C'était une journée éreintante, une journée où le Soleil tapait plus lourd qu'à l'accoutumée. La chaleur était autant de mains qui venaient vous frapper au niveau de la tête, des mains qui vous enserraient, vous étouffaient, vous suffoquaient. Les guerriers Skralls stationnés sur les abords de la forteresse – de l'ex forteresse – Fantôme se seraient accordés là-dessus. Bien qu'habitués au désert et à sa température toujours très élevée, le bataillon était importuné. Ce n'était pas le sable, ce n'était pas la luminosité de l'astre, haut dans l'azur cruel, ce n'étaient pas les murs brillants du labyrinthe, non, c'était cette touffeur insupportable, cette véhémence insoutenable avec laquelle le monde, ce gigantesque poids, semblait peser sur tout leur corps, leur appuyait sur les poumons. Et de fatigue, et d'ennui, certains gardes s'emportaient, jurant, montrant leur poing à l'astre au sourire insolant, définitivement hors de leur portée, de celles de toutes leurs armes et de toutes leurs menaces. Le désert s'étendait de part et d'autre, infini et brûlé, et au-dessus d'eux pesait ce ciel de plomb. Certains se mirent alors à suffoquer, d'une toux sèche. Leur gorge définitivement bloquée, par leur langue enflée par cette maudite chaleur. Et à leur terreur, même l'eau semblait vouloir aider à resserrer cet étau mortel sur leur gorge ; et rien, aucune aide, aucun de leurs efforts n'y changeaient rien. Un par un, comme des mouches asphyxiés, les gardes suffoquaient, et d'un mal qui pourtant ne devait pas toucher ceux de leur monde. Le ciel était à présent rouge. Et dans l'encadrement de la grande porte de la forteresse, au milieu des suffoqués se tenait un être, drapé de noir. Si la chaleur l'importunait aucunement, il n'en montrait rien, son visage d'une pâleur mortelle complètement fermé. Et ses trois yeux observaient en silence la scène, tandis qu'il avançait, accompagné uniquement du cliquetis de ses chaînes, soulevant là un des soldats tombés, le portant d'un bras bien au-dessus de lui, le tenant tout à fait dans la lumière. Par la gorge. Et la dernière prière, la dernière réclamation d'aide de l'officier qui commandait le bataillon Skrall se terminait, lorsque les chaînes qui enserraient son cou se libéraient.
L'être sortit tranquillement de la forteresse, pourquoi se presser ? Ils étaient déjà tous là, appelant à l'aide, et lui, refermant tranquillement sur ses prisonniers...Son enlacement. Il fit un geste à peine de la main. Et les innombrables bataillons, les croiseurs, tout s'éparpilla alors dans le désert comme une tempête, une tempête Noire. L’Étau mortel.
- L’Étreinte...
Et sans un mot, sans un ordre, la Mort prenait à nouveau son dû, partout. Et au milieu du sable qui tournoyait dans une ultime révolte, au milieu du labyrinthe, au milieu de tout ceci, il observa à nouveau ses chaînes, et les fit cliqueter à nouveau.
-...Du Protectorat...