retourna dans la grotte. Il frappa deux fois sur la trappe, qui s'éleva. Le glatorian de vulcanus sortit de la cache, et l'ouverture derrière lui se referma, la trappe tirée par un vorox qui était un vétéran des fantômes des sables. L'ancien mercenaire accompagna le skrall jusqu'à la base avancée, où les chasseurs étaient déjà réunis depuis quelques instants. Leur leader, qui ne recevait d'ordres que d'Ikinat, était un agori surarmé qui ne voyageait que sur son char de combat, tiré par quatre skipits. Il était protégé en permanence par deux glatorians d'Iconox, et était sûrement l'un des meilleurs tireurs d'élite de Bara-magna. Il avait déjà tué plusieurs centaines de rahis, et même quelques baterras. De ces rencontres mortelles, il gardait comme souvenirs des dents et des griffes des créatures qu'il avait tuées. La lance qui lui servait également de bâton de marche avait été taillée dans des os de skopio. Il chuchota quelques choses à se gardes, regardant Gladius d'un air satisfait, puis ordonna à la troupe de partir en direction des canyons rocheux.

Gladius enleva son casque quelques secondes, afin de pouvoir se gratter la nuque. Des petites démangeaisons étaient apparues partout sur son corps, et il n'était pas le seul à être victime de ce symptôme. Plus de la moitié des chasseurs n'arrêtaient pas de se frotter les bras ou les jambes. D'après l'agori qui se tenait sur son char de combat, cela était dû à un champignon qui s'était développé dans les canyons autour du labyrinthe, dont certaines parties restaient en permanence dans l'ombre, et parfois même humides. Les grottes les plus profondes regorgeaient de petites sources d'eau que les fantômes utilisaient lorsqu'elles étaient découvertes. Quand elles restaient cachées, des rahis et une multitude de micro organismes se développaient autour de la moindre trace d'eau, origine de la vie. Le skrall avait déjà d'ailleurs eu à tuer plusieurs de ces créatures, véritables prédateurs mortels lorsqu'on s'approchait trop d'eux. Des dragons, des vers répugnants, des araignées venimeuses...

Le développement de ces champignons étaient donc le cadet de ses soucis, mais il faudrait penser à prendre un bain de sable tout de suite après son retour à la base avancée. Le skrall remit son casque, réactiva les systèmes de visée, puis rangea son épée dans son pack dorsal. Gladius prit ses deux lanceurs de thornax, qu'il avait jumelés afin de pouvoir améliorer leur précision. Il n'avait à appuyer qu'une fois sur la gâchette de tir, et deux projectiles mortels partiraient dans la direction voulue, explosant à l'impact. Rares étaient les créatures qui pouvaient résister à un tel traitement. Le skrall soupira de satisfaction, puis se vit tirer de ses pensées par un grondement. Devant la troupe de chasseurs, le sable se soulevait. Des pointes apparurent, puis une tête, et enfin des pattes énormes. Les chasseurs reculèrent de quelques bios, puis pointèrent tous leurs armes sur l'énorme monstruosité qui allait sûrement les attaquer. Gladius activa son communicateur, puis envoya un message vers la base avancée:

-Skopio à l'est du labyrinthe ! Je répète, skopio à l'est du labyrinthe !

Les ténèbres. L'abysse. Le noir. Plusieurs noms pouvaient qualifiaient l'état dans lequel Gladius se trouvait. Il flottait, comme une plume, dans le néant absolu, ne sentant plus rien. Il n'entendait que le bruit du vent dans le canyon, qui soufflait rageusement et sifflait entre certains des pics rocheux. Le skrall avait envie de rester dans cet état, de dormir encore quelques heures, tranquillement. Mais un léger coup de pied sur son bras le tira de sa rêverie, le ramenant dans le monde réel. D'abord vint la douleur. Le guerrier avait pour ainsi dire mal à tous ses membres, courbaturés et parfois même blessés. Sa jambe était restée coincée un certain temps sous quelque chose de lourd, lorsqu'il essaya de la bouger une douleur fulgurante lui intima de la laisser tranquille pour l'instant.

Gladius ouvrit les yeux, et toussa. Son corps était recouvert de poussière, et un de ses bras était enseveli sous un petit monticule de sable, qui ne résista pas longtemps lorsqu'il se dégagea. Il fallut plusieurs minutes pour que ses yeux s'habituent à la luminosité déjà importante, même dans les crevasses du canyon. Le skrall se releva tout doucement, faisant attention à sa jambe endolorie, qui commençait à se calmer. Celui qui l'avait réveillé - le glatorian de vulcanus, celui qui était toujours collé derrière lui à vérifier ce qu'il faisait - l'aida à se tenir debout quelques instants puis, remarquant que Gladius pouvait marcher, le lâcha doucement. L'ancien mercenaire désigna un tas informe de chair et d'os, qui avait autrefois été... un skopio.

-Vous avez fait du beau boulot. Tuer un monstre de cette taille, ce n'est pas à la portée de tout le monde. Mais vous avez de la chance d'en avoir réchappé. La prochaine fois, attendez les renforts.
-Et les autres ? Où sont-ils ?
-Ils sont tous dispersés dans les canyons, à votre recherche. Je leur ai envoyé un message pour leur dire que je vous avais trouvé, et il ne devraient pas tarder à arriver.
-D'accord... on rentre ?
-Bonne idée - le glatorian prit son communicateur, qui était doté de grosses antennes disgracieuses mais efficaces même en pleine tempête de sable -. A tous les chasseurs, le skrall a été trouvé. Retour à l'avant-poste immédiatement, rassemblement des forces pour la prochaine mission de reconnaissance.

Le guerrier de vulcanus rangea le gros appareil, puis commença à se mettre en route pour la base avancée des fantômes. Gladius, lui, attendit quelques secondes, lui faisant signe de continuer. Il s'approcha de la carcasse de ce qui avait été un dangereux prédateur, et récupéra quelques unes de ses canines proéminentes. Chacune faisait la taille de son avant-bras. Rien à dire, la moindre morsure d'un tel monstre serait mortelle, ne laissant aucune chance à sa proie. Et la bataille de la veille l'avait bien prouvé. Alors que l'énorme créature avait surgi devant eux, sortant du sable, les chasseurs s'étaient tout de suite dispersé, et avaient ouvert le feu sur leur adversaire. Les munitions de thornax avaient presque toutes été utilisées, et les réserves de la moitié des chasseurs étaient désormais vides. Des explosifs artisanaux avaient même été utilisés en dernier recours, lorsque le skopio s'était acharné à avancer malgré ses nombreuses blessures béantes. Le skrall avait été victime d'un tir allié, frappé dans le dos par un tir de fusil de précision à haute vélocité. Volontaire ou non, le projectile avait fait une belle bosse dans son armure, et l'avait assommé sur le coup. Le temps de reprendre ses esprits, la nuit était passée, et l'immense créature avait enfin été abattue. Gladius ferait réparer ses équipements à la base avancée. Après un tel affrontement, il n'y aurait pas de mission pour lui pendant quelques jours.

Le renégat impérial soupira, puis commença à rejoindre l'avant-poste des fantômes. Le labyrinthe était quasiment entièrement sécurisé, désormais. Il ne restait plus qu'à installer quelques pièges dans les canyons, des sentinelles à l'intérieur même de l'étrange édifice, et tout serait prêt pour la suite des plans d'Ikinat. De nombreuses mines commençaient à être exploitées, et assureraient un revenu constant aux fantômes dès que la vallée serait entièrement sécurisée. Le skrall accéléra le pas pour rattraper le glatorian de vulcanus, puis se mit à réfléchir sur la suite des évènements.

Gladius arriva dans la vallée du labyrinthe, toussotant, presque asphyxié par la tempête de sable qui y régnait. Il s'arrêta non loin de l'avant-poste des fantômes des sables, et passa voir l'un des scribes qui s'affairaient à vérifier que tout soit bien ordre. C'étaient eux qui comptabilisaient les sorties et les entrées d'argent, de matériel et de véhicules. C'était également vers eux qu'il fallait faire le rapport des missions - et les pertes qui avaient pu avoir lieu. Aussitôt après que le skrall se fut approché de l'un d'eux, ce dernier lui posa plusieurs questions, comme l'exigeait le protocole...

-Bon, d'abord, comment s'est passé le voyage ?

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